Dim. 02 Avr. 2017, 08:55
3 El Mariachi Freed Jahirange |
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Nouvelle sortie, nouvelle boutique, et surtout, des murets d'ossements consolidés : à partir du 1er avril 2017, les visiteurs des catacombes bénéficient de la première tranche de rénovation de ce mystérieux musée parisien.
Restauration de murets d'ossements dans les Catacombes de Paris.
Samedi 1er avril, les visiteurs des catacombes vont pouvoir découvrir une nouvelle sortie et une nouvelle boutique au 21 bis avenue René Coty. Des installations réalisées respectivement par l'agence d'architectes Yoonseux et à l'opérateur de librairies Arteum, sous le signe de la lumière, avec la volonté de marquer le retour à la vie après 3/4h de macabre déambulation. C'est l'accueil qui va maintenant être repensé avec un réaménagement du pavillon réalisé par Claude Nicolas Ledoux en 1787, qui jouxte l'accès actuel. Le parcours de la visite a en outre été raccourci et les murets d'ossements partiellement restaurés (lire notre reportage ci-dessous). A noter enfin pour éviter les queues : les catacombes sont désormais ouvertes jusqu'à 20 h 30 et il est possible d'acheter à l'avance des billets coupe-file.
OSSUAIRE."Que d'os, que d'os !" Ce sont des dizaines de milliers d'ossements qui composent, sur plus de 700 mètres de galeries, les célèbres Catacombes de Paris, situées à 20 mètres de profondeur sous le quartier de Denfert-Rochereau, dans le 14e arrondissement. Des "hagues" (haies) – mot d'origine viking – composés uniquement de crânes, de fémurs et de tibias. "C'est ici l'empire des morts", prévient le linteau gravé à l'entrée de ce monde souterrain qui a fasciné Victor Hugo, Alexandre Dumas… et continue d'attirer plus de 500 000 visiteurs chaque année. Une cité peuplée de fantômes dont les Parisiens et les touristes peuvent admirer les murailles macabres depuis plus de deux cents ans (1809), date de son inauguration. "Cet ossuaire est le musée municipal le plus visité de Paris. Il occupe à peine un dixième des 800 hectares de carrières souterraines situées sous la ville et avec lesquelles il est souvent confondu", explique Sylvie Robin, conservatrice en chef du Patrimoine, en charge des Catacombes.
Linteau signalant le premier dépôt d'ossements des Catacombes, celui du cimetière des Innocents, en 1787. © Bernadette Arnaud
RESTAURATION. Deux fois par ans, ses équipes restaurent une partie des murets d'ossements pour entretenir ce fragile édifice pluri-centenaire. C’est en effet en 1786 que la décision fut prise de rassembler les ossements provenant des tombes et des fosses communes dans ces galeries souterraines d’où avaient été extraites, depuis le Moyen Age, les pierres pour bâtir Paris. Il s’agissait alors de faire face à la saturation des cimetières parisiens et aux problèmes d’insalubrité générés par la décomposition des milliers de cadavres inhumés dans les fosses communes. En particulier, celles du cimetière des Innocents, le premier à avoir été évacué, avant d’autres cimetières du centre de Paris.
Site de la "Lampe sépulcrale". Au XIXe siècle, cette lampe à huile servait à provoquer des courants d'air. L'air chaud dégagé par la flamme, provoquait des mouvements d'air dans toutes les galeries. © Bernadette Arnaud
TAUX D'HUMIDITÉ. "Passe-moi un tibia !", réclame tout-à-trac l’un des restaurateurs à son collègue, achevant de remonter l’une des macabres parois. "Ce matériel osseux est très fragile, confie la responsable des lieux. Avec son taux d’humidité trop élevé, le climat de l’ossuaire est en fait assez incompatible avec sa conservation". D’où la mise en place sur l’ensemble des galeries de sous-bassements de pierre pour éviter que les os ne soient en contact direct avec le sol humide. "Nous réalisons aussi un maillage d’ossements qui permet à l’air de circuler entre les vestiges organiques", poursuit la conservatrice. Un "ossuaire dans l’ossuaire" a même été créé pour rassembler les os les plus mal en point.
Concentrés, les restaurateurs sélectionnent soigneusement les fémurs et les crânes qui seront exposés au public selon un alignement reproduit à l’identique depuis les origines du site. Ces murailles dissimulent en arrière-plan la présence de millions d’ossements déposés en vrac sur 3,50 m de profondeur, et des remblais laissés par les carriers "qui occupent en fait la moitié du volume", ajoute Sylvie Robin.
©sciencesetavenir
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