Mar. 19 Juil. 2011, 02:55
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Citation :àgoutiers : dans l'univers des hommes sous la ville
Les égouts de Paris sont entretenus par 350 hommes qui assurent l'assainissement des eaux. Emmanuel Olivard, égoutier depuis dix-sept ans, fait visiter ces galeries et décrit son métier, difficile et peu connu.
Sous les pavés, plutôt que la plage, des galeries. Des milliers de kilomètres d'égouts s'étendent sous les pieds des citadins, reproduisant à l'identique les artères de la ville en surface. à Paris, ce sont 2400 kilomètres de galeries de différentes tailles, soit la distance entre la capitale et Istanbul, qui charrient chaque jour entre 600.000 et 900.000 m3 d'eaux usées, selon la période de l'année.
Emmanuel Olivard, 40 ans, connaît bien ce monde souterrain: depuis dix-sept ans, il fait partie des 350 égoutiers qui nettoient et entretiennent ce réseau souterrain. Depuis neuf ans, il travaille à la Visite publique des égouts, «une sorte de vitrine des égouts, note-t-il. On fait découvrir aux gens, aux écoles, aux touristes, le métier d'égoutier et l'utilité de l'assainissement». Quand le musée ouvre, à 11 heures, une foule de jeunes vacanciers se pressent à l'entrée. L'égoutier se glisse parmi eux, des cartons remplis de carafes d'eau entre les mains. Elles viendront réapprovisionner la boutique du musée, une des missions d'Emmanuel lorsqu'il ne guide pas les visiteurs ou qu'il ne s'occupe pas des comptes du musée.
En 1994, alors qu'il travaille comme éboueur depuis deux ans, Emmanuel Olivard entend parler d'un concours interne pour devenir égoutier.
Attiré par ce métier «peu connu» et moins répétitif que le sien, il se lance dans l'inconnu. «Au départ, j'étais un peu impressionné», reconnaît-t-il. Il commence par le «curage» qui consiste à enlever le sable accumulé dans les galeries. à chaque fois, les égoutiers travaillent par équipe et descendent à tour de rôle dans les galeries. à la surface, un des leurs restent posté comme «garde d'orifice» mais son travail n'est pas moins fatigant: il doit parfois rester en poste plusieurs heures, même en plein hiver. En-dessous, ses collègues se repèrent dans les galeries à l'aide de leurs plans et des plaques affichées sur les parois. Elles indiquent le nom de la rue et mêmes les numéros d'immeubles correspondants.
«Je ne fais pas le métier de tout le monde»
Trois ans plus tard, Emmanuel intègre la «collecte systématique». Son équipe ne nettoie plus les galeries mais y recense sur un ordinateur différents problèmes, comme les fissures et l'ensablement. à charge ensuite aux équipes concernées de les réparer. L'égoutier évoque avec une certaine fierté «l'esprit de solidarité» entre collègues, qui partage un quotidien professionnel difficile. «Je ne fais pas le métier de tout le monde», souligne-t-il en souriant. «Il ne faut pas être claustrophobe, car on travaille quand même dans des sous-sols sombres, ni avoir peur des bêtes qui se promènent, comme les rats, note-t-il. En fait il ne faut pas être trop sensible ». Pas de contrainte sanitaire particulière pour les égoutiers, si ce n'est un vaccin contre la leptospirose, une maladie infectieuse transmise par l'urine de rat. Cet environnement est-il difficile à assumer? «Chacun le vit différemment, mais personnellement j'en parle à des amis et à ma famille qui trouvent ça intéressant. Mais cela me fait rire, car je leur dis souvent de venir, mais ils ne le font pas...», regrette-t-il.
Entre 90.000 et 100.000 personnes descendent pourtant chaque année à la Visite publique des égouts, «un petit succès», se félicite l'égoutier qui y travaille depuis 2002. «Des trois métiers que j'ai exercés, le plus enrichissant est celui que je fais aujourd'hui», admet-il, lui qui apprécie le contact avec le public. Jusque dans les années 1970, les visiteurs pouvaient découvrir ce Paris souterrain en parcourant les collecteurs dans des barques. Désormais, quelques galeries près du pont de l'Alma ont été aménagées pour donner au public un aperçu des égouts de la ville. Le musée, vieillissant, pourrait même faire peau neuve à l'horizon 2015, pour offrir un nouvel éclairage sur ce monde souterrain méconnu.
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Notre nature est dans le mouvement, le repos entier est la mort. (Pascal)