Lun. 13 Nov. 2017, 22:13
(Modification du message : Lun. 13 Nov. 2017, 22:35 par tarabucetta.)
7 Capitaine Caverne elpopo Éos Freed ILOVETP Jahirange Zachariah |
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Alors, oui les photos sont en argentique et je continue toujours de bosser en argentique.
Pour la dangerosité de l'amiante, vu le débat animé je suis tenté de faire une réponse de normand...
C'est un matériau ayant de si nombreuses qualités qu'il en est presque miraculeux. Alors si on l'aborde sous un angle d'une froide analyse "coût/bénéfice", on pourrait continuer à l'utiliser, tout dépend d'où vous mettez le curseur de l'acceptabilité du nombre de morts prématurées.... Cependant, il est bien prouvé que l'amiante tue, sachant qu'en termes de souffrance un mésothéliome de la plèvre (dû dans 85% des cas à une exposition à l'amiante) est probablement l'un des pires.
C'est donc une belle saloperie, dont on mettra plusieurs décennies à se débarrasser (vu que dans les bâtiments existants on préfère souvent la laisser et la recouvrir plutôt que de l'enlever).
Si ça vous intéresse, j'ai un très bon ami qui fait de la recherche sur le sujet, voici un article relativement détaillé : http://lodel.irevues.inist.fr/pollution-...hp?id=2260
(Dim. 12 Nov. 2017, 21:58)Jahirange a écrit :(Dim. 12 Nov. 2017, 17:13)tarabucetta a écrit :Quelle est ton approche de la question ?
En proposant une plongée dans les vestiges de la mine de Canari, témoins d’une tragédie humaine et d’un désastre écologique, ce livre cherche à contribuer au travail de mémoire.
Parce qu’on pourrait dire la même chose des mines de Charbon: désastre écolo, mais à une époque ou on connaissait même pas ce mot.
Désastre humain et sanitaire et là tout le monde avait très rapidement compris partout en Europe pour la dureté du travail et la silicose.
Si l'aventure du charbon a tant détruit le travailleur et enrichi le patronat en massacrant écologiquement la surface au passage, elle est aussi à l'origine de la culture ouvrière, de l'idée de solidarité entre travailleurs et aussi de la fortune des grandes puissances dont nous vivons toujours sur l'héritage (maillage ferroviaire, caisse de mutuelles, état providence etc...) .
Du coup traitrise de l’État (Français comme diraient certains) ou tentative (réussi ou pas, ou mitigée) de développement économique ?
L'approche est simplement de laisser une modeste trace de cette histoire, car à ma connaissance à part le livre, très documenté et pointu de Guy Meria, "L'aventure industrielle de l'amiante en Corse", il n'y a pas d'autres ouvrages sur le sujet. Et quand tu échanges avec ce même Guy Meria qui a perdu des amis, qui s'est battu pour la reconnaissance de la maladie professionnelle des victimes (à partir des années 2000 seuleuement !), pour lutter contre la dérive des stériles en mer qui créent des plages (officiellement sans aucun risque), tu es pris aux tripes.
L'Etat aurait certes pu faire plus pour contraindre les exploitants à appliquer de véritables mesures de protections des employés (les mineurs et autres ouvriers n'étaient pas les seuls exposés), mais de là à parler de traîtrise. Aujourd'hui l'Etat et les Collectivités essaient de protéger voire réhabiliter le site, mais les coûts sont clairement insupportables. Les travaux réalisés en 2009 sont insuffisants et le site est recouvert d'un tas de poussières de plusieurs dizaine de centimètre, au moindre coup de vent (fréquent dans ce coin de la Corse) les taux de fibres par litre battent des records (500 fois le seuil maximal).
Quant au développement économique, cela a été la plus grande usine de Corse, cependant son développement a été favorisé par la seconde guerre mondiale, puis par le recours aux prisonniers de guerre italiens (qui n'ont jamais pu être recensés et donc comptabilisés dans les malades victimes de la mine) qui sont ensuite restés comme employés pour certains, et par des conditions d'exploitation vraiment scandaleuses permettant de réduire les coûts de production.
"Il ne suffit pas d'être heureux : il faut encore que les autres ne le soient pas." Jules Renard