Lun. 28 Jan. 2013, 12:15
3 Estrasse Hag Meve |
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Ça date de 1898.
Rapport présenté par M. Charles Sellier
sur les fouilles exécutées, pour la modification
des égouts de la rive gauche, par
suite du prolongement du chemin de fer
d'Orléans.
« Messieurs,
« Le remaniement des égouts de la rive
gauche, nécessité par le transfert de la gare
d'Orléans de la place Valhubert au quai d'Orsay,
comporte deux opérations principales : la
dérivation du collecteur de Bièvre et la dérivation
du collecteur des quais, formant ensemble
6 lots de travaux.
Le collecteur de Bièvre, qui passait par le
boulevard Saint-Germain, le boulevard Saint-
Michel et les quais de la rive gauche, est dévié,
à partir du boulevard Saint-Germain, par la
rue Saint-Jacques, la rue des Ecoles, la rue de
l'Ecole-de-Médecine, le boulevard Saint-Germain
et la rue de Solférino, jusqu'au quai où
il rejoint son ancien parcours. Cette dérivation
est exécutée entièrement en souterrain et
forme les deux premiers lots de l'ensemble des
travaux.
« Le premier lot comprend la partie dudit
collecteur qui s'étend du quai d'Orsay à la
rue de Rennes et certains ouvrages acces_soires,
notamment la déviation de la galerie des eaux
rencontrée au boulevard Saint-Germain. Les
puits d'attaque de ce lot, au nombre dé deux,
sont situés, l'un sur le boulevard Sainte
Germain via-à-vis du Ministère des Travaux
publics, l'autre contre le jardin de l'Académie
de médecine, près de la rue des Saints-
Pères.
« Le deuxième lot s'étend de la rue de
Rennes au boulevard Saint-Germain vis-à-vis
de la rue Domat et comprend, parmi ses
ouvrages accessoires, un important déversoir
d'orage sous le boulevard Saint-Michel débouchant
en Seine en aval du pont Saint-
Michel. Les puits d'attaque de ce lot sont au
nombre de trois; ils sont situés, le premier
au boulevard Saint-Germain, à côté de la
statue de Broca; le deuxième au boulevard
Saint-Michel, au coin de la rue Pierre-Sarrazin
; le troisième rue Saint-Jacques, entre la
rue des Ecoles et le boulevard Saint-Germain.
« Le collecteur des quais ou collecteur bas,
rive gauche, est d'abord dévié en deux points :
1° aux abords de la place Valhubert pour
passer sous la gare, emprunter la rue des
Messageries et le boulevard de l'Hôpital ;
2° à la rue des Fossés-Saint-Bernard, par
laquelle il vient rejoindre son ancien parcours
des quais. Ces deux déviations constituent le
troisième lot des travaux.
« Parmi les ouvrages accessoires, il faut
citer, en première ligne, les déversoirs d'Austerlitz,
et de Saint-Bernard destinés à évacuer
les eaux d'orage, non seulement du collecteur
des quais, mais aussi du collecteur de Bièvre,
par la rue de Buffon et la rue des Fossés-
Saint-Bernard. Non moins importants sont
les bassins de désablement situés au confluent,
avec le collecteur de Bièvre, rue de Jussieu
pour ce,dernier collecteur, et destinés à remplacer
les bassins de la place Saint-Michel ;
d'autres bassins ont été établis à l'origine de
la rue des Fossés-Saint-Bernard pour le collecteur
des quais.
« Sur tout le parcours de la rue des Fossés-
Saint-Bernard, les travaux ont été exécutés
'
en tranchée; de la rue des Ecoles à la rue des
Fossés-Saint-Bernard, ils ont été faits en souterrain
au moyen de trois puits d'attaque très
peu espacés.
« Enfin, depuis la rue de Pontoise, en suivant
les quais jusqu'à la rue de Bourgogne,
l'ancien collecteur bas est entièrement supprimé
et remplacé par un collecteur neuf destiné
à l'évacuation des eaux de l'îlot compris
entre la Seine et le boulevard Saint-Germain.
Ce nouveau collecteur bas, en quittant les
quais, suit les rues des Grands-Degrés, de la
Bûcherie et de la Huchette, remonte la rue de
la Harpe, redescend le boulevard Saint-Michel,
gagne la place Saint-André-des-Arts par la
rue Saint-Séverin, suit les rues Saint-Andrédes-
Arts et de Buci, bifurque rue de Seine
pour gagner la rue Jacob et suivre la rue de
l'Université jusqu'à la rue de Bourgogne, où
il se raccorde avec l'ancien collecteur de la :
rue de l'Université. Deux déversoirs d'orage
desservent ce collecteur neuf, l'un à la rue Bonaparte,
l'autre à la Concorde. Cette deuxième
partie dé la dérivation du collecteur des quais
constitue les 4e, 5eet 6elots des travaux.
« Sur un parcours d'environ 1,250 mètres,
le 4e lot s'étend de la rue de Bourgogne à la
rue Bonaparte ; il est exécuté entièrement en
souterrain au moyen de .vingt-cinq.puits d'attaque
espacés de 50 mètres d'axe en axe.
« Le 5e lot, qui fait suite au précédent, de
la rue Bonaparte à l'extrémité de la rue de la
Harpe, est aussi exécuté, tout en souterrain ;
il a dix puits d'attaque.
« Le 6elot, qui est en suivant, depuis l'extrémité
de la rue de la Harpe jusqu'au quai
de la Tournelle, est également exécuté en
souterrain, sauf en deux endroits où le travail
a été fait en tranchée : 1° entre la rue Saint-
Julien-le-Pauvre et la rue Lagrange ; 2° entre
la rue Maître-Albert et le quai de la Tournelle.
Quatorze puits d'attaque desservent les
parties en souterrain.
« Le déplacement des collecteurs de la
Bièvre et des quais entraîne en outre : 1° de
nombreuses modifications dans les égouts
existants, notamment des renversements de
pente ; 2° la construction de petits égouts
neufs sur les quais, le long du chemin de fer.
« Enfin, la totalité des travaux énumérés
ci-dessus esf exécutée au compte de la Compagnie
d'Orléans, par les soins du service des
égouts de la Ville de Paris, sous la direction
de M. Bechmann, ingénieur en chef des Ponts
et chaussées, avec le concours de MM. Legouez
et Tur, ingénieurs ordinaires, et de MM. Robin,
Martin Coulomb, Lassalle, Hénault, Lan
et Pérès, conducteurs.
« Les fouilles exécutées pour la modifica-,
tion des égouts de la rive gauche ont amène
déjà quelques découvertes archéologiques
qu'il importe de mentionner, et au sujet desquelles
j'ai l'honneur de vous présenter un
compte rendu au nom de la 2° Sous-commission.
« Sur la partie du 3e lot située aux abords ;
de la place Valhubert, rien. n'a encore été,
signalé. Mais il n'en est pas de même à l'entrée
de la rue des Ecoles, au point même où
la Commission des inscriptions parisiennes a
rappelé, par une inscription lapidaire, le souvenir
de l'ancienne porte Saint-Victor de l'enceinte
de Philippe-Auguste. Là, à 18 m. 30 c.
du pan coupé de l'angle formé par la rue des
Ecoles et la rue, du Cardinal-Lemoine, du côté
des numéros pairs de cette dernière, on a
découvert, dans un sol de remblais et de gravois,
sur 10 m. 50 c. de long et 3 mètres de
large, à 2 m. 75 c. de profondeur au-dessous
du niveau du pavé de la rue des Ecoles, le
sommet d'un massif de pierre de, taille de
moyen appareil, lequel, après avoir été dégagé
jusqu'à sa base de fondation, mesure
5 m. 15 c. de hauteur et porte sur un fond de.
sable. Ce massif est circulaire à ses deux
abouts. Il est certain qu'on est là en présence
d'une des deux piles de fondation de l'ancienne
porte Saint-Victor, représentée jusqu'à
présent en 'plan par
'
une face circulaire du
côté de l'extérieur de la ville, et par une
face rectangulaire du côté de l'intérieur. A
6 mètres en avant de ce massif, vers la rue
de Jussieu, on a rencontré un mur de 2 mètres
d'épaisseur, en pierre de taille de même
appareil, placé transversalement par rapport
à l'axe de la rue, et d'où partait, suivant le
même axe, un autre mur de 1 mètre d'épaisseur,
ainsi que d'autres massifs en suivant de
moindre importance ; le tout arasé à la même
altitude que le massif précédent, mais s'enfonçant
plus bas en terre ; le remblai qui
entourait ces maçonneries subséquentes était
composé de terres vaseuses et infectes, qui
permettent de supposer qu'on se trouve là
dans l'ancien fossé fangeux du rempart.
« C'est là que, dans une ouverture d'environ
0 m. 70 c. de large pratiquée dans ledit
mur de 1 mètre d'épaisseur, à 6 m. 50 c. de
profondeur du sol, et à 7 m. 50 c. du pan
coupé de l'angle de la rue du Cardinal-Lemoine
et de la rue des Ecoles, on a trouvé
une pièce d'artillerie du genre de celles appelées
bombardes déjà en usage au XIVe siècle.
Cet engin mesure 0 m. 60 c. de long et
0 m. 16 c. de diamètre intérieur. Il est formé
de lames de fer ou de tôle jointives, de 0 m.
05 de large, réunies en manière de douves
de tonneau et cerclées par des frettes en fer
plat de 0 m. 035 de large et 0 m. 01 c. d'épaisseur,
alternées de bourrelets en fer demironds
de 0 m. 025 d'épaisseur.
• « Vers le point où la rue des Fossés-Saint-
Bernard vient aboutir à la rue de Jussieu, on
a traversé, à environ 2 mètres au-dessous du
sol actuel, une sorte de dalot en pierre, de
section à peu près carrée, mesurant environ
0 m. 30 c. de côté. Ce dalot se dirige du Nord
vers la Seine : il ne fonctionne plus depuis
bien longtemps assurément.
« A la croisée de la rue Lagrange avec la
rue de la Bûcherie, le nouveau collecteur des
quais traverse presque perpendiculairement
une galerie souterraine voûtée, entièrement
remblayée, mesurant 2 m. 20 c. sous clef,
2 m. 40 c. de largeur et 0 m. 70 d'épaisseur
de piédroits et de voûte. Le sol de cette galerie
est pavé et se trouve à 4 m. 80 c. au-dessous
du niveau dû sol actuel de la rue. Après un
examen attentif dès choses, il est facile
d'admettre que cette galerie a dû autrefois
servir de communication entre les deux bâtiments
annexes de l'Hôtel-Dieu construits en
1758 par l'architecte Saint-Phar, et dont la
majeure partie subsistante borde encore les
deux côté? de la rue de la Bûcherie, En effet,
. les plans de Paris antérieurs au percement de
la rue Lagrange et au déplacement du pont au
Double nous montre que lesdits annexes de
l'Hôtel-Dieu s'étendaient de part et d'autre de
la rue de laBûcherie jusqu'à la rue du Fouarre
et l'ancien pont au Double, c'est-à-dire traversaient
l'emplacement de la rue Lagrange
projetée. 11 n'y a donc rien, d'étonnant à ce
qu'on rencontre aujourd'hui sous celle-ci une
galerie et des caves qui, sous la rue de la
Bûcherie, reliaient jadis. les bâtiments en
question. Onpeut d'autant mieux vérifier notre
assertion en notant que l'axe de la galerie
découverte est à 2 m. 20 c. au delà, en amont,
de l'axe de la rue Lagrange qui lui est presque
parallèle en ce point.
: « Peut-être cette galerie accédait-elle à la
Seine, en aval du pont au Double, pour permettre
aux servantes de l'Hôtel-Dieu d'y aller
laver leur linge.
«Rue de la Bûcherie, à peu près dans l'axe
de cette voie, avant d'atteindre la rue du
Petit-Pont, et à 17 mètres de l'angle de la rue
Saint-Julien-le-Pauvre, la tranchée ouverte
pour le même collecteur a mis à découvert, à
1 m. 50 c. de profondeur, un mur en maçonnerie
de blocage, hourdée en mortier de
chaux et sable, de 3 mètres de hauteur, situé
en plein terrain de remblai et portant quelques
traces d'un enduit assez épais d'un
ciment de tuileau.
« Quelques débris de poteries gallo-romaines,
notamment du genre de eelles appelées
poteries samiennes, ont été trouvés dans le
puits de service de la rue de la Bûcherie, visà-
vis le n° 37.
« Au puits situé rue de la Harpe, au coin de
la rue Saint-Séverin, on a extrait du sol, au
milieu de remblais, à environ 2 m. 50 c. de
profondeur, un chapiteau très fruste, sans
ornements de sculpture, avec deux tambours
de fût de colonne en pierre. Le chapiteau mesure
0 m. 50 c. de côté à son abaque, 0 m.
35 c. de hauteur et 0 m. 35 c. de diamètre
à sa base. Les tambours sont de même diamètre
et ont 0 m. 27 c. et 0 m. 36 c. de-hauteur
l'un et l'autre. Le tout doit provenir
d'une crypte ou d'une cave voûtée en
arête.
« Sur le 5e lot, les découvertes ne sont pas
non plus dépourvues de quelque intérêt. Plusieurs
débris de poteries gallo-romaines ont été
aussi trouvés dans le puits situé à l'extrémité
de la rue de La Harpe, en face des Thermes,
ainsi que dans les puits du boulevard Saint-
Michel, sans compter quantité d'infimes fragments
de pots, vases, lampes, etc., de diverses
époques, les uns datant du moyen âge, et les
autres des temps modernes, la plupart de
forme assez,grossière et sans importance.
« Au puits du boulevard Saint-Michel, à
l'angle de la rue Saint-Séverin, on a trouve
deux petites pièces de monnaie de cuivre dont
l'une est un double tournois à l'effigie et au
nom de François de Bourbon, prince de Conti,
sans millésime, portant au revers les armes
de ce prince : trois fleurs de lis, avec le bâton
péri en bande ; l'autre piécette est un simple
denier où l'on ne distingue plus que le millésime
1634.
« Au puits de la place Saint-André-des-
Arts, à une profondeur moyenne de 1 m. 50 c.
on a rencontré un massif de maçonnerie presque
carré en plan de 1 m. 75 c. de côté et de
2 m. 85 c. de haut qui pourrait bien être la
substruction d'un des piliers de l'ancienne
église Saint-André-des-Arts.
« Plus loin, vers l'entrée de la rue Saint-
André-des-Arts, on a traversé un important
massif de même nature sur 3 mètres d'épaisseur,
2 mètres de hauteur, et a 3 mètres de
profondeur au-dessous du sol.
« Mais la découverte la plus intéressante
faite en ces parages est une pierre sculptée et
peinte paraissant remonter par son style au
XVe siècle. Elle représente un personnage
accroupi, dans l'attitude de la.prière, présentant
sur sa poitrine un écusson dont la pointe
est arrondie, où l'on voit sculptés trois vases à
couvercle, posés 2 et 1. Nous n'avons encore
pu identifier ces armoiries. Il est possible
qu'elles rappellent la famille dont l'un des
membres fut, au XVe siècle, un des bienfaiteurs
de l'église Saint-André-des-Arts, sinon une
confrérie d'artisans ou de marchands qui aurait
pu avoir là sa chapelle.
C'est aussi du puits de la place Saint-Andrédes-
Arts que provient une pièce de monnaie
en alliage de cuivre et d'argent au millésime
de 1577 et aux armes royales de France, qui
n'est autre qu'un douzain du temps de
Henri IH. Le douzain valait douze deniers.
Quelques ossements humains ont été aussi
extraits de la place Saint-André-des-Arts. Ils
proviennent sans aucun doute des caveaux de
sépulture de l'ancienne église.
« Dans la rue. Saint-André-des-Arts, entre
la rue. Mazet et la rue Dauphine, le nouveau
collecteur bas traverse quatre murs de 1 m.
35.c. d'épaisseur pour les trois premiers, et
de 2 m. 05 c. pour le quatrième. Ce dernier
est distant de l'angle de la rue Dauphine de
15 m. 75,c. Lesdits quatre murs, enfin, sont
espacésde 3 m. 25 c. Suivant notre avis, on peut
voir là les substructions du pont-levis, sinon
d'un ouvrage avancé sur le fossé.établi pour
la défense de l'ancienne porte de Buci, dite
aussi porte Saint-Germain, située tout près de
la rue Saint-André-des-Arts, à hauteur de là
rue Contrescarpe (aujourd'hui rue Mazet).
D'ailleurs les terres vaseuses et nauséabondes
au milieu desquelles ces murs ont été rencontrés
annoncent que le fossé de l'ancien rempart
passait là.
« Sur le quatrième lot,,il n'y a presque rien
à signaler, sinon un petit pot en terre, avec
anse, d'environ 0 m. 07 c. de haut sur autant
de diamètre, trouvé à 4 m. 80 c. de profondeur
en terre, rue de l'Université, à l'angle de la
rue du Bac. Cet objet, par sa forme et sa pâte
assez grossière, peut être classé parmi les
poteries du XIVe siècle. Il y en a de semblables
au musée Carnavalet.
« Néanmoins, nous nous garderons de passer
sous silence les débris d'une conduite d'eau
en,bois, rencontrés tout le long de la rue de
l'Université entre la rue de Solférino et la rue
de Beaune. A partir de ce point, l'axe du collecteur
ayant été reporté de l'autre côté de la
rue de l'Université, le prolongement de cette
conduite nous échappe forcément. Lesdits débris
étaient entièrement pourris et tombaient en
poudre ; il n'en restait plus que les cerces de
fer qui en constituaient l'armature. Ces cerces
ont de 22 à 25 centimètres de diamètre.
Quoi qu'il en soit, cette conduite, évidemment
très ancienne, paraît être le prolongement de
celle qu'on voit figurée sur, le plan des eaux,
fontaines et conduites de la ville de Paris
dessiné par l'abbé de La Grive en 1737 pour le
IVe volume du Traité de la Police de Delamarre.
On y, voit, en effet, une conduite
partir de la fontaine de la Charité située rue
Taranne, pour suivre la rue des Saints-Pères
et la rue de l'Université jusqu'au delà de, la
rue du Bac.
« Enfin, les travaux du grand collecteur de
Bièvre ont aussi amené quelques petites découvertes.
D'abord, trois piécettes de cuivre
trouvées au puits situé boulevard Saint-Germain,
en face du ministère des Travaux
publics ; l'une de ces piécettes est un double
tournois aux armes de France du règne.de
Louis XIII; les deux autres sont de simples
deniers dont les faces et les revers sont entièment
effacés par l'oxydation du métal. , .
« Au puits situé sur le même boulevard,
contre le jardin de l'Académie de médecine
actuelle, on a rencontré quantité d'ossements
humains. Il n'y a là rien d'étonnant : ce puits
a été ouvert dans l'ancien emplacement du
cimetière de la chapelle du Saint-Père, qui
servit de lieu de sépulture aux huguenots, à:
la suite de l'édit de Nantes, jusqu'en 1604, et
dont il furent dépossédés cette année-là pour
faire place aux frères de la Charité dits de
Saint-Jean-de-Dieu. On leur concéda en échange
un autre cimetière non loin de là, rue des
Saints-Pères, près la rue Saint-Guillaume.
« Au puits ouvert sur le boulevard Saint-
Michel, à l'angle de la rue Pierre Sarrazin, on
a fait aussi quelques trouvailles, peu importantes,
il est vrai : plusieurs débris de poteries
du moyen âge parmi lesquelles un fragment
de vase vernissé, à reliefs naïfs et frustes, où
l'on remarque néanmoins quelques tentatives
d'émaux, pourrait dater de la Renaissance.
Enfin, un boulet de pierre a été trouvé au
puits Broca ; est-ce un projectile de notre première
artillerie ?
« Tel est, Messieurs, jusqu'à ce jour, en fait
de découvertes archéologiques, le résultat
donné par les fouilles exécutées ces temps
derniers pour la modification des égouts de
la rive gauche.
« Dans un prochain rapport, nous pourrons
sans doute donner une suite aux renseignements
que nous avons l'honneur de vous soumettre
aujourd'hui. Nous pourrons aussi
produire le complément indispensable de ce
travail en présentant un rapport d'ensemble
sur les documents géologiques résultant de
notes journalières recueillies par le service
des Egouts relativement aux diverses natures
du sol parisien traversé et fouillé au cours
des travaux.
« Pour le moment, permettez-moi, Messieurs,
de signaler à votre bienveillante attention
la bonne grâce et l'empressement avec
lesquels MM. les ingénieurs et conducteurs
du service des Egouts se sont mis à la disposition
de la Commission du Vieux Paris pour
faciliter ses recherches et produire toutes les
notes et relevés nécessaires à notre tâche.
« Charles Sellier. »
M. le Président, au nom de la Commission
tout entière, félicite et remercie M. Ch.
Sellier de son intéressant rapport.