Mar. 19 Oct. 2010, 19:41
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Citation :Albanie: dans les tunnels de la "Sigurimi", la police secrète d'Enver Hoxha
De Briseida MEMA (AFP) â Il y a 19 heures
LINZA â La porte métallique se dresse à flanc de montagne et plusieurs minutes sont nécessaires pour l'ouvrir, avant de pénétrer dans un tunnel qui s'enfonce dans la roche; c'est ici que le dictateur albanais Enver Hoxha avait prévu de replier sa police secrète en cas de conflit.
"C'est là qu'auraient siégé le ministère de l'Intérieur et la Sigurimi (la police secrète de l'ère communiste) en cas de guerre", explique à l'AFP Abaz Hysa, du ministère de l'Intérieur.
Le site, situé à Linza, dans la montagne de Dajti, à la périphérie de Tirana, est ouvert pour la première fois à une journaliste.
Tout un monde souterrain s'offre au visiteur sous une lumière crue d'ampoules nues pendant du plafond, avec ses tunnels et ses couloirs et pas moins de 82 salles de réunion ou de travail, des pièces réservées aux transmissions ou aux écoutes.
Des portes métalliques ouvrent sur d'autres galeries interminables. L'ensemble s'étend sur près de deux kilomètres.
Des livres d'instructions techniques, une horloge de fabrication soviétique, des coffres-forts de fabrication chinoise frappés d'une étoile rouge, des lits spartiates rongés par l'humidité, tout respire l'époque o๠l'Albanie vécut totalement coupée du monde (1945-1985).
Des portes correspondent aux différents services du ministère de l'Intérieur de l'époque: le département de la police, celui de la police secrète, du contre-espionnage.
Quelques chiffres fournis par le ministère de l'Intérieur donnent une idée de l'ampleur pharaonique de ce monde souterrain: 8.000 tonnes de béton, 4.000 tonnes d'armatures métalliques, des milliers de mètres cubes dégagés.
Selon les documents de construction des différents tunnels appartenant au ministère de l'Intérieur, auxquels l'AFP a eu accès, les sites étaient censés pouvoir résister à des bombardements ou à des bombes atomiques de 20 kt.
Une entreprise colossale qui n'a jamais servi à rien, tout comme les milliers de bunkers qu'Enver Hoxha avait fait construire pour repousser une invasion qui n'est jamais venue.
"Enver Hoxha disposait pour lui et ses proches de quatre refuges (souterrains) au moins, dont l'un dans la montagne de Krraba, à quelques minutes de la sortie sud de Tirana", explique Kastriot Dervishi, le chef des archives au ministère albanais de l'Intérieur.
La demeure d'Enver Hoxha, dans le centre de Tirana, qui était située à l'époque dans un quartier réservé aux dignitaires et soigneusement coupé du reste de la population, disposait également d'un souterrain.
L'ironie de l'Histoire veut que ce quartier soit devenu aujourd'hui le plus branché de la capitale albanaise, vibrant toute la nuit au son des discothèques et des bars de la jeunesse dorée.
"Il n'existe actuellement aucun plan d'ensemble de l'intégralité du réseau (souterrain) en raison du culte du secret entretenu par les communistes", explique Hajri Lalaj, 72 ans, un ingénieur qui a participé à la construction du tunnel sous la maison d'Enver Hoxha, aujourd'hui résidence gouvernementale.
Une équipe travaillait un mois, explique-t-il, puis partait se reposer, avant d'aller sur un autre site. "Ainsi, personne n'a de vision d'ensemble de ces abris", ajoute M. Lalaj.
Les Albanais s'interrogent aujourd'hui sur ce qu'ils vont faire de tous ces édifices. "Certains pourraient servir de musées, ou alors de champignonnières", estime, à moitié ironique, l'ancien président albanais, Alfred Moisiu, qui se souvient avoir vu aussi une salle souterraine à Babbru, au sud de Tirana, prévue pour réunir les membres du Comité central en cas d'attaque.
"Nous avons des demandes de la part de touristes, surtout des Chinois, mais aussi d'autres intéressés à connaître ce pan de l'Histoire" albanaise, confirme le ministre de la Culture, Ferdinand Xhaferri.
Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservés.
Des volontaires pour un voyage d'étude en Albanie ?
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Time not important. Only life important.
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