Ven. 04 Mars 2005, 15:20
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LE PARISIEN a écrit :DEPUIS TROIS ANS, la carrière du chemin de Port-Mahon nourrit tous les fantasmes. Au coeur d'une intense polémique, cette carrière médiévale classée monument historique en 1994 est surplombée par ce qui reste de la dernière ferme de Paris. Sur cette parcelle, située 26-30, rue de la Tombe-Issoire (XIV e ), la Société française d'études et de réalisations immobilières (Soferim) tente de mener à bien un programme de logements et la restauration de la ferme transformée en établissement public.
Mais ce projet se heurte au refus du permis de construire opposé par la Ville et à l'hostilité d'un collectif d'associations. Ces dernières refusent toute construction sur ce terrain et surtout craignent que les fondations des futurs immeubles n'endommagent irrémédiablement le sous-sol. La Soferim a donc décidé de faire visiter la carrière à la presse, une entreprise de communication 20 mètres sous terre destinée à prouver sa bonne foi dans une affaire qui brouille son image depuis trois ans. La société immobilière a donc dépêché « son » expert indépendant, Albert Pickaert, qui se veut rassurant sur la nature des futurs travaux : « On fait des fondations mais on ne change rien à l'aspect de la carrière. »
Bataille d'experts
Et de dresser un état des lieux peu engageant de ce lieu historique. « Au fil du temps, les fissures se multiplient et la carrière se dégrade. A terme, il y aura danger si on ne fait rien », assure Albert Pickaert. Difficile pourtant de se forger une opinion. Sous le « ciel » (le toit) de la carrière apparaissent en effet quelques fissures dans le calcaire grossier. Un peu plus loin, c'est une dalle qui s'est effondrée sous le poids du sol. « Mais cela ne veut pas dire que la carrière est endommagée ! s'insurge Georges Viaud, le président de la Société d'histoire du XIV e . C'est un mythe qu'exploite le promoteur, ils veulent nous faire croire que la seule façon de réparer la carrière c'est de réaliser leur opération. » Une opération qui consiste justement à percer le sol avec des poteaux de différentes tailles qui soutiendront l'édifice. « Ces poteaux ne descendront pas en plein milieu de la carrière, ils viendront s'appuyer sur des piliers existants », rétorque Christine Phal, porte-parole de la Soferim. Ce que réfute une fois de plus Thomas Dufresne, président du collectif d'associations hostiles au projet : « Si les piliers sont transpercés par une entreprise de travaux, il y aura là un vrai risque d'effondrement, confirmé par Aimé Paquet, notre expert. »
CARRIàRE DE PORT-MAHON (XIV e ), HIER. La Soferim, qui veut construire sur le site, a dépêché un expert pour prouver à la presse que la carrière se dégradait et qu'il fallait intervenir vite. (LP/F.D.)
Frédéric Gouaillard
Le Parisien , vendredi 04 mars 2005