Mer. 12 Jan. 2005, 14:06
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DEPUIS une semaine, les conseils des vingt arrondissements parisiens examinent le volumineux plan local d'urbanisme*. Une somme de plus de 13 kg de papier compressée dans une mallette rouge distribuée aux élus et qui fera l'objet d'une séance spéciale du Conseil de Paris le 31 janvier. Sans attendre, les Verts parisiens, qui dénoncent le « libéralisme » du PLU, font pleuvoir un déluge d'amendements locaux sur les dispositions du futur urbanisme parisien.
« Dans l'Est parisien, l'habitat n'est plus protégé par la réglementation, contrairement au PLU actuel. C'est ainsi le marché qui décidera de la destination habitat ou bureau d'un immeuble », dénonce Jean-François Blet, conseiller de Paris, et délégué à l'urbanisme dans le XIX e , qui estime également que « la réglementation envisagée permet d'accélérer la densification du bâti parisien » et que « le paysage du Paris faubourien est directement menacé ».
Une pluie d'amendements Au terme de minutieux repérages effectués rue par rue dans l'arrondissement, l'élu du XIX e a orchestré avec ses pairs une pluie drue de 500 amendements. La plupart portent sur des renforcements de protection de bâtiments, notamment ceux de faible hauteur, et des demandes de classement de secteurs en zone verte. Au final, ils ont voté contre la déclinaison locale du PLU. « Et nous ferons de même le 31 janvier si rien ne bouge », prévient Jean-François Blet. Dans le XVIII e aussi le vent du boulet Vert a soufflé vendredi dernier : les neuf élus écologistes soutenaient 26 amendements que l'exécutif local (PS), emmené par le maire Daniel Vaillant, a voulu transformer en voeux à soumettre à une commission d'experts. Les Verts ont donc claqué la porte, suivis par les conseillers de droite : « Transmettre des voeux à une commission d'experts revenait à dénier aux élus leur droit de décision et cela aurait renvoyé nos amendements aux calendes grecques », considère Olivier Raynal. Le vote du PLU du XVIII e a été acquis en fin de soirée en mairie, mais sans les Verts ni l'opposition. « Nous doutons qu'il y ait eu alors le quorum, auquel cas, le vote est illégal », dénoncent les écolos qui demandent un second conseil d'arrondissement. Les Verts se sont encore abstenus dans les XX e et XIV e . Dans cet arrondissement, les débats ont duré cinq heures, avec suspension de séance pour permettre aux associations et au public de s'exprimer. Cinquante amendements, essentiellement verts, ont été examinés, surtout orientés vers la baisse du COS et l'abaissement de nombre de bureaux. « Sur ces deux points, il y a eu achoppement, ce qui a motivé l'abstention », précise René Dutrey, premier adjoint Vert. Le conseil du XIV e a finalement adopté des amendements comme la protection de l'ancien atelier d'Alberto Giacometti et de la ferme Montsouris, ou le réaménagement de Maine-Montparnasse et Plaisance - porte de Vanves. Mais la pluie d'amendements n'est pas l'exclusive des Verts ni de la gauche : la droite en présentera de son côté entre 300 et 400. Dans le XV e par exemple, le conseil (à majorité UMP) en a adopté 70. La coordinatrice du PLU pour l'UMP, Claire de Clermont-Tonnerre, est d'ailleurs élue du XV e . « On comprendrait mal qu'avec un tel sujet il soit impossible, le 31 janvier, de discuter chaque amendement », prévient le premier adjoint Philippe Goujon. Au final, la commission d'urbanisme, qui se réunit cet après-midi à l'Hôtel de Ville, s'apprête à crouler sous un record historique de quelque 2 000 amendements formulés par chaque composante politique. De quoi donner d'avance un mal de crâne carabiné aux acteurs du débat du 31 janvier.
* Nouveau plan d'occupation des sols
FERME MONTSOURIS (XIV e ). Parmi les nombreux amendements déposés par les Verts, figure la sauvegarde de cette bâtisse. (LP/M. DE MARTIGNAC.)
M.C.
Le Parisien , mercredi 12 janvier 2005