Jeu. 24 Nov. 2005, 13:47
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SOLOTVINO (AFP)
Avec ses immeubles soviétiques décrépits et les piles d'ordures qui jonchent ses rues, le village de Solotvino, dans l'ouest de l'Ukraine, n'est pas particulièrement engageant. Mais il revendique des résultats exceptionnels dans le traitement des maladies respiratoires, l'asthme en particulier.
Le secret de Solotvino réside à 300 mètres sous terre, dans une mine de sel encore en activité qui sert également d'hôpital pour les troubles respiratoires.
Un hôpital un peu particulier, qui utilise une méthode de soins alternative appelée la spéléothérapie, reposant sur les effets des microclimats propres aux lieux souterrains, mines ou cavernes, ainsi que sur ceux du sel.
La spéléothérapie peut se révéler redoutablement efficace, explique Iaroslav Tchonka, médecin en chef de l'Hôpital allergologique d'Ukraine, basé à Solotvino près de la frontière roumaine, qui l'applique depuis 1976.
"Certains enfants arrivent à se débarrasser de leur asthme au bout d'un ou deux traitements", assure-t-il.
Alors qu'il n'en est qu'au milieu de son premier traitement, Vlad Rybakov, un garçon de 12 ans qui vient d'Odessa (sud) dit qu'il se sent déjà mieux.
"Avant, j'avais des crises et je sentais que je manquais d'air, mais maintenant, c'est fini, et je peux à nouveau courir", se réjouit-il.
La spéléothérapie est utilisée en Europe de l'Est depuis le début du XXe siècle qui a vu l'ouverture du premier centre de soins dans une mine de sel du village polonais de Velicko, près de Cracovie.
Elle repose sur les observations d'un fonctionnaire de la santé polonais qui avait remarqué au milieu du XIXe que les mineurs de sel ne souffraient pas de maladies respiratoires telles que la tuberculose alors très répandue en Europe.
Aujourd'hui, on trouve des sanatoriums utilisant les effets du sel à travers toute l'Europe Centrale et Orientale, mais, situé à 300 mètres sous terre, l'Hôpital allergologique d'Ukraine est le centre de soins de ce type le plus profond du monde.
L'air, d'une température constante de 22 degrés, y est saturé en sel (15 milligrammes par mètre cube) et pratiquement dépourvu de microbes et d'ondes électromagnétiques.
Un traitement dure généralement 24 jours, durant lesquels un patient descend jusqu'à 18 fois dans la mine. Selon les cas, il peut y rester trois heures ou y passer la nuit.
Sous terre, les adultes lisent ou restent étendus sur des lits disposés dans des alcôves creusées dans les galeries, alors que les enfants courent dans la mine jusqu'à ce qu'on les oblige à se coucher pour la sieste.
L'hôpital de Solotvino traite chaque année plus de 5.000 patients, dont les trois quarts bénéficient de soins gratuits dans le cadre de la couverture maladie assurée par l'Etat ukrainien. Les autres paient 22 dollars par jour et il y a une liste d'attente de plusieurs mois.
"Le taux d'efficacité du traitement est de 90% à 95% pour les enfants, et de 80% à 85% pour les adultes", affirme M. Tchonka.
"C'est mon troisième jour ici, et après mon premier jour, je n'avais déjà plus besoin de me servir de mon inhalateur", explique Sergueà¯, un homme d'affaires moscovite de 45 ans, alors qu'il attend l'ascenseur pour descendre dans la mine.
Le processus de soins, parfois rapide pour les enfants, peut cependant se révéler long pour les adultes.
"C'est ma sixième année ici. Après le traitement, je me sens beaucoup mieux, mais au bout d'un an, j'ai besoin de revenir", explique Serhi Savtchouk, un homme de 48 ans venant de la ville de Kirovograd (centre de l'Ukraine), qui souffre de bronchite chronique.
© AFP.