Mer. 15 Oct. 2003, 08:10
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Citation :Des artistes font revivre des bunkers berlinois de la dernière guerre
BERLIN, 15 oct (AFP) -
Dans l'obscurité, le froid et l'humidité d'un bunker de la Deuxième guerre mondiale à Berlin, une exposition "paradisiaque", visible jusqu'à fin octobre, met en lumière 150 artistes européens et américains.
Nina et Torsten Roemer figurent parmi le nombre croissant d'artistes allemands intéressés par l'utilisation des vestiges de la guerre, tel ce bunker de l'Alexanderplatz, la place centrale de l'ancien Berlin-est, qui abrite "le projet paradisiaque", titre de l'expo.
Les organisateurs ont choisi le sous-sol à trois niveaux de ce blockhaus qui a servi d'abri antiaérien pendant la seconde guerre mondiale, en raison de l'"ambiance spéciale" qui y règne. "Il existe un grand contraste entre le paradis et ce bunker, entre la paix, la créativité et l'art", explique Nina Roemer.
"On ne rencontre pas d'espace propre, blanc ou assaini, mais une atmosphère et une claustrophobie qui intensifient l'art et la tension dans l'art", juge l'artiste, dans ces murs conçus pour abriter 4.500 personnes.
Vidéos, sculptures, peintures, photographies et installations diverses attendent le visiteur au détour des couloirs.
Seule une cinquantaine des quelque 1.000 bunkers de Berlin pendant la Deuxième guerre mondiale sont encore accessible aujourd'hui.
Certains urbanistes et habitants jugent ces abris en béton massif peu attrayants mais leur démolition coà»te très cher, explique Leo Schmidt, professeur d'architecture à l'université de Cottbus (est). Des habitants essayent donc de trouver des moyens de faire vivre ces bâtiments, ajoute l'enseignant.
"Il est intéressant de voir ce qu'on peut faire d'autre avec ces abris", juge M. Schmidt. "La préservation des sites ne doit pas se limiter aux belles églises gothiques ou aux châteaux. Ces bunkers sont significatifs: ils parlent de nous, des problèmes de notre passé et de l'impact de celui-ci", explique le professeur.
Non loin de là , à proximité du quartier gouvernemental de la capitale allemande, des bulldozers évacuent les décombres d'un bunker de 18 mètres de haut, dont les murs ont une épaisseur de deux mètres.
Le propriétaire de ce blockhaus datant de 1942 l'a acheté il y a six mois à la Sarl allemande Nippon Development Corporation. Christian Boros, un homme d'affaires et designer de Wupperthal (ouest), entend l'utiliser pour construire un centre d'exposition public pour ses collections d'art contemporain et un appartement de grand standing sur le toit du bâtiment.
"Ce bunker a plusieurs histoires: une pendant le troisième Reich, une autre durant la République démocratique allemande (RDA) et une troisième après la réunification" (allemande en 1990), observe le designer.
"Ce sont ces histoires qui donnent une formidable dynamique à ce bunker et c'est la raison pour laquelle je l'ai acheté", confie le propriétaire.
Dans les années 1990, cet abri anti-aérien était une discothèque de musique techno et un point de rencontre très connu des amateurs de la Love Parade, l'un des plus grands rassemblements de musique techno au monde, chaque été à Berlin.
Il y a un an, le bunker de Christian Boros était transformé en un centre d'art pour des artistes de Berlin, Prague et New York.
Cependant, il n'est pas facile d'obtenir le droit d'utiliser un bunker, constate le dirigeant d'un centre de recherche et de documentation sur les structures souterraines de Berlin, Dieter Arnold. Il a apporté son aide aux organisateurs de l'exposition "le projet paradisiaque" pour qu'ils obtiennent le feu vert des autorités.
lafouine
http://www.cyberkata.org/
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