Jeu. 04 Sep 2003, 13:19
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Une PME iséroise réalise des équipements de sécurité pour l'alpinisme,
l'escalade ou la spéléologie. Un succès international
Son métier : la verticalité. L'entreprise Petzl conçoit des équipements
qui
permettent à l'homme d'évoluer dans des espaces qui lui étaient
jusque-là
interdits, faute d'aile, de fil d'araignée ou de griffes acérées. Le
groupe
commercialise des produits de protection et de progression sur parois,
tels
que des casques, des harnais, des mousquetons, des lampes frontales,
pour
des sports comme l'alpinisme, la spéléologie ou encore des parcours
acrobatiques dans les arbres.
Ces disciplines rencontrent un succès grandissant auprès du public, avec
des
équipements qui rendent aujourd'hui possible une pratique de masse. Le
groupe, basé à Crolles (Isère), a ainsi opportunément su répondre au
penchant naturel de l'homme à explorer des chemins jusque-là inviolés et
aux
nouveaux loisirs émergeants.
Disparu il y a plusieurs semaines, Fernand Petzl est le fondateur de la
société. Modeleur-mécanicien de formation, ce mordu de spéléo invente,
dans
les années 1930, les premiers descendeurs, puis des systèmes de blocage
pour
évoluer dans des cavités. «Avant, on utilisait des échelles», rappelle
Antoine Haincourt, le directeur de la communication.
Cet artisan de la montagne travaille alors seul, dans son atelier de
Saint-Nazaire-les-Eymes, à quelques kilomètres de Grenoble. Ses fils
assurent le développement de l'affaire, avec quelques salariés.
De la spéléo à l'alpinisme, des torrents à la cime des arbres
C'est alors que l'entreprise va profiter de l'engouement pour la
pratique
sportive, l'apparition de nouveaux loisirs et la médiatisation de la
performance. Les alpinistes, de plus en plus nombreux, s'intéressent de
près
à ce nouvel équipement de spéléo, réalisant qu'il peut leur permettre de
mener seuls leur expédition.
Dans les années 1980, la pratique de l'escalade suscite un nouvel
engouement, l'activité s'échappe de Chamonix pour gagner de nombreux
sites
de montagne et conquérir même les villes o๠s'érigent des murs de
grimpe.
Puis apparaissent le canyoning et les parcours acrobatiques dans les
arbres.
Au cours des années 1990, la société opère ainsi une ouverture réussie
vers
le monde de l'industrie et investit la sécurité professionnelle. «Nous
assurons les gens qui travaillent dans le bâtiment, l'électricité, la
radiotéléphonie, l'élagage des arbres, énumère le directeur de la
communication. Il y a une dizaine d'années, les entreprises faisaient
intervenir des guides d'escalade pour des travaux à l'accès difficile,
comme
le contrôle de cheminées d'usine. Or ces derniers venaient avec leur
matériel de sport. Nous avons amélioré nos produits de façon à octroyer
plus
de confort, pour des temps de suspension plus longs.»
Cette diversification des activités met l'entreprise à l'abri des
variations
saisonnières. Chaque mois correspond à un éventail de loisirs et
certains,
comme l'escalade, peuvent même être pratiqués toute l'année en salle. 80
%
des ventes sont désormais réalisées à l'étranger, dans près de 40 pays,
notamment en Amérique du Nord. Ainsi, Petzl est présent partout o๠un
soleil
radieux permet des loisirs de plein air. Et de fait, la société semble
couler des jours heureux : elle n'a flirté avec la morosité économique
qu'entre octobre 2002 et mars 2003. «Depuis quelques mois, c'est
reparti»,
se félicite même Antoine Haincourt.
Le groupe, au chiffre d'affaires de 60 millions d'euros, emploie 275
personnes en France et 40 aux àtats-Unis, dans sa filière de
distribution.
Pour autant, certaines poursuites judiciaires engagées par des clients
malheureux sont là pour rappeler à l'entreprise qu'elle évolue dans un
univers touchant au risque, donc à la vie, ce qui lui confère des
responsabilités particulières.
Aux àtats-Unis, Petzl a ainsi fait les frais de plusieurs procès. «Nous
avons toujours eu gain de cause, un vice d'utilisation était le plus
souvent
constaté», souligne le directeur de la communication, qui analyse ces
événements comme une inclination de la société «à vouloir plus de
sécurité,
sur les routes, dans les assiettes, sur la plage ou sur les lieux de
travail, et qui aspire au risque zéro, même sur les falaises».
Résultat, certaines disciplines périlleuses sont à présent rendues
accessibles au plus grand nombre, alors que, dans le même temps, elles
attirent souvent des publics qui pèchent par méconnaissance du danger ou
par
manque de condition physique.
La possession d'un équipement de haut niveau peut donner un faux
sentiment
de sécurité et entraîner, malheureusement, un relâchement de
l'attention.
«Nous avons fait le choix de ne jamais dédramatiser un sport et ses
risques.
Nos notices, très développées, mettent en garde contre des comportements
et
des gestes irresponsables», insiste le directeur de la communication.
Fabien FOURNIER, à Lyon
LA CROIX
17-08-2003
Fabienne
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alias Florence pour les intime ;.)
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alias Florence pour les intime ;.)