Mar. 13 Mai 2003, 09:16
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swissinfo 11 mai 2003 15:07
La Tour Eiffel, lâArc de Triomphe, le Louvre. Oui, mais avant? La Conciergerie, lâHôtel de Sens, Notre-Dame? Oui, mais avant? Les thermes de Cluny et les Arènes de Lutèce, répondront peut-être ceux qui sont sortis des circuits fléchés.
Oui, mais encore avant? Et bien pas grand chose à se mettre sous la dent à Paris-même. Le Musée Carnavalet ne consacre quâune salle à lâarchéologie de la ville.
Câest pourtant dans ce haut-lieu de lâhistoire de la capitale française que le Laténium est aller puiser les 160 objets qui composent son exposition. Car dans les sous-sols du Musée Carnavalet, ce sont environ 16.000 pièces qui reposent hors de la vue du public.
Des liens qui parcourent les siècles
Le Laténium doit son nom et son existence à la civilisation de La Tène, sur les rives du Lac de Neuchâtel. Un ancrage par conséquent profondément local. Mais pour sa première exposition provisoire, il sâagissait de jouer la carte de lâouverture.
«Nous avons choisi un sujet choc, international, car nous voulions frapper fort. Et comme nous avions de très bons contacts avec le conservateur du Musée Carnavalet, nous avons décidé de faire quelque chose ensemble», commente Denis Ramseyer, conservateur adjoint du Laténium, commissaire de lâexposition.
Pour le Conservateur en chef du Patrimoine de la Ville de Paris, Philippe Velay, les relations avec Neuchâtel sont doubles: «Dâune part, câest la relation professionnelle et amicale qui sâest établie depuis plusieurs années».
«Dâautre part, le fait que Neuchâtel a un lac et Paris un fleuve. Il y a donc ce lien: comment lâhomme a-t-il pu sâinstaller, travailler, évoluer dans deux contextes qui peuvent être rapprochés à cause de lâélément aquatique».
Le parallèle est souligné dès le début de lâexposition: à des pièces paléolithiques neuchâteloises répondent les mêmes pièces en provenance de Paris. Car à lâépoque déjà , on commerçait: certains silex neuchâtelois proviennent du bassin parisien et des objets façonnés à partir de minéraux de la région ont été retrouvés à Parisâ¦
Plus récemment, câest un magnifique arc en bois néolithique, trouvé en 1990 sur le site de Bercy, qui a été envoyé à Neuchâtel pour que le travail nécessaire à la conservation y soit effectué.
Lâexposition, de taille assez modeste, commence il y a environ 400.000 ans, avec les premiers bifaces en pierre taillée. A lâépoque, le bassin parisien était recouvert de steppe. Mammouths et rhinocéros laineux occupaient les lieuxâ¦
On passe ensuite à la période néolithique, les premiers villages. Pierre polie, puis lâàge des métaux, avec notamment un superbe «Parisi», une pièce de monnaie en or retrouvée lors dâun dragage de la Seine.
Rome est évoquée au travers de quelques pièces monumentales, notamment un morceau dâarc de triomphe - bien plus vénérable que celui de lâEtoile. A travers quelques verreries aussi, ou le masque mortuaire dâun bébé.
Lâorfèvrerie des Mérovingiens conclut le parcours, car les organisateurs ont décidé de sâarrêter à lâannée 508, celle o๠Clovis a décidé de faire de Paris sa capitale.
Au vu des pièces présentées, il est aisé pour Michel Egloff, le maître des lieux, de rappeler la devise du Laténium: âDu savoir et du rêveâ. «Nous revendiquons le droit dâapprendre, mais aussi le droit de rêver face à des objets incroyablement beaux: on nâavait pas encore inventé lâobjet laid, en ces temps-là », ajoute-t-il.
Le vide parisien
Lâexposition «Aux origines de Paris» mettra un peu de baume sur le cÅur de Philippe Velay, également chargé des collections archéologiques au Musée Carnavalet. Lequel, rappelons-le, ne propose quâune seule salle consacrée aux objets archéologiques.
«Câest inimaginable, mais câest ainsi: la capitale de la France nâa jamais eu son musée archéologique», constate-t-il. Question notamment de guéguerre entre institutions et de prérogatives diversesâ¦
Ainsi les objets découverts lors des fouilles du Louvre nâont-ils jamais trouvé le chemin de Carnavalet. Et lorsquâun site néolithique a été mis à jour à Bercy, le projet dâun musée a bel et bien été envisagé, mais nâa pas abouti.
Pour lâheure, à Paris, reste donc à lâamateur de très vieilles pierres à aller sâasseoir sur les gradins des Arènes de Lutèce. A regarder les mômes qui y jouent. Et à laisser un peu vagabonder son imagination.
swissinfo, Bernard Léchot
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