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Le Laténium expose Paris avant Paris

swissinfo 11 mai 2003 15:07

La Tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, le Louvre. Oui, mais avant? La Conciergerie, l’Hôtel de Sens, Notre-Dame? Oui, mais avant? Les thermes de Cluny et les Arènes de Lutèce, répondront peut-être ceux qui sont sortis des circuits fléchés.

Oui, mais encore avant? Et bien pas grand chose à  se mettre sous la dent à  Paris-même. Le Musée Carnavalet ne consacre qu’une salle à  l’archéologie de la ville.

C’est pourtant dans ce haut-lieu de l’histoire de la capitale française que le Laténium est aller puiser les 160 objets qui composent son exposition. Car dans les sous-sols du Musée Carnavalet, ce sont environ 16.000 pièces qui reposent hors de la vue du public.

Des liens qui parcourent les siècles

Le Laténium doit son nom et son existence à  la civilisation de La Tène, sur les rives du Lac de Neuchâtel. Un ancrage par conséquent profondément local. Mais pour sa première exposition provisoire, il s’agissait de jouer la carte de l’ouverture.

«Nous avons choisi un sujet choc, international, car nous voulions frapper fort. Et comme nous avions de très bons contacts avec le conservateur du Musée Carnavalet, nous avons décidé de faire quelque chose ensemble», commente Denis Ramseyer, conservateur adjoint du Laténium, commissaire de l’exposition.

Pour le Conservateur en chef du Patrimoine de la Ville de Paris, Philippe Velay, les relations avec Neuchâtel sont doubles: «D’une part, c’est la relation professionnelle et amicale qui s’est établie depuis plusieurs années».

«D’autre part, le fait que Neuchâtel a un lac et Paris un fleuve. Il y a donc ce lien: comment l’homme a-t-il pu s’installer, travailler, évoluer dans deux contextes qui peuvent être rapprochés à  cause de l’élément aquatique».

Le parallèle est souligné dès le début de l’exposition: à  des pièces paléolithiques neuchâteloises répondent les mêmes pièces en provenance de Paris. Car à  l’époque déjà , on commerçait: certains silex neuchâtelois proviennent du bassin parisien et des objets façonnés à  partir de minéraux de la région ont été retrouvés à  Paris…

Plus récemment, c’est un magnifique arc en bois néolithique, trouvé en 1990 sur le site de Bercy, qui a été envoyé à  Neuchâtel pour que le travail nécessaire à  la conservation y soit effectué.


L’exposition, de taille assez modeste, commence il y a environ 400.000 ans, avec les premiers bifaces en pierre taillée. A l’époque, le bassin parisien était recouvert de steppe. Mammouths et rhinocéros laineux occupaient les lieux…

On passe ensuite à  la période néolithique, les premiers villages. Pierre polie, puis l’à‚ge des métaux, avec notamment un superbe «Parisi», une pièce de monnaie en or retrouvée lors d’un dragage de la Seine.

Rome est évoquée au travers de quelques pièces monumentales, notamment un morceau d’arc de triomphe - bien plus vénérable que celui de l’Etoile. A travers quelques verreries aussi, ou le masque mortuaire d’un bébé.

L’orfèvrerie des Mérovingiens conclut le parcours, car les organisateurs ont décidé de s’arrêter à  l’année 508, celle o๠Clovis a décidé de faire de Paris sa capitale.

Au vu des pièces présentées, il est aisé pour Michel Egloff, le maître des lieux, de rappeler la devise du Laténium: ’Du savoir et du rêve’. «Nous revendiquons le droit d’apprendre, mais aussi le droit de rêver face à  des objets incroyablement beaux: on n’avait pas encore inventé l’objet laid, en ces temps-là Â», ajoute-t-il.

Le vide parisien

L’exposition «Aux origines de Paris» mettra un peu de baume sur le cœur de Philippe Velay, également chargé des collections archéologiques au Musée Carnavalet. Lequel, rappelons-le, ne propose qu’une seule salle consacrée aux objets archéologiques.

«C’est inimaginable, mais c’est ainsi: la capitale de la France n’a jamais eu son musée archéologique», constate-t-il. Question notamment de guéguerre entre institutions et de prérogatives diverses…

Ainsi les objets découverts lors des fouilles du Louvre n’ont-ils jamais trouvé le chemin de Carnavalet. Et lorsqu’un site néolithique a été mis à  jour à  Bercy, le projet d’un musée a bel et bien été envisagé, mais n’a pas abouti.

Pour l’heure, à  Paris, reste donc à  l’amateur de très vieilles pierres à  aller s’asseoir sur les gradins des Arènes de Lutèce. A regarder les mômes qui y jouent. Et à  laisser un peu vagabonder son imagination.

swissinfo, Bernard Léchot

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