Mer. 15 Juin 2005, 00:18
0 | 0 | ||
lebleuduciel - photographie contemporaine
10 bis, rue de Cuire, 69004 Lyon
France
Tél: 0472078431
âºPanoptique/les hurleursâ¹
Mathieu Pernot
Du 9 juin au 16 juillet 2005
PS : ça sera autre chose que le texte qui suit mais ça vous donnera une indication sur son travail...
Citation :Mathieu Pernot poursuit, avec calme, rigueur et détermination son exploration à la fois de la mémoire, de la société et de la photographie. Mémoire lézardée de la ville transformée avec une violence qui ne peut que durement toucher les habitants que lâon ne voit jamais : des barres dâimmeubles des années soixante et soixante-dix sâécroulent, dérisoires dans des âImplosionsâ dont le noir et blanc accompagne leur transformation en nuage de poussière. Ou bien, en couleurs, des intérieurs dâappartements voués à la démolition dans le âBarrio Chinoâ de Barcelone radicalement âassainiâ. Traces de vies, mémoire portée par les seuls objets abandonnés dans une fuite non voulue. Et, à lâextérieur, à partir toujours du même point de vue, la chronique dans le temps de la destruction et de la transformation de lâespace urbain.
Il y a de la cohérence entre une société qui conçoit les lieux carcéraux pour voir sans être vu et la conception tour à tour âhygiéniqueâ et décorative de lâespace public : des cours, des couloirs, des portes de cellules, des grilles, pour un âPanoptiqueâ explorant lâorganisation de la prison après une lecture sérieuse du âSurveiller et Punirâ de Michel Foucault. Les deux se rencontrent quand les âHurleursâ, en couleurs, tentent de communiquer à partir de lâextérieur de la prison avec des membres de leur famille incarcérés. Tout cela, sans aucun effet de style, sans aucun bavardage, sans image inutile, dans le choix dâaxes directs qui revendiquent le style documentaire le plus pur et le plus contemporain. En évitant de se laisser aller à des modalités tapageuses de la dénonciation, en sâen tenant au constat de ce qui fut, Mathieu Pernot dresse un réquisitoire terrible et exemplaire.
Ce faisant, il affirme lâefficacité, aujourdâhui, dâune photographie acceptée dâabord comme document et désigne implicitement les dérives séduisantes et finalement vaines de certaines approches contemporaines. Chez lui, avant la photographie, il y a toujours une analyse précise, une pensée à lâoeuvre et quâil met en pratique pour la rendre lisible. Dans la Grèce antique politikos sâappliquait à tout ce qui concernait la vie de la cité. Câest en ce sens - et en incluant la question de la fonction des images à lâanalyse globale - que la photographie de Mathieu Pernot est, vraiment, politique. Christian Caujolle