Ven. 14 Sep 2007, 10:42
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Des restaurateurs clandestins au Quartier latin
Pour eux, les Journées du patrimoine, c'est toutes les nuits. Les « explorateurs urbains » sont une poignée d'oiseaux nocturnes, dont le Quartier latin est le terrain de jeu. Leur dernier fait d'armes - le seul qui soit public - est la restauration clandestine de l'horloge du Panthéon.
Un « chantier » d'un an, achevé en septembre 2006. Lazar Kunstmann, le porte-parole du groupe, qui s'est surnommé les Unter Gunther, livre les coulisses de leur atelier : « JB, l'horloger, savait que cet objet, une Weber 1850, risquait d'être définitivement dégradée par la corrosion si nous n'intervenions pas urgemment. » Dès que le monument est fermé au public, ils pénètrent avec leur matériel, des caisses en bois contenant des fauteuils démontables, de l'éclairage et de quoi s'amuser. Fouillent la bibliothèque, et des mois durant, frottent, poncent, réparent... « Un travail fastidieux », convient-il.
Jamais leur intrusion n'a été remarquée. Mais une fois l'horloge réparée, les restaurateurs clandestins ont fait visiter à l'administrateur leur antre, au pied du dôme. « Le mécanisme fonctionne, il n'y a plus qu'à le relier au cadran », lui font-ils savoir. Ce qui ne fut jamais fait. « L'administration savait à peine que cet objet existait », déplore Lazar. Mais, paniquée, elle a engagé des poursuites judiciaires pour « violation de domicile ». « Si on était condamnés pour restauration de patrimoine, ça pointerait l'incurie des Monuments historiques », s'amuse Lazar. Et de dénoncer une patrie « méprisante avec les grands hommes ».
Sophie Caillat - ©2007 20 minutes
20 Minutes, éditions du 14/09/2007 - 08h15