Message copié du groupe Petite Ceinture de Paris, sur Fessebouk, pour ceusses qui n'y sont pas :
Le Conseil d’arrondissement du 18ème arrondissement dit NON à une Société par Action Simplifiée pour la Petite Ceinture ferroviaire de Paris et à la « mise en valeur » de quelques bâtiments. Cela présage d’un rejet quasi assuré au prochain Conseil de Paris (24 au 27/09/18).
Lundi 10 septembre 2018 à 19h00, le conseil municipal du 18ème n’a pas réussi à réunir une majorité suffisante sur la résolution visant à créer une SAS entre la ville de Paris et SNCF-Réseau, en vue du développement de la Petite Ceinture et de la valorisation de certaines dépendances du domaine ferroviaire : 19 voix pour (les socialistes et apparentés, 1 Macroniste), 2 abstentions (Macronistes) et 21 contre (Opposition de Droite et du Centre LR-CI, Écologistes, PCF-Front de Gauche).
Cette longue Délibération de 12 pages a d’abord été très succinctement présentée par la rapporteure Carine ROLLAND, 1ère Adjointe au Maire du 18ème chargée des affaires générales, de la culture et du patrimoine. Après avoir souligné que la complexité et la longueur de la délibération aurait pu dissuader certains Conseillers de la lire et sans donner aucun détail sur les bâtiments concernés (dont aucun dans le 18ème), sur les prévisions de budgets ou sur les missions précises de la SAS, Carine ROLLAND a juste signalé que celle-ci devait réunir pour moitié 2 actionnaires (la ville de Paris et SNCF-Réseau) et serait « nécessairement rentable » avec un actionnariat « limité » à 3,35 Millions d’Euros (1,675 ME d’apport initial de chaque actionnaire). Carine Rolland avait introduit son propos en expliquant que la « reconquête de la Petite Ceinture » était retardée dans le 18ème car le projet n’était « pas tout à fait conclu dans le 18ème à cause de la proximité du réseau Nord » mais qu’une « convention temporaire » serait « prochainement réalisée ». Carine Rolland voulait sans doute dire qu’aucune convention de superposition d’affectation n’avait été signée entre la ville et la SNCF comme cela a été le cas sur la Petite Ceinture Sud, Ouest et Est dans les 12, 13, 14, 15, 17, 19 et 20èmes arrondissements.
Intervint alors Laurent QUEINNEC pour le groupe LR-CI qui qualifia la SAS « véhicule juridique problématique » avec « un risque d’éloigner le projet des élus et des habitants » en expliquant « qu’avec cette SAS, on pouvait douter de la réappropriation de la Petite Ceinture par les parisiens ». Il rappela que « juridiquement, un décret en Conseil d’État était nécessaire pour que la ville participe à une structure commerciale » et que « vu les récents déboires juridiques de la ville », le doute était permis. Il conclut enfin sur un regret : « dommage que ce projet n’ait pas fait partie de la convention signée entre SNCF et ville de Paris » (le protocole cadre signé en 2015) ajoutant avec humour et pertinence : « à moins que l’objectif de la SAS soit de retirer des budgets de communication et de personnels des budgets de la ville de Paris. »
Le Maire Adjoint en charge des Espaces Verts, Philippe DURAND, intervint ensuite pour le compte du groupe écologiste en demandant « un retrait de la résolution » car son objectif était « différent de l’objectif initial de rendre la Petite Ceinture aux parisiens » mais correspondait à « une marchandisation et à une rentabilisation de la Petite Ceinture. » Pour lui l’objet de cette SAS vise à « trouver de l’argent pour la Petite Ceinture qui deviendrait ainsi un objet de commerce et de rentabilité économique. »
Les débats se conclurent par l’intervention du groupe PCF-Front de Gauche avec Gérald BRIANT qui souligna son accord avec la Droite en demandant que soit organisée « une large consultation » car « d’autres solutions sont possibles » insistant sur le fait que la SAS visait à mieux communiquer sur la Petite Ceinture : « Vendre Paris, on sait faire » conclut-il paradoxalement.
Eric Lejoindre, le Maire du 18ème, reprit la parole pour conclure qu’il fallait « voter afin de ne pas perdre de temps », avant de faire procéder au vote.
Etrangement, le décompte précis des voix ne fut pas proclamé juste après le vote à mains levées, mais après une bonne demi-heure pendant laquelle furent débattues et approuvées diverses subventions culturelles. Le résultat rejetant à 2 voix près le projet a semblé contenter les opposants sans déclencher l’étonnement de l’exécutif municipal.
Notons simplement que la 2018 SG 43 est la seule résolution à ne pas avoir été adoptée.
À travers cet épisode vécu dans le 18ème et dans l’attente des votes des autres arrondissements concernés (12, 13, 14, 15, 16, 17, 18 et 19èmes) où risque de se reproduire la même opposition (19 et 20èmes arrondissements), même si ces votes ne sont que consultatifs, on peut sérieusement imaginer que la délibération 2018 SG 43 risque d’être retoquée au Conseil de Paris de fin septembre 2018 car sans les Verts, les Communistes-Front de Gauche et les Macronistes, il n’y aura pas de majorité municipale pour mettre en place un tel projet.
Et évidemment, l’opposition municipale ne saurait faire cadeau à la Mairie de Paris d’un outil supplémentaire dans sa communication en prenant le risque de s’associer à un projet de société commerciale visant à vendre l’image de la Petite Ceinture et à rentabiliser une vingtaine de sites assez vétustes qui ont de sérieux besoins de rénovation (d’ailleurs évalués à plus de 25 Millions d’euros). Et cela sans que ne soient réglés les graves problèmes de sécurité, de nuisances, d’incivilités et de squats multiples restant, eux, à la charge exclusive, de la ville de Paris sur les tronçons où ont été votés les conventions de superposition d’affectation.
Ce projet de valorisation de la Petite Ceinture s’avère d’autant plus compliqué et délicat à faire aboutir, que des appels d’offres auront du mal à attirer des porteurs de projets qui devraient faire de lourds investissements dont la rentabilité reste encore à prouver. D’autant plus que les récents appels à projets sur la Petite Ceinture (tunnels de Vaugirard et de Montrouge, gare de Vaugirard) se sont avérés infructueux.
La bulle médiatique autour de la Petite Ceinture va-t-elle éclater ? Affaire à suivre …