Mer. 14 Juil. 2010, 14:27
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Le sol nâest fait que de cailloux, de gros galets charriés par la Garonne, rendant certainement le travail du fossoyeur difficile, on peut dâailleurs le constater par la présence de légères dépressions devant les croix, signe que les corps nâont sans doute pas été enterré profondément, ça et là on voit des morceaux de boites crâniennes autrefois sujette à la crainte des « gens normaux », même une partie de mâchoire avec ses dents. Il est très difficile de savoir ou commence la tombe et o๠sâarrête le sol sur le blanc et lâorange qui dominent.
Deux tombes contre le mur dâenceinte surmonté de barbelés de lâUMD me laissent songeur, je me rappelle dâun documentaire de lâémission « strip tease » sur un homme qui a été interné dans les années 50 alors quâil était adolescent pour « mélancolie », en fait il nâa fait quâune simple dépression comme ça arrive souvent à cet âge là , mais il a été gardé près de 40 ans. Il avait manifestement toute sa raison, comme vous et moi, mais expliquait le plus simplement du monde quâil restait parce quâil nâavait jamais connu rien dâautre. Ces tombes me font penser à lui; malgré le fait que ces patient se retrouvent dans lâétat dans lequel ont se retrouve tous, ils semblent comme vouloir ne pas se fondre dans la masse uniforme des morts et rester des fous au sein de lâhôpital.
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Se trouve juste à coté le carré de ceux qui nâont pas eu de chance, ceux à qui la folie de la guerre a distillé dans leur crane le germe de la démence. Il sâagit dâun tabou de lâhistoire de France, mais la plupart des victimes de la guerre 14-18 ont littéralement été emmuré dans le silence. Au lendemain de la victoire et de ses élans patriotiques ubuesque, ceux qui ont été marqué par le vrai visage de la guerre, loin du retour du soldat auprès de sa belle, ont été une honte pour la France et même pour leurs familles. Totalement oubliés, ils ont été condamnés à revivre en boucle leurs délires de tranchés devant un public qui les méprisait, câest parmi eux que lâon compte le plus de tombes sans nom. Des soldats inconnus, mais dont on ne ranimera jamais la flamme.
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Il nây a quâun seul arbre dans cette fournaise. Un if, arbre maudit qui secrète un poison mortel pour que rien ne puisse pousser à ses pieds, il referme en lui-même une tombe fleurie de plastique, ce serai celle dâun enfant. Le seul lieu protégé du cimetière est en fait rempli de venin â¦
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Delenda est polis