Jeu. 03 Avr. 2003, 08:31
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Citation :Véritable ville souterraine, une forteresse suisse pour le raà¯s
Genève : de notre correspondant Laurent Mossu
[03 avril 2003]
La Suisse a truffé Bagdad de bunkers, depuis lesquels Saddam Hussein nargue les forces de la coalition. Les abris ont été construits par des entreprises irakiennes sur des plans dessinés par des sociétés helvétiques spécialisées. Personne ne doute que les services secrets américains ont depuis fort longtemps obtenu copie des travaux réalisés par les bureaux d'études suisses. Mais il leur reste à trouver o๠se cache le dictateur et à l'atteindre dans le dédale souterrain.
La Confédération helvétique a de longue date acquis une expertise unique en la matière. Elle avait, lors de la Seconde Guerre mondiale, creusé sous les Alpes de gigantesques places fortes susceptibles d'accueillir, en cas d'invasion allemande, un fort contingent militaire avec avions et chars. Développant plus tard un système très élaboré de protection civile, la Suisse avait implanté sur l'ensemble de son territoire des abris antiatomiques à même de protéger l'ensemble de la population. Chaque habitant disposait d'une place réservée.
Leur réputation n'était donc plus à faire lorsque Saddam Hussein a fait approcher les experts suisses pour leur confier sa propre protection et celle des caciques du régime. C'était dans les années 80, à l'époque de la guerre contre l'Iran. Il s'est notamment adressé au bureau d'ingénieurs Cepas de Zurich. Le patron d'alors, Waldemar Isele, se souvient parfaitement du projet 359, destiné à accueillir le commandement de l'armée.
«Il s'agissait d'un blockhaus de 40 mètres sur 50, comportant deux étages. Le toit était constitué de plusieurs couches de matériaux divers d'une épaisseur totale de 5,40 m dont 3,40 de béton, et pouvant résister à des attaques de bombes et de fusées. Un tel bouclier peut être pilonné à l'envi, il résiste.» Un site Internet de Zurich donne d'autres détails. La forteresse souterraine censée résister aux attaques atomiques, chimiques et biologiques, comporte des salles de conférence, de séjour, des bureaux et dortoirs, des toilettes pour hommes et femmes, des cuisines, des magasins de fourniture, de nourriture et de munitions, des réserves d'eau, des centres de communication, et j'en passe. Une vraie ville avec son hôpital et sa mosquée. Un système très élaboré d'aération, avec des poches de décontamination, de refroidissement et de filtrage, complétait l'équipement. Les entrées et voies d'accès sont assez larges pour laisser passer des véhicules. Les personnalités ont une entrée spéciale VIP.
Les travaux effectués par les ingénieurs suisses montraient la force de résistance à l'impact des bombes, les coefficients de pénétration étant mentionnés en fonction du type d'obus employés. Ces indications datent cependant d'une quinzaine d'années, et personne ne peut désormais garantir qu'elles soient encore valables avec le nouvel arsenal dont disposent les forces américaines. Les missiles et autres bombes à uranium appauvri utilisées ont une tout autre force de pénétration.
Cepas a fourni les plans mais ne s'est pas occupé de la construction proprement dite. Waldemar Isele sait tout au plus que d'autres bureaux d'ingénieurs suisses ont été approchés comme les sociétés Glauser de Zurich et Cidec de Bale. La compagnie Winkler, quant à elle, était censée fournir les énormes portes en béton appelées à fermer les multiples sas. Le projet 359 aurait été réalisé dans un parc devant l'un des palais du dictateur.
Mais ce n'est là qu'un seul des ouvrages mis en chantier dans la capitale irakienne et auxquels les Helvètes ont collaboré. Le régime aurait ainsi fait creuser une centaine d'autres bunkers, certains plus petits et plus sophistiqués pour accueillir le rais, sa famille et ses proches. Divers plans ont ainsi été transmis à Bagdad à l'intention du Conseil des ministres. L'ancien patron de Cepas ne fait pas d'autres révélations formelles. Il explique qu'il était aisé pour les ingénieurs irakiens d'établir, le cas échéant, des tunnels de communication entre les différents centres. Et il ne doute pas que cela a bel et bien été fait. Des constructions similaires auraient été prévues dans d'autres villes du pays.
Les Suisses ont aussi participé à l'implantation d'autres abris réservés ceux-là à la population. Il s'agissait ni plus ni moins de copies des centres de protection civile tels qu'ils existent en Suisse et pouvant accueillir de 50 à 250 personnes. Les exigences n'étaient pas aussi grandes que pour les bunkers du président et de l'état-major. Les systèmes de sécurité et de protection étaient plus simples et courants. On se souvient que l'un de ces bunkers fut bombardé lors de la première guerre du Golfe en plein centre de Bagdad. De nombreux civils y furent tués, le missile américain n'ayant eu aucune difficulté à percer la toiture. Aucune indication n'a pu être obtenu concernant le coà»t de ce réseau souterrain.
Tant Cepas que les autres bureaux d'ingénieurs concernés préfèrent éviter de répondre aux questions touchant l'aspect financier. Nos confrères helvétiques, comme La Nouvelle Gazette de Zurich, qui ont consacré des reportages à ce dossier n'ont pas réussi à en savoir davantage à cet égard. Il ne fait guère de doute que les sociétés suisses avaient trouvé là une clientèle prête à tout pour assurer sa sécurité et que les affaires ont été bonnes.
Les autorités suisses ont donné en son temps leur aval à ces opérations, bien que Berne n'aime guère remuer ces souvenirs. On imagine aisément que le feu vert a été accordé contre renseignements et que les services secrets helvétiques connaissent tout depuis le premier jour. Waldemar Isele s'en défend. Les autorités sont, dit-il, venues nous interroger lors de la première guerre du Golfe. Mais nous n'avons donné ni plan, ni document...
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lafouine
http://www.cyberkata.org/
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