Mer. 12 Sep 2007, 19:00
0 | 0 | ||
Les explorateurs urbains captent la beauté des lieux abandonnés
Par Ophélie Neiman (Rue89) 18H50 12/09/2007
Dans une clinique désaffectée en banlieue parisienne (Ophélie Neiman/Rue89).
Toiturophiles s'ils aiment la hauteur, cataphiles s'ils préfèrent les entrailles de la terre, explorateurs urbains avant tout. Leur terrain de chasse: les friches industrielles, bâtiments publics abandonnés, cryptes, chantiers.Tout lieu délaissé ou abandonné, à l'accès difficile voire interdit attise leur curiosité.
L'exploration urbaine, c'est avant tout un goà»t pour l'aventure, le frisson de pousser une porte sur laquelle est écrit: "Entrée interdite." Entrer puis explorer. Souvent en toute illégalité, toujours avec éthique: "Ne rien casser, ne rien voler, ne rien toucher". Comme le précise Sylvain, le créateur de Forbidden places, l'un des plus célèbres sites francophones d'"urbex": "Nos explos sont faites sur la pointe des pieds." Nombre d'entre eux photographient les lieux. Pendant des heures. Le silence, l'obscurité, une immobilité chargée d'histoire, transpirent sur les clichés.
Yves Marrocchi est explorateur urbain. Le genre qui rampe dans un souterrain ou escalade deux étages pour rentrer par une fenêtre. Qui en ressort neuf heures et quelques pellicules plus tard, couvert de poussière et heureux. Il a bien voulu nous emmener sur un site. Nous nous contenterons de dire qu'il s'agit d'une clinique abandonnée dans la région parisienne.
Entrer dans le bâtiment, pourtant muré, est d'une facilité déconcertante. Une fois à l'intérieur, la magie du lieu opère: tous ces documents, ces meubles et ce matériel médical laissés là , "comme si les occupants étaient partis un vendredi soir pour ne jamais revenir le lundi matin", créent une atmosphère rare. Visiter un bâtiment à l'abandon, c'est mesurer le temps qui passe. (Voir la vidéo).
Impossible, durant cette visite, de ne pas s'improviser détective. Examiner les papiers qui jonchent le sol, reconstituer l'histoire du bâtiment, mais aussi son fonctionnement. Ce qui paraît évident pour un hôpital l'est beaucoup moins dans une ancienne usine. (Voir la vidéo.)
Yves Marrocchi travaille en argentique (avec des pellicules) et au pied. Il développe lui-même ses photos. Pourtant il y a trois ans, il n'y connaissait rien. Cette passion s'est imposée d'elle-même, en visitant les usines à l'abandon, terrain de jeu infini. (Voir la vidéo).
On ressort de cette visite avec des sentiments mélangés. La satisfaction d'avoir vécu un moment privilégié, d'avoir hanté, tel un fantôme, un lieu abandonné et oublié de tous. Le plaisir, aussi, d'avoir décelé la beauté là o๠beaucoup ne voient qu'un édifice gênant à abattre. L'envie, enfin, de réitérer l'expérience.
Yves Marrocchi numérisera ses photos et les publiera sur son site, Residues.net, o๠de nombreuses explorations sont déjà exposées. Sur le site Urbanmemory ou sur Exploration alternative, il y en a encore davantage.
D'autres explorateurs urbains agissent en groupe. Spécialisés dans la découverte de lieux publics encore en activité, ou dans l'aménagement d'édifices abandonnés, ils sont de plus en plus nombreux. Ce récent article du Figaro narre ainsi l'histoire d'une bande qui a installé un cinéma sous la colline de Chaillot et celle d'un groupe qui a aménagé un salon en haut du Panthéon. De quoi vous donner des idées d'escapades au goà»t d'interdit.
--Alzi