Mar. 25 Fév. 2003, 10:54
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La côte dijonnaise : Une succession de failles
Après le passage en Côte-d'Or de l'onde sismique venant des Vosges, samedi, quelques clés pour expliquer le phénomène.
Les séismes recensés en Côte-d'Or ne sont pas aussi rares qu'on pourrait le penser. Et même, on en compte dix-neuf entre le 22 avril 1076 et le 8 mars 1968 dont l'épicentre était situé dans le département. Les plus récents se sont déroulés le 20 février 1957 (Nolay), le 23 décembre 1959 (Nan-sous-Thil), le 16 juillet 1967 (Auxonne) et le 8 mars 1968 (Pontailler-sur-Saône). Beaune elle-même a été rasée lors d'un tremblement de terre aux alentours de 1535. Et chaque fois qu'un tremblement de terre se produit à Bâle, Dijon le ressent. Le dernier séisme recensé dans la ville des Ducs date du 12 novembre 1974.
Samedi dernier, il semble que la Côte-d'Or n'a pas été touchée de façon égale par l'onde de choc : c'est Dijon qui a le plus ressenti les effets de ce tremblement de terre dont l'épicentre (le point de surface o๠l'intensité est maximale) était bien situé près de Saint-Dié.
Comment, à partir de l'« hypocentre » c'est-à -dire le foyer du séisme (en profondeur) se propage l'onde de choc ?
Comme lorsque l'on jette un caillou dans l'eau, l'onde se décompose en cercles concentriques, courbes d'égale intensité qui s'amortissent progressivement en s'éloignant. Le sous-sol dur, comme le granit ou le calcaire sont de bons transmetteurs, tandis que les dépôts sédimentaires comme les marnes, plus mous, servent d'amortisseurs. La structure géologique de la Côte-d'Or tient une position particulière.
Dijon : Relative sensibiité aux séismes
La côte dijonnaise (calcaire) est, en fait, une succession de failles entre le fossé du Rhin et le fossé de Bresse (sédiments marneux). Elle s'étend du nord de Dijon jusqu'au sud de la Saône-et-Loire. Ces deux fossés font partie d'un « grand système d'accidents » fonctionnant depuis 40 millions d'années coupant en deux l'Europe de l'ouest du nord au sud, ces deux blocs tendant à s'écarter l'un vers l'est, l'autre vers l'ouest. Les Vosges s'écartent de la Forêt Noire et le décrochement du côté allemand est attiré vers le nord de 5 mm par an.
A ce phénomène se rajoutent des accidents très anciens, du socle hercynien notamment à Saint-Dié, un « grand accident » séparant les Vosges du nord et celles du sud entre Saint-Dié et Strasbourg.
C'est une zone de faiblesse du socle par compression résultant de la formation des Alpes : la plaque tectonique africaine emboutit la plaque européenne par l'intermédiaire de l'Italie provoquant des contraintes sur le territoire européen qui remonte vers le nord. Exemple : le fameux tremblement de terre de Bâle en 1356, le jour de la Saint-Luc, ressenti violemment à Dijon, qui avait causé d'importants dégâts.
Des répliques du séisme sont possibles mais nous ne devrions pas les ressentir ou très peu. La terre est vivante et elle le montre parfois violemment. Cette secousse a été très déstabilisante. Pourtant, les tremblements de terre ressentis à Dijon, que leur épicentre se situe dans la région ou dans d'autres comme le massif alpin, restent peu fréquents et d'intensité limitée.
Celui de samedi était exceptionnel.
Mis en ligne le Lundi, 24 février 2003
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