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Les marnières du « Pélican » Commune de Thuit-Signol
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Conseil Général de l'Eure : Les marnières du « Pélican » Commune de Thuit-Signol

Les marnières du « Pélican » Commune de Thuit-Signol

1. LES MARNIERES du Pélican à  THUIT SIGNOL
a) Présentation
Les marnières du « Pélican » sont deux carrières de craie marneuse exploitées
selon la méthode dite « par piliers tournés ». Ces deux exploitations datent
vraisemblablement de la fin du XVIII° ou du début du XIX° siècle.
Elles étaient accessibles originellement par des puits d’exploitation verticaux,
creusés dans le plateau et qui sont maintenant comblés.

Leur plancher est situé à  une profondeur moyenne de 16m, avec environ 12m
de terrain de couverture (hauteur comprise entre le ciel de l’exploitation et la
surface). D’après les relevés de 1891, leur toit est surmonté de 3 à  9m de
craie marneuse, mais l’altération et les anciens karsts forment des poches
argileuses traversant par endroit la carrière.

Le réseau visitable dépasse 750m de long. Les galeries font trois à  quatre
mètres de large et autant en hauteur avec quelques salles de 6m de large. Les
dimensions et les formes des piliers sont très irrégulières, surtout dans le
« Pélican2 », certains ne dépassant pas 1m d’épaisseur. La forme des piliers
et le très fort taux de défruitement, supérieur à  80% (rapport volume de vides
/ volume total), indiquent que les deux marnières ont été surexploitées.
La surface totale exploitée hors zones effondrées est d’environ 3000m2, ce qui
équivaut à  8700m3 de roche extraite.

La marnière du «Pélican1» s’approche à  moins de 5m de la route
départementale 85 et de la propriété voisine. La marnière du « Pélican2 » passe
sous les routes du Fec et de Thuit-Simer. Elle a été remblayée en 1882 sous le
tracé de l’ancienne route, à  la demande de l'ingénieur des mines.
Les deux marnières ne sont séparées par endroit que par un mur de craie de
10 cm. Les trous de communication permettant le passage de l’une à  l’autre
ont été réalisés afin d'accéder à  la carrière du « Pélican 2 », le puits d'accès
étant effondré.

La craie est fissurée et friable, avec de nombreux silex qui ont été
abandonnés au sol lors de l’exploitation. La carrière est traversée de karsts
(conduits naturels creusés par la circulation de l'eau) colmatés par de l’argile.
Certains ont débourré suite aux fortes précipitations, formant ainsi des cônes
de débris dans certaines galeries.

Un effondrement survenu en 2001 a condamné toute la partie ouest du
« Pélican 1 », entraînant ainsi d’importants désordres en surface.

b) Le mode d’exploitation des marnières :
Ces deux exploitations se font à  la fin du XIX° siècle par un puits de plus de
18m de profondeur et de 1,10m de large, non maçonné. Ce puits est
visiblement instable et dangereux dans le cas du « Pélican 1 » (les
effondrements ont par endroit fait doubler son diamètre). Le puits traverse
plus de 7m de craie marneuse afin d’assurer une stabilité au toit de
l’exploitation.

La craie est extraite en grandes galeries, au pic, sur un seul étage par le
marneron et plusieurs ouvriers. Une exploitation de cette taille pouvait
demander jusquâ€™à  6 personnes, dont deux restaient en surface.
En 1882, les galeries font un peu plus de 2m de haut (d’après les rapports de
l’ingénieur des mines), mais elles seront apparemment par la suite
surcreusées, ce qui explique la grande hauteur de certains passages (les
marnières font rarement plus de 2,20 à  2,50m de haut, pour 3 à  4m dans le
cas présent). A mesure de l’exploitation, les galeries se rejoignent autour de
piliers, plus larges au sommet qu'à  la base afin de créer un effet de voà»te
pour mieux soutenir le ciel de la carrière. L’aspect arrondi et la petite taille de
certains piliers peuvent être dus en partie à  l’altération, mais vraisemblablement
surtout au désir des deux marnerons de tirer le maximum
de matériau de leur exploitation. Cela est surtout visible sur les plans du
« Pélican 1 », qui montrent les phases successives d’exploitation. Le taux de
défruitement (volume de roche extraite par rapport au volume total de la
carrière) dépasse 80%, ce qui est extrêmement important pour une marnière.
Le matériau ainsi extrait est ensuite ramené vers le puits d’exploitation, soit
par roulage (wagonnet ou brouette) comme c’est apparemment le cas dans le
« Pélican 2 » avant 1891, soit à  bras d’homme. Matériaux et hommes sont
ensuite remontés grâce à  un treuil en surface, quelquefois actionné par un
cheval. Certains marnerons protégeaient leur puits des intempéries et des
intrusions par un hangar, mais ce qui ne semble pas être le cas pour celles-ci,
car aujourd’hui, rien ne reste de ces aménagements.

L’exploitation des marnières à  vocation agricole se faisait durant la période
d’amendement des terrains, d’octobre à  mars. Au vu de la géométrie des
marnières du « Pélican », il est probable que celles-ci aient été exploitées tout
au long de l’année.

Leurs dimensions,combinées avec leur position en zone bâtie et le fait que les
propriétaires des terrains soient marnerons de père en fils, font penser que
l’usage de la craie était plutôt artisanal qu’agricole (alimentation d’un four à 
chaux).
En fin d’exploitation, les marnières ont été laissées en l’état et les puits
remblayés. L’emplacement d’au moins l’un d’entre eux a été matérialisé en
surface par une charmille.

2. LES TECHNIQUES DE COMBLEMENT DES
MARNIERES

Le matériau constituant les carrières, la craie, a des caractéristiques
mécaniques très variables. La teneur en eau et bien d'autres paramètres
peuvent ainsi faire varier considérablement la résistance mécanique ainsi que
l'état de la craie. De plus, ce matériau se déforme assez peu avant de se
rompre, autrement dit, il est difficile de prévoir les éventuels effondrements.
Dans ces conditions, la seule solution pour s'affranchir des effondrements de
carrières est de combler totalement les vides situés sous la zone à  protéger.

Le comblement total des vides passe nécessairement par deux phases :
· Phase 1 : comblement du volume de vide franc présent en sous-sol,
généralement appelé comblement gravitaire.
· Phase 2 : les matériaux mis en place en phase 1, ainsi que les
remblais existants dans les marnières subissent un phénomène de
tassement et de retrait avec le temps. Ce phénomène physique entraîne
à  nouveau un vide qu'il faut combler par la phase dite de clavage.
Au terme de ces deux phases, le terrain peut être considéré comme
sécurisé vis-à -vis des effondrements brutaux.

Toutefois, des tassements peuvent encore se produire. Il est possible de
les réduire, en procèdant à  une injection sous pression des terrains
altérés, depuis le plancher de la marnière en direction de la surface. Cette
phase s'appelle alors le raitement.

Les différentes phases peuvent être dissociées en fonction de la
destination finale du terrain. En effet, un espace vert pourra être considéré
comme totalement sain même s'il subit quelques tassements ultérieurs, ce
qui n'est pas admissible dans le cas d'une construction.

Il est tout à  fait possible de ne combler qu'une partie de la marnière, en
créant des murs de cloisonnement dans les cavités ou en réalisant des
écrans depuis la surface, en injectant des ciments et adjuvants à  prise
instantanée.

3. L'ACTION DU DEPARTEMENT FACE AUX
MARNIERESDepuis 1998, le Département de l'Eure a réalisé ponctuellement plusieurs
comblements de marnières qui sont apparues sous différentes emprises
publiques départementales.

Suite aux nombreuses précipitations de ces dernières années, notamment
durant l'hiver 1999, un grand nombre d'anomalies du sous-sol se sont
révélées en surface.
Il est à  signaler que trois marnières situées à  la fois sur le domaine public
départemental et sur le domaine public communal seront comblées sous
maîtrise d'ouvrage locale et font l'objet d'une participation financière du
Département :
· Surtauville (route départementale n°79)
· Le Malarquier (route départementale n°40)
· Hauville (route départementale n°90)
Pour ces trois opérations, le montant total des subventions versées par le
Département de l'Eure s'élève à  384 000 HT.

4. UNE DEMARCHE VOLONTARISTE
Dans l'objectif de passer à  une logique de prévention, un relevé aussi
exhaustif que possible est entrepris effectué afin de recenser les sites
concernés par des anomalies du sous-sol sur le domaine public
départemental.

Chacun de ces sites fera l'objet d'un diagnostic complet durant la période
2003-2004, au moyen d'une reconnaissance systématique des sols par
sondages géotechniques et visualisation des vides par passage caméra en cas
d'inaccessibilité.

Cette campagne de prospection permettra de définir les risques potentiels et
les priorités éventuelles et d'estimer l'ensemble des travaux de mise en
sécurité définissant ainsi une proposition de programme pluriannuel de
stabilisation ou de complément des marnières.

Des investigations ont été menées et des travaux de mise en sécurité des
sites concernés ont été entrepris.
En 2002, le Département a investi près de 2,3 millions d'euros pour l'ensemble
des travaux de confortement de sols, dont le comblement des différentes
marnières qui sont apparues sur le domaine public départemental.
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News Press 19/02/2003 17:44:00

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