Mer. 18 Mai 2005, 19:00
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Citation :Un an sous terre
Coupé du monde et de tout repère temporel, depuis
368 jours, Maurizio Montalbani est sorti hier de son laboratoire à
25 mètres sous terre. Il croit que nous sommes encore en été.
Rome, Dominique Dunglas
LORSQUE, lundi dernier, les médecins lui ont annoncé que l'expérience «Underlab » touchait à sa fin, Maurizio Montalbani était persuadé qu'il allait trouver la chaleur de l'été toscan en même temps que les fureurs de la civilisation. Son calendrier personnel indiquait le 22 juin... alors que nous étions le 6 décembre.
Maurizio Montalbani a passé trois cent soixante-huit jours dans un laboratoire de plastique et d'acier au fond d'une grotte, à vingt-cinq mètres sous terre, sans repère temporel (ni montre, ni calendrier), à l'abri du jour et de la nuit, relié au monde par un écran d'ordinateur d'o๠ne filtrait aucune information sur la vie à la surface de la Terre. Il s'est nourri de pilules et des légumes de son potager souterrain. Il a lu, dessiné, regardé des vidéocassettes, et écrit deux livres. Ses rythmes biologiques se sont ralentis, lui faisant vivre des journées de trente-huit heures (ce qui lui a provoqué la sensation que nous étions encore au mois de juin).
J'ai appris à rêver
Il a perdu vingt et un kilos mais ne souffre d'aucune maladie ni de dépression. « Au contraire, raconte-t-il, j'ai vécu une période magique. J'ai pu laisser courir ma fantaisie, ma créativité. J'ai appris à rêver,
puis, après m'être réveillé, à reprendre le rêve là o๠je l'avais laissé. »
Réalisé grâce au sponsor Pioneer et Sector, en collaboration avec la Nasa, le programme « Underlab » a pour but d'étudier les effets psychologiques et physiologiques de la solitude et de l'isolement en vue de longues missions sur la Lune à partir de 2010. Un aspect essentiel pour l'exploration spatiale. De nombreux astronautes ont en effet subi des troubles psychologiques après leur mission, et la Française Véronique Le Guen s'est suicidée trois mois après avoir passé cent trois jours en isolement.
Mais l'Italie qui attend Maurizio Montalbani est différente de celle qu'il a quittée. Il y a un an, Fellini était vivant, Toto Riina dominait la Mafia, Bettino Craxi était secrétaire du Parti socialiste, l'enquête « mani pulite » (mains propres) commençait à faire parler d'elle, le MSI était un petit parti fasciste marginal et l'Italie n'était pas encore qualifiée pour la Coupe du monde de football. Préférera-t-il « avant » ou « après»?
-- h2o
Sauvez une hague, mangez un cataphile.
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