Paris veut vous mettre l'eau à la bouche
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QUI EST PRàT à aller acheter dans le commerce ce qu'il reçoit pourtant à domicile pour cent fois moins cher ? Réponse : plus de la moitié des Parisiens (53 %) qui préfèrent l'eau minérale en bouteille à l'eau du robinet. Pour lutter contre cet étrange paradoxe, la Sagep (Société anonyme de gestion des eaux de Paris) qui produit et achemine les 615 millions de litres consommés chaque jour dans la capitale, lance à partir d'aujourd'hui une grande campagne pour revaloriser l'eau du robinet.
Une image de marque. « Les 600 ingénieurs et techniciens de la Sagep ont une mission de service public essentielle pour Paris. Et pourtant, personne ne sait exactement ce que l'on fait », déplore Anne Le Strat, conseillère municipale (Verts) et PDG de la Sagep. Pour mieux se faire connaître du public, la société va donc être rebaptisée Eau de Paris. Un nom déposé - aux accents glamour dignes d'un parfum - qui permettra à la Sagep de développer son image de marque.
Les médecins mis à contribution Le changement de nom se doublera dès demain d'une campagne de communication pour rappeler que l'eau de Paris n'a rien à envier aux eaux minérales. Le message : une étiquette détaillant la composition en minéraux et oligo-éléments de l'eau de Paris surmontée de la légende « à coller sur votre robinet ». « Nous allons relancer le travail avec le secteur médical, souvent prescripteur d'eaux minérales, pour insister sur la valeur sanitaire de notre eau », rappelle Anne Le Strat. Parallèlement à cette campagne, la Sagep va multiplier les initiatives en direction du public scolaire et des professionnels, notamment en mars à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau o๠30 000 carafes aux couleurs d'Eau de Paris seront distribuées.
Le réseau sous surveillance Puisée pour moitié en rivière et pour moitié dans des nappes souterraines (la plus éloignée à 175 km de Paris), l'eau distribuée dans la capitale est très étroitement surveillée d'un bout à l'autre de son parcours. Par les ingénieurs de la Sagep d'une part mais aussi par les experts des deux sociétés de distribution (une pour chaque rive de Paris) qui transportent l'eau des bassins-réservoirs jusqu'au robinet. Enfin, le Crecep (Centre de recherche, d'expertise et de contrôle des eaux de Paris) réalise lui aussi des analyses régulièrement surveillées par la Ddass. Autant de contrôles qui rendent le risque sanitaire quasi inexistant.
Pas d'objectif commercial. « En incitant les Parisiens à boire l'eau du robinet, notre but n'est pas d'augmenter notre production, la part de la consommation alimentaire étant très marginale (moins de 2 % du total), assure Anne Le Strat. Il s'agit plutôt de travailler au développement durable (en limitant le nombre de bouteilles de plastique à recycler) et d'être dans un rôle social. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les principaux consommateurs d'eaux minérales ne sont pas forcément les gens les plus aisés. »
Benoît Hasse
Le Parisien , mardi 11 janvier 2005
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Robinet ou bouteille ?
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Prix. L'eau du robinet remporte ce match par KO. Avec un prix de 2,44 ⬠au mètre cube (soit 0,0024 ⬠par litre), elle est 100 à 200 fois moins chère que les eaux minérales vendues dans le commerce.
Autre avantage « commercial », elle est livrée à domicile sans effort. De quoi convaincre ceux qui habitent au 6 e étage sans ascenseur, mais pas seulement !
Richesse en minéraux. Eau de Paris et eaux minérales se classent ex aequo. Chargée en sels minéraux (calcium, sodium, potassium) en quantité moyenne et suffisamment fluorée, l'eau du robinet de Paris est comparable à de nombreuses eaux minérales « classiques ». Sa teneur en nitrate (environ 25 mg/l) est inférieure de moitié à la norme maximum autorisée.
Chlore. C'est le point faible de l'eau du robinet. La chloration de l'eau, nécessaire pour éviter la multiplication de bactéries dans les canalisations, peut générer un goà»t désagréable aux yeux des puristes. « Il suffit de mettre l'eau au réfrigérateur dans un récipient en verre et le goà»t s'estompe », argumentent les experts d'Eau de Paris.
Sécurité. L'eau minérale, ultra contrôlée par les autorités sanitaires, ne présente absolument aucun risque. Dans le cas de l'eau du robinet, les contrôles « à la source » sont eux aussi extrêmement poussés mais les canalisations finales dans certains immeubles très vétustes peuvent entraîner une altération du goà»t voire la présence de plomb. « Ce problème nous échappe puisque l'entretien des canalisations privatives relève des copropriétés », plaide la société Eau de Paris. En cas de doute sur la qualité de l'eau du robinet, vous pouvez obtenir une analyse gratuite en appelant le service All'eau Paris au 0820.012.012.
Le Parisien , mardi 11 janvier 2005
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« Je lui trouve un petit goà»t de Javel »
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DEVANT la jeune femme, trois verres alignés. L'un contient de l'eau du robinet, les deux autres sont remplis avec des eaux minérales d'Ecosse ou de Sibérie. Petra les boit l'un après l'autre, à l'aveugle, puis désigne sans hésiter le premier verre.
« L'eau du robinet, c'est celle-là . Elle a un petit goà»t de Javel caractéristique », lâche cette habitante du XIII e qui avoue ne boire l'eau du robinet « que quand elle ne peut pas faire autrement. » Deux secondes plus tard, son ami Donato, grand buveur d'eaux minérales « mais de préférence pétillantes », identifie lui aussi l'eau du robinet sans se tromper. Nous sommes au très branché « waterbar » de Colette, le seul bar à eau de la capitale. Et les deux clients qui se sont prêtés au jeu du « blind test » (test à l'aveugle) concluent sans appel que l'on ne peut pas comparer l'eau du robinet avec de l'eau minérale. « Je sais que l'eau au robinet est saine, pure, non polluée... mais il y a ce goà»t de chlore qui reste dans la bouche », note Petra. Avis de puriste ? Pas forcément. Toute autre ambiance, mais discours identique à la sortie d'une supérette de la porte de Saint-Ouen o๠une jeune retraitée sort avec un pack de six bouteilles de Chantereine à bout de bras. Direction : son appartement à 200 mètres de là . « C'est lourd mais je suis obligée. L'eau du robinet sent mauvais. » C'est paradoxalement l'un des employés du waterbar - qui compte une centaine d'eaux du monde entier à sa carte - qui nuance le tableau. « L'eau de Paris est excellente pour peu qu'elle soit bien fraîche. Souvent, nos clients viennent tester une ou deux eaux minérales par curiosité... puis demandent une carafe pour accompagner leur repas. àa ne me choque pas. »
Photo : 213, RUE SAINT-HONORà (I e r ) , HIER. Dans le seul bar à eau de la capitale, le très branché « waterbar » de chez Colette, deux clients ont dégusté plusieurs eaux, dont celle du robinet. Leur verdict : « Un goà»t de chlore qui reste en bouche. » (LP/D. GOLDSZTEJN.)
B.H.
Le Parisien , mardi 11 janvier 2005