Dim. 14 Dec. 2003, 11:22
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La nature géologique du sol est prépondérante pour le creusement de ces silos qui ont toujours une forme de poire, dâÅuf ou de bouteille et sont appelés selon le terme générique "fosses ovoà¯des". Bien quâon en ait trouvés dans des sols argileux, desséchés et durcis par du feu, en grande majorité ils se trouvent là o๠la présence du rocher affleure, souvent sur un plan déclive près dâune vallée et dâun point dâeau. Leur présence est également attestée dans des sites troglodytiques .
L'étude de l'habitat de l'Arriasse à Vic-le-Fesq (Gard) en situe sur son site et les date de 700-625 av. J.C., soit le début du premier Age de Fer. On en trouve également près des voies romaines, des mottes féodales et des lieux de cultures agraires .
Dans notre région, on les trouve sur différents emplacements à savoir :
isolés en zone rurale ou urbaine,
groupés en zone rurale ou urbaine,
dans la proche périphérie des souterrains-refuges ou des sites troglodytiques,
réutilisés ou détruits partiellement ou totalement par le creusement des souterrains-refuges ou des sites troglodytiques,
à lâintérieur des sites précités.
Le diamètre dâouverture varie de 0,40 m à 0,60 m, la profondeur 1,50 m à 2,20 m et la largeur intérieure de lâordre de 1,00 m à 1,60 m. Souvent un épaulement au col de lâouverture permettait dâen assurer lâétanchéité par un couvercle (pierre plate épannelée de forme ronde dâun diamètre légèrement supérieur à lâouverture du goulot). Lorsquâils sont groupés, il nâest pas rare quâils communiquent entre eux par des ouvertures . Ces anastomoses pourraient être le fait dâune usure prématurée des parois des silos.
En effet, au cours du processus de conservation un début de germination se forme contre la paroi du silo et de petites radicelles attaquent la paroi. Une fois vidé, pour réutiliser le silo il était nécessaire de nettoyer par grattage cette paroi avec comme résultat dâune part des parois de plus en plus ovoà¯des et dâautre part une augmentation du volume intérieur. Dans la mesure o๠il nâest pas rare de trouver plusieurs silos concomitants sur le même site, cet élargissement progressif conduisait à les faire communiquer entre eux dâo๠leur destruction radicale.
Leur fond est concave ou plat. On peut constater que la forme ronde est universelle. Leur présence est attestée dans toute lâEurope, avec une prédominance pour le Moyen Orient et le Sud de lâEurope.
Les silos à grains creusés dans le sol témoignent d'un mode de conservation de céréales en atmosphère confinée, mode de stockage bien connu par le passé et dans de multiples sociétés traditionnelles. Ces techniques ont fait l'objet de nombreuses études et expérimentations qui en expliquent le fonctionnement :
Dans un milieu hermétiquement clos, la céréale commence sa germination et dégage au niveau de ce processus du gaz carbonique, gaz qui bloque la poursuite de la croissance et neutralise les insectes. Si le contenant n'est pas ouvert, le contenu peut se conserver plusieurs années et garder toutes ses qualités germinatives et nutritives. Par contre une fois ouverte, la structure doit être vidée et les grains aérés sous peine de pourrissement rapide. Ce procédé est donc un système de stockage de céréale à long terme et non une réserve o๠l'on viendrait y puiser en fonction des besoins.
On trouve des silos de petit diamètre qui pourraient être non pas des lieux de stockage de grains pour répondre à lâéconomie vivrière dâun groupe mais du stockage de grains pour des semences.
Si lâorigine de ces silos reste indéterminée, leur présence sous terre est déjà citée par Varron qui décrit dans un traité dâéconomie rurale ces «granaria speluncas» en 60 av. J.C.
Dans notre région, il semblerait que leur creusement soit intervenu sur deux périodes bien distinctes :
Avant la romanisation
Période o๠les communautés qui les creusaient devaient être sédentarisées dans un habitat extrêmement précaire dans les alentours immédiats, voire au-dessus du silo. Ces cavités représentant des lieux de stockage de l'économie vivrière du groupe, sont les seules parties dures restantes des structures dâhabitation.
Il est probable que la romanisation a apporté un changement des méthodes de stockage dans lâorganisation politique et économique de notre région. Durent apparaître une spécialisation des cultures et dâautres phénomènes caractérisant lâavancée romaine. Lâévolution en masse des cultures nouvelles avec principalement la plantation de la vigne, à laquelle fait écho lâintroduction des amphores vinaires et des dolias semble faire apparaître que pendant cette période les méthodes de stockage en silos souterrains se soient restreintes voire abandonnées.
Après la romanisation
Période o๠lâinsécurité a vu le développement du creusement des souterrains-refuges. La confection de ces structures souterraines sâest souvent accompagnée de creusement de silos internes.
Dans la partie Est/Sud-Est de la Charente, on trouve :
des silos isolés sur les communes de :
Dignac, 1 silo
Dirac, 8 silos
Edon, 2 silos
Garat, 2 silos
Pranzac, 1 silo
Sers, 7 silos
Villebois-Lavalette, 3 silos + 1 silo
des silos à lâintérieur des souterrains-refuges sur les communes de :
Chadurie, 1 souterrain avec 2 silos
Dirac, 1 souterrain avec 2 silos
Puymoyen, 1 souterrain avec 2 silos
Sers, 2 souterrains un avec 1 silo, un avec 6 silos
Villebois, 1 souterrain avec 3 silos
Vouzan, 1 souterrain avec 5 silos
des silos modifiés ou réutilisés par le creusement des souterrains-refuges sur les communes de :
Charmant, 1 souterrain avec 3 silos
Dirac, 1 souterrains avec 9 silos
Garat, 1 souterrain avec 1 silo
Sers, 1 souterrain avec 6 silos
Sers, 1 silo anastomosée par une carrière
Voulgezac, 1 souterrain avec 1 silo
Lâarrêt des creusements des souterrains-refuges étant intervenu vers la fin du XIIIe, on peut penser que la fin dâutilisation de ces silos pourrait également correspondre à cette époque.
Texte G.Roger.05/99
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