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Les chemins de fer italiens lancent leur bataille du rail

ROME, 19 mars (AFP)

Les chemins de fer italiens ont annoncé vendredi un programme d'investissements de 165 milliards d'euros en matériels et en infrastructures sur une quinzaine d'années pour lancer leur "bataille du rail".

"L'objectif est d'augmenter de 40% le trafic passagers pour 2020", a expliqué le Président de la compagnie nationale Ferrovie dello Stato, Giancarlo Cimoli, au cours d'une conférence de presse organisée pour annoncer une commande de 26 trains pendulaires à  grande vitesse au groupe français Alstom.

"La compagnie est en mesure de se payer ces trains", a-t-il affirmé.

Une pierre dans le jardin de la compagnie aérienne nationale Alitalia, en pleine crise financière avec des pertes de l'ordre de un million d'euros par jour.

La commande représente 544 millions d'euros pour 12 trains "pendolino" achetés par Trenitalia, la branche transport de passagers de la compagnie nationale, et 14 autres par Cisalpino, société commune de Trenitalia et des chemins de fer fédéraux suisses (SBB).

Les trains commandés "sont ce qui se fait de mieux", a assuré le président de Alstom Transport, Philippe Mellier.

Ils peuvent transporter 430 passagers à  une vitesse de 250 km/heure et pourront circuler sur tout le réseau ferroviaire européen.

L'accent est mis sur le confort des passagers et sur les services destinés à  la clientèle des hommes d'affaires: connections satellitaires, internet, video. Les premiers nouveaux trains seront livrés en 2006.

Les 26 nouveaux trains pendulaires vont s'ajouter aux 40 déjà  en service en Italie.

Les chemins de fer italiens vont en outre moderniser le reste de leur flotte. "Six milliards d'euros d'investissements sont prévus pour les trains", a souligné M. Cimoli.

Dans le même temps, l'effort va se porter sur les infrastructures avec l'objectif de relier à  grande vitesse les grandes villes de la Sicile et du sud de la péninsule au nord du pays et de là , au reste de l'Europe.

Une seule ligne à  grande vitesse actuellement relie Rome et Florence. Elle devrait être étendue en 2008 jusqu'à  Turin au nord et Naples au Sud, puis ensuite relier Turin à  Venise en passant par Vérone et pousser au sud vers Reggio Calabria et Bari, a annoncé M. Cimoli.

"Nous faisons de notre mieux pour récupérer notre retard et rattrapper nos voisins, afin de donner à  l'Italie un grand réseau de transport", a-t-il précisé.

"Les investissements vont également concerner les douze plus grandes gares et permettre de mettre les marchandises hors des villes", a-t-il souligné.

La sécurité ne sera pas oubliée, a-t-il assuré. "Mais le chemin de fer est un système ouvert. Dire qu'on peut le contrôler à  100% comme les aéroports est impossible", a-t-il dit.

"Des détecteurs de métaux seront installés là  o๠ce sera possible pour permettre un premier contrôle avant l'embarquement et la possibilité de contrôler les bagages est à  l'étude", a précisé M. Cimoli.

La bataille du rail se joue également sur le fret. Le chemin de fer compte pour 11% du transport de marchandises en Italie, contre 80% pour la route.

Le président des chemins de fer italiens a dénoncé à  cette occasion "les avantages accordés aux routiers et le manque de politique claire des autorités italiennes et européennes, par peur de leurs réactions".

Pays enclavé par les Alpes, l'Italie doit maintenant sortir de son isolement. La mise en service prévue en 2008 du tunnel de Loetschberg va lui ouvrir les portes de la grande vitesse vers Bâle et Genève en Suisse, desservis par les 14 trains "pendolino" de Cisalpina.

Mais le gros morceau pour les Italiens reste la liaison ferroviaire Turin-Lyon, sujet de contentieux avec la France.