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Un souterrain ne figurant pas sur les plans découvert sous la citadelle de Besançon

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Et demain on reviendra te couper ton zézette
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Beach
noktambule
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Île-de-France & Oise,Paris
Dans les catacombes de Paris, policiers et «cataphiles» jouent au chat et à la souris
Après un premier confinement plutôt respecté, c’est le retour des adeptes de l’exploration souterraine, pourtant interdite. Chargés de les débusquer, les «Ktaflics» patrouillent jour et nuit. Nous les avons suivis.
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[Image: CQPYEIM3XL3CUM57YPXCAOGJ7M.jpg] Paris, ce jeudi. Equipés d’un casque et d’une lampe frontale, les policiers traquent les contrevenants qui se baladent dans les catacombes. LP/Olivier Arandel









Par Nicolas Goinard 
Le 29 mars 2021 à 06h07, modifié le 29 mars 2021 à 06h26
La radio grésille. Classique dans une patrouille de police. Ce qui l'est moins, c'est la mission qui attend, ce jour-là dans un arrondissement du sud de Paris, les fonctionnaires du Groupe d'intervention et de protection (GIP) de la Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC).
LIRE AUSSI > A Paris, la plaque d’égout entrée interdite des catacombes sera bientôt scellée

Sur leur écusson, ils arborent le sigle « Ktaflic ». Leur tenue est adaptée. Chaussures confortables, casque, lampe frontale, sac à dos étanche pour certains. S'ils assurent la sécurité lors des matchs de foot, interviennent parfois sur des manifestations ou sont en charge de la protection de personnalités lors de déplacements officiels, ces policiers se transforment aussi régulièrement en flics des catacombes. Ils sont tous sportifs et, surtout, ne sont pas claustrophobes.
En ce troisième confinement, tous les jours, ils descendent et arpentent les anciennes carrières de Paris, ce méandre de galeries qui couvrent 300 kilomètres au total sur la rive gauche jusqu'à Arcueil dans le Val-de-Marne et qui desservent des salles. Ce qu'on appelle à tort « les catacombes » – ce terme ne désignant que l'ossuaire municipal dont la partie musée ouverte au public. Elles appartiennent à la mairie de Paris et sont gérées par l'Inspection générale des carrières.
LIRE AUSSI > «Artiste, autiste, anarchiste» : Misti a fait des catacombes de Paris son atelier et son refuge

Pour la petite histoire, de l'époque romaine au Moyen Age, les carrières à ciel ouvert fournissaient des matériaux nécessaires aux constructions de la capitale, qui se concentre alors autour de l'île de la Cité. Dans ces carrières, des galeries souterraines étaient creusées. Paris prenant de l'ampleur, les anciennes carrières qui n'étaient plus exploitées ont été recouvertes et un peu oubliées. Au XVIIIe siècle, un nombre important d'affaissements de terrain ont débouché sur la création, en 1777, de l'Inspection des carrières chargée de répertorier, sonder et consolider le sous-sol. L'accès aux galeries a été interdit par un arrêté préfectoral, encore appliqué aujourd'hui, pris le 2 novembre 1955.
«De plus en plus de monde» malgré le reconfinement
Retour en 2021. Malgré les mesures sanitaires en vigueur, la vie a peu à peu repris ses droits sous terre. Dans la nuit du 20 au 21 mars, plusieurs soirées clandestines ont été interrompues et 35 personnes ont été verbalisées. « Nous croisons de plus en plus de monde, décrit la major Sylvie qui, depuis quinze ans, sillonne les entrailles de la ville. Le premier confinement avait été relativement bien respecté. »
Citation :#LeSaviezVous ? | Les ?‍♂️? du GIP de la DOPC mènent des missions de sécurisation dans les anciennes carrières de #Paris !
Ce week-end, ils ont mis fin à plusieurs soirées clandestines organisées dans ces galeries souterraines.
? 35 cataphiles verbalisés pic.twitter.com/XMSQK7oQiQ
— Préfecture de Police (@prefpolice) March 22, 2021
Les forces de l'ordre mettent donc les bouchées doubles pour faire respecter les restrictions de déplacement actuelles… même en lieu confiné. Et la facture peut rapidement être salée en ce moment. Aux 35 euros encourus pour les personnes accédant à ces souterrains interdits peuvent s'ajouter les 135 euros de non-respect du confinement et les 135 euros du non-respect du port du masque.
Coupés du monde pendant trois heures
La major Sylvie indique à la radio qu'elle et ses hommes – Adrien, Laurent, Thibault et Alexandre – descendent et se coupent du monde pendant trois heures. « Dessous, ni la radio, ni le téléphone portable ne passent », explique-t-elle.

[Image: Q65KNUNLYHN7HU5I55FLDSEGY4.jpg]Dans la salle Trepanus, une patrouille découvre les effets personnels d’un homme qui a élu domicile ici./LP/Olivier Arandel  
Une spécificité parisienne, unique en France, née en 1981 sous la houlette de Jean-Claude Sarrate, un commandant du 2e DPJ (district de police judiciaire), cataphile lui-même. Il a dirigé jusqu'à sa retraite l'Eric (Equipe de recherche et d'intervention en carrières). En 2000, cette mission a été dévolue à la DOPC.


Pour accéder à ces galeries, il faut avoir la clé du cadenas qui verrouille une plaque en ferraille délimitée par des barrières de chaussée sur le bord d'un boulevard. Un échelon, puis un escalier en colimaçon mènent 12 mètres plus bas. Ici règne un microclimat très humide. La température y est de 15 degrés toute l'année. A la queue leu leu, les Ktaflics progressent. Ils sont accueillis par quelques tags leur étant destinés : le sigle ACAB (« All cops are bastards », qui signifie « Tous les flics sont des salauds ») ou « 1 keuf = 1 balle ». Il faut parfois se baisser pour franchir quelques arches en pierre de taille un peu plus basses.
Sous terre, on trouve même des Vélib' et trottinettes
Les agents scrutent les évolutions notables, les trous qui peuvent apparaître. « Certains viennent avec du matériel pour creuser », décrit Sylvie. Il y a quelques mois, trois hommes ont été interrompus dans leurs travaux alors qu'ils étaient affairés sur un mur avec un perforateur portatif. Le but : ouvrir de nouvelles salles. Il n'est pas rare de découvrir des outils, une brouette. Il y a même des Vélib' ou des trottinettes.

[Image: RKDX2PEBV5DB4SHFRCLZNZ3X6Y.jpg]Dans la salle du Dragon, des tubes ayant servi à tirer des confettis durant une soirée ont été laissés dans un coin. /LP/Olivier Arandel  
Les salles sont des espaces un peu plus grands qui peuvent attirer des explorateurs, des artistes ou des fêtards. D'ailleurs, dans la salle dite du Dragon, la musique a dû résonner il y a peu. Des confettis argentés jonchent encore le sol. Ils ont été tirés à l'aide de tubes abandonnés dans un coin. Des chauffe-plats ont servi à éclairer les lieux. « Cette salle peut contenir une dizaine de personnes », note l'un des fonctionnaires. D'autres sont beaucoup plus vastes et peuvent accueillir beaucoup plus de monde. « Pour certaines fêtes, ils se raccordent à l'électricité en surface », relate Sylvie.
Toutes les salles ont des noms. Celle du Dragon tient son appellation du dragon gravé dans la roche. Une peluche de cette créature légendaire y est aussi exposée depuis quelques années. Il existe la salle de la Plage pour son sable au sol et « la Vague » d'Hokusai qui a été reproduite sur l'un des murs. Il y a aussi la salle des Cabanis, nom donné par la rue qui se trouve au-dessus et la salle à… Partouzes. Mais pas de partie fine avérée, selon les policiers.
Jeux de société et séances de spiritisme
Les agents s'arrêtent devant une chatière, un passage étroit qui permet d'accéder à la salle Trépanus. Il faut ramper sur une dizaine de mètres pour arriver de l'autre côté. Ils savent qu'un jeune homme a élu domicile ici et veulent vérifier. Adrien, l'un des agents, l'a rencontré une fois : « Il doit être étudiant. On lui a demandé de partir. » Mais apparemment, il est revenu. Cette grande salle est aménagée. Dans un seau, du sel et du poivre. Dans un coin, moment de vie, les policiers découvrent un jeu Monopoly.
Sylvie demande à l'un de ses gars : « Tu peux regarder derrière cette pierre ? On dirait qu'elle a été ajoutée. » Rien. Sur les murs, des peintures rupestres modernes qui font un peu penser aux grottes de Lascaux, quelques feuilles de cannabis dessinées et, accrochée à la paroi, une planche de ouija – plaque en bois avec lettres et chiffres inscrits servant dans les séances de spiritisme. Un peu plus au fond, le coin toilettes.
A l'opposé, le duvet et le hamac dissimulés dans une entaille. Les policiers déplient, regardent. Une petite boîte en métal contient des « toncar », morceaux de carton servant de filtre dans un joint, une petite peluche du poisson Nemo. Mais rien de prohibé. Il y a aussi un exemplaire du magazine Society. Les policiers repartent. Le « locataire » des lieux verra qu'ils sont passés chez lui.
Un peu partout dans ces galeries, des canettes de bières ont été laissées. Des déchets de fumigènes aussi. « C'est parfois utilisé contre nous, lâche un policier. Un jour, ils ont allumé des fumigènes pour pouvoir s'enfuir. On était bloqués, on ne voyait pas à deux mètres. »
Des cataphiles de 13 à 72 ans
Dans un puits qui débouche sur la surface, une corde lisse pour un accès sportif au site… Selon les estimations, le noyau dur des cataphiles compte environ 500 personnes, allant « du collégien au chef d'entreprise ou au chirurgien en passant par la personne sans emploi », raconte Sylvie. En quinze ans, le plus jeune qu'elle a contrôlé avait 13 ans et le plus vieux 72 ans.
Pourtant, les accidents sont rares, du moins rarement déclarés. « Ils s'aident entre eux ou appellent directement les pompiers. C'est beaucoup de bobologie, des gens qui se cognent la tête », reprend Sylvie. Quant aux plans de recherche qui mobilisent quarante personnes, ils sont également peu répandus. Les cataphiles se perdent peu. « Depuis que je descends, le plan a été déclenché trois fois », se souvient le major.
La patrouille ne croisera personne ce jour-là. « Je suis sûre qu'il y a quelqu'un en ce moment, c'est toujours le cas », estime Sylvie. Son flair ne l'a pas trompée. Ses quatre autres collègues patrouillant dans un secteur différent au même moment ont croisé le chemin de trois étudiants en pleine exploration.
« Il y a plus de monde la nuit, poursuit Sylvie. En journée, les gens que nous rencontrons sont davantage des personnes qui veulent être tranquilles. » Et qui pensent déjouer le confinement à l'abri des regards

[*][/url]
[url=http://www.kiosque.leparisien.fr/]


https://www.leparisien.fr/paris-75/artis...430119.php

«Artiste, autiste, anarchiste» : Misti a fait des catacombes de Paris son atelier et son refuge
Cette ancienne institutrice, autiste Asperger dotée d’une intelligence hors normes, trouve dans ce monde souterrain apaisement et créativité. Rencontre avec une figure de la communauté des «cataphiles».
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[Image: X5AQXCC6VEH43TQXFARMFVEWRA.jpg] Misti, 43 ans, descend dans les catacombes interdites de Paris depuis ses 16 ans. Elle peint sur les murs et décore les anciennes carrières aux pastels. LP/Yann Foreix









Par Pauline Darvey 
Le 29 mars 2021 à 06h14, modifié le 29 mars 2021 à 06h18
Il a fallu soulever une plaque sur un trottoir sans se faire remarquer. Descendre un à un les barreaux d'une échelle. Ramper à travers un passage étroit creusé dans une solide couche de calcaire. Puis emprunter un escalier en colimaçon pour y arriver enfin. Les catacombes se méritent.
LIRE AUSSI > Dans les catacombes de Paris, policiers et «cataphiles» jouent au chat et à la souris

A 15 mètres sous le pavé parisien, quelque 300 kilomètres de galeries interdites composent ce labyrinthe des profondeurs. En surface, le couvre-feu a sonné depuis deux bonnes heures. Les demi-lunes noisette de Misti se plissent un peu plus sous sa frontale. Elle sourit. Ici, dans ce royaume souterrain, elle est chez elle.
Une joie juvénile agite sa gouaille haut perchée. « Depuis ce matin, je suis toute excitée à l'idée de descendre. » Ses 28 ans de « cataphilie » et ses centaines d'excursions n'y changent rien. Chaque plongée semble être la première.
«Ici, il y a moins de bruit, moins de codes»
Dans ce cocon, l'ancienne institutrice déploie ses ailes d'artiste. C'est dans le tumulte de la ville que l'angoisse remonte. Misti s'est toujours su à part, en décalage avec le monde d'en haut. Il y a deux ans, à l'aube de ses 42 ans, elle a pu poser un diagnostic sur ses différences : autisme Asperger à haut potentiel. Soulagement. Elle comprend qu'elle n'est pas folle. Mais qu'elle pense différemment, comme « les gauchers se distinguent des droitiers ».
VIDÉO. Dans les catacombes interdites de Paris avec Misti, «artiste, autiste, anarchiste»
L'obscurité, l'eau qui monte parfois jusqu'aux cuisses, les chatières qu'il faut traverser ventre à terre, les téléphones qui cherchent désespérément du réseau... Les anciennes carrières de Paris peuvent en faire cauchemarder certains. Pour Misti, c'est une bouffée d'air, un refuge. « J'ai besoin des catacombes. Je m'y sens libre. Ici, il y a moins de bruit, moins de lumière et moins de codes. »
Au fil des descentes, elle en a fait son atelier. Sans doute le plus vaste de la capitale. A la lueur des bougies, elle peint à la bombe sur les murs. Elle dessine aussi « les catas » aux pastels sur son chevalet portatif. Puis elle transporte ses œuvres jusqu'à la surface pour les exposer et les vendre.

Pendant des années, son intelligence au-dessus de la moyenne lui permet d'entrer au forceps dans le moule. « Je voyais que j'avais des facilités. A l'école, je me promenais. Et, en même temps, je me sentais complètement débile dans des situations de communications ultra-simples. »
Elle part en excursion deux à trois fois par mois
L'énergique quadra en parle comme elle est, sans filtre. Avec pour seul rempart sa sensibilité, qui affleure sur son visage encore enfantin. « Mon autisme fait que j'ai beaucoup de mal en société, je sature très vite. »
La crise sanitaire n'a pas bouleversé ce mode de vie. Elle continue à descendre deux à trois fois par mois dans son repaire. Sans avoir « la peur du Ktaflic ». En vingt-huit ans de descente, elle a écopé d'une seule amende lors d'une fête clandestine.
Pour le reste, elle hausse les épaules. « Le Covid n'a rien changé. Je vis déjà recluse. » Il y a une dizaine d'années, elle s'est mise au vert à Château-Landon, aux confins de la Seine-et-Marne. De sa terrasse baignée de soleil, elle n'a qu'à lever les yeux pour apercevoir le clocher de ce petit village perché sur une falaise. « La campagne pour moi, c'est comme les catas : une nécessité. »
Les rues bouillonnantes et populaires de son enfance dans le XIXe arrondissement de Paris sont à plus de 100 kilomètres. A l'époque, Misti n'existe pas encore. C'est une certaine Frédérique Bourdon qui grandit dans ce quartier des Buttes-Chaumont. Son père est programmateur informatique dans une imprimerie. Sa mère fait de la mise en page. L'ado – aussi brillante que mal dans sa peau – s'ennuie à l'école et enrage contre la société.
A l'âge de 16 ans, c'est la révélation
Elle devra attendre ses 16 ans pour naître une seconde fois, dans le ventre de Paris. Ce samedi de mai 1993, Frédérique et sa petite sœur ont rendez-vous au métro Convention avec des copains rencontrés quelques mois plus tôt. « Ils nous avaient parlé de galeries à 15 mètres sous terre. On les prenait pour des mythos. »
Ses mains miment la flamme vacillante quand elle raconte la suite. « Notre guide avait une lampe à acétylène. La lumière épousait la forme des galeries et bougeait au rythme de la marche. Ça m'a complètement hypnotisée. Je suis tombée immédiatement amoureuse des lieux. »

[Image: 3ZH5C46P2N5HNSCBPRMDGJ76GU.jpg]Misti a commencé une fresque dans l’une des salles des catacombes. Elle reproduit l’un de ses pastels sur les murs. /LP/Yann Foreix  
Depuis gamine, Frédérique traîne dans les friches, dans les parkings ou sur les toits. Ses parents l'emmènent crapahuter dans les caillasses montagneuses l'été. Elle est tout de suite à l'aise sur ce nouveau terrain de jeu.
En bas, chacun se choisit une nouvelle identité. « On ne parle jamais de ce qu'on fait à la surface, glisse un cataphile averti. Il y a toutes les classes sociales mais ici ça n'a pas d'importance et ça ne se voit pas. » La lycéenne aime le thé, son surnom sera Misti (« Miss Tea »). Pendant plusieurs mois, le même petit groupe explore le Paris souterrain. Puis l'enthousiasme des débuts s'émousse. « Comme plus personne ne voulait m'accompagner, j'ai commencé à descendre seule. »
A l'époque, elle est l'une des rares femmes à oser l'aventure
Les cartes des carrières se refilent sous le manteau. Il faut montrer patte blanche. La jeune Parisienne dégote son premier plan qu'elle affiche sur le mur de sa chambre. Elle apprend à se perdre et à se retrouver dans ce dédale.
Il y a trois décennies, Misti était l'une des rares femmes à s'aventurer dans ces abysses. Elle est désormais une figure des carrières, « l'une des gardiennes du temple ». Ceux qui ne l'ont jamais croisée connaissent ses dragons qui s'affichent sur le calcaire humide. D'autres collectionnent ses « catatracts ». Une vieille tradition dans le milieu. Les cataphiles déposent des petits mots, des invitations, des slogans ou des dessins dans les recoins des galeries. « C'est comme un réseau social mais sans écran d'ordi », s'amuse un connaisseur.

[Image: HTVE66OZAEVSMBO7XOEOCIZEMU.jpg]Misti a commencé à dessiner pour réaliser des «catatracts». Des petits mots ou des dessins que les cataphiles déposent et échangent dans les anciennes carrières. /Misti  
Au départ, Misti a pris les crayons pour ça. « J'ai commencé par laisser des poèmes. Puis les tracts sont devenus ma motivation pour dessiner. » L'idée de peindre ce monde souterrain sur place arrive quelques années plus tard. Misti se forme à la technique des pastels avec la Société des pastellistes de France. Puis elle adapte son « outillage » à l'humidité et aux contraintes des lieux. « Il me fallait quelque chose de léger et de solide pour pouvoir descendre et remonter. » En bas, elle capte des scènes de vie ou des paysages qui émergent dans la pénombre.
Elle sème désormais à chaque passage des dizaines de reproductions miniatures plastifiées de ses œuvres. « Des catatracts de luxe » qui font le bonheur des amateurs. Collibri en a déjà toute une collection. Ce soir-là, ce Parisien de 17 ans passe par hasard par l'une des salles où l'artiste débute une fresque. Sous ses cheveux bouclés, ses grands yeux noirs s'allument. « Depuis le temps que je voulais vous croiser, c'est incroyable. J'admire ce que vous faites. »
«Si je ne peux plus descendre, j'entre au monastère !»
Il y a deux ans, Awalp – 28 ans, dont huit de cataphilie – est lui aussi tombé sur cette paysagiste de l'ombre au hasard d'une galerie. « Elle peignait toute seule avec son petit trépied et sa bougie, se souvient le graffeur. C'est la seule à faire ça. Sa manière de travailler m'a beaucoup impressionné. Quand on voit ses toiles, on est dans les catas. Elle rend très bien l'ambiance. »

[Image: 4VM3ZVWUMWTJ4YT2M5XUF4GDRI.jpg]«Quand on voit ses toiles, on est dans les catas. Elle rend très bien l’ambiance», admire Awalp, un graffeur adepte des catacombes. /Misti  
En 2014, Misti a quitté l'Education nationale pour vivre de son art. Un cadre plus libre, moins formaté. « Ici, il n'y a pas de chef. D'ailleurs, je le revendique : je suis artiste, autiste, anarchiste. » La joie a remplacé la colère. Une bombe dans une main, une frontale autour de la tête, Misti jubile. « Je suis très heureuse de mon parcours. »
« C'est quelqu'un d'enjoué, assure Flora, sa fille. Quand ça ne va pas trop, elle part se balader. Elle chante un p'tit coup de Voyage voyage en rentrant et tout va bien. » La collégienne de 14 ans a testé le Paris souterrain. « Humide et noir », tranche-t-elle. Ce n'est pas son truc. Mais elle comprend pourquoi sa « mère sensible » a tant besoin de s'y évader.
Il est bientôt minuit. Misti remballe. Elle reviendra achever sa fresque en trompe-l'œil dans quelques jours. L'espace d'un instant, son visage se fige. Elle imagine un monde sans catacombes. Le sourire revient déjà. Misti a un plan B. « Si je ne peux plus descendre, j'entre au monastère direct ! »

https://www.dailymotion.com/video/x808nx7

-Bhv-
-Allo Allah ?... C'est Ali ?... Ahmed alors !-
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Île-de-France & Oise,Paris
«Artiste, autiste, anarchiste» : Misti a fait des catacombes de Paris son atelier et son refuge
Cette ancienne institutrice, autiste Asperger dotée d’une intelligence hors normes, trouve dans ce monde souterrain apaisement et créativité. Rencontre avec une figure de la communauté des «cataphiles».
Misti, 43 ans, descend dans les catacombes interdites de Paris depuis ses 16 ans. Elle peint sur les murs et décore les anciennes carrières aux pastels. LP/Yann Foreix
Par Pauline Darvey
Le 29 mars 2021 à 06h14, modifié le 30 mars 2021 à 10h05
Il a fallu soulever une plaque sur un trottoir sans se faire remarquer. Descendre un à un les barreaux d'une échelle. Ramper à travers un passage étroit creusé dans une solide couche de calcaire. Puis emprunter un escalier en colimaçon pour y arriver enfin. Les catacombes se méritent.
LIRE AUSSI > Dans les catacombes de Paris, policiers et «cataphiles» jouent au chat et à la souris
A 15 mètres sous le pavé parisien, quelque 300 kilomètres de galeries interdites composent ce labyrinthe des profondeurs. En surface, le couvre-feu a sonné depuis deux bonnes heures. Les demi-lunes noisette de Misti se plissent un peu plus sous sa frontale. Elle sourit. Ici, dans ce royaume souterrain, elle est chez elle.
Une joie juvénile agite sa gouaille haut perchée. « Depuis ce matin, je suis toute excitée à l'idée de descendre. » Ses 28 ans de « cataphilie » et ses centaines d'excursions n'y changent rien. Chaque plongée semble être la première.
«Ici, il y a moins de bruit, moins de codes»
Dans ce cocon, l'ancienne institutrice déploie ses ailes d'artiste. C'est dans le tumulte de la ville que l'angoisse remonte. Misti s'est toujours su à part, en décalage avec le monde d'en haut. Il y a deux ans, à l'aube de ses 42 ans, elle a pu poser un diagnostic sur ses différences : autisme Asperger à haut potentiel. Soulagement. Elle comprend qu'elle n'est pas folle. Mais qu'elle pense différemment, comme « les gauchers se distinguent des droitiers ».
VIDÉO. Dans les catacombes interdites de Paris avec Misti, «artiste, autiste, anarchiste»
L'obscurité, l'eau qui monte parfois jusqu'aux cuisses, les chatières qu'il faut traverser ventre à terre, les téléphones qui cherchent désespérément du réseau... Les anciennes carrières de Paris peuvent en faire cauchemarder certains. Pour Misti, c'est une bouffée d'air, un refuge. « J'ai besoin des catacombes. Je m'y sens libre. Ici, il y a moins de bruit, moins de lumière et moins de codes. »
Au fil des descentes, elle en a fait son atelier. Sans doute le plus vaste de la capitale. A la lueur des bougies, elle peint à la bombe sur les murs. Elle dessine aussi « les catas » aux pastels sur son chevalet portatif. Puis elle transporte ses œuvres jusqu'à la surface pour les exposer et les vendre.
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Pendant des années, son intelligence au-dessus de la moyenne lui permet d'entrer au forceps dans le moule. « Je voyais que j'avais des facilités. A l'école, je me promenais. Et, en même temps, je me sentais complètement débile dans des situations de communications ultra-simples. »
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L'énergique quadra en parle comme elle est, sans filtre. Avec pour seul rempart sa sensibilité, qui affleure sur son visage encore enfantin. « Mon autisme fait que j'ai beaucoup de mal en société, je sature très vite. »
La crise sanitaire n'a pas bouleversé ce mode de vie. Elle continue à descendre deux à trois fois par mois dans son repaire. Sans avoir « la peur du Ktaflic ». En vingt-huit ans de descente, elle a écopé d'une seule amende lors d'une fête clandestine.
Pour le reste, elle hausse les épaules. « Le Covid n'a rien changé. Je vis déjà recluse. » Il y a une dizaine d'années, elle s'est mise au vert à Château-Landon, aux confins de la Seine-et-Marne. De sa terrasse baignée de soleil, elle n'a qu'à lever les yeux pour apercevoir le clocher de ce petit village perché sur une falaise. « La campagne pour moi, c'est comme les catas : une nécessité. »
Les rues bouillonnantes et populaires de son enfance dans le XIXe arrondissement de Paris sont à plus de 100 kilomètres. A l'époque, Misti n'existe pas encore. C'est une certaine Frédérique Bourdon qui grandit dans ce quartier des Buttes-Chaumont. Son père est programmateur informatique dans une imprimerie. Sa mère fait de la mise en page. L'ado – aussi brillante que mal dans sa peau – s'ennuie à l'école et enrage contre la société.
A l'âge de 16 ans, c'est la révélation
Elle devra attendre ses 16 ans pour naître une seconde fois, dans le ventre de Paris. Ce samedi de mai 1993, Frédérique et sa petite sœur ont rendez-vous au métro Convention avec des copains rencontrés quelques mois plus tôt. « Ils nous avaient parlé de galeries à 15 mètres sous terre. On les prenait pour des mythos. »
Ses mains miment la flamme vacillante quand elle raconte la suite. « Notre guide avait une lampe à acétylène. La lumière épousait la forme des galeries et bougeait au rythme de la marche. Ça m'a complètement hypnotisée. Je suis tombée immédiatement amoureuse des lieux. »
Misti a commencé une fresque dans l’une des salles des catacombes. Elle reproduit l’un de ses pastels sur les murs. /LP/Yann Foreix
Misti a commencé une fresque dans l’une des salles des catacombes. Elle reproduit l’un de ses pastels sur les murs. /LP/Yann Foreix
Depuis gamine, Frédérique traîne dans les friches, dans les parkings ou sur les toits. Ses parents l'emmènent crapahuter dans les caillasses montagneuses l'été. Elle est tout de suite à l'aise sur ce nouveau terrain de jeu.
En bas, chacun se choisit une nouvelle identité. « On ne parle jamais de ce qu'on fait à la surface, glisse un cataphile averti. Il y a toutes les classes sociales mais ici ça n'a pas d'importance et ça ne se voit pas. » La lycéenne aime le thé, son surnom sera Misti (« Miss Tea »). Pendant plusieurs mois, le même petit groupe explore le Paris souterrain. Puis l'enthousiasme des débuts s'émousse. « Comme plus personne ne voulait m'accompagner, j'ai commencé à descendre seule. »
A l'époque, elle est l'une des rares femmes à oser l'aventure
Les cartes des carrières se refilent sous le manteau. Il faut montrer patte blanche. La jeune Parisienne dégote son premier plan qu'elle affiche sur le mur de sa chambre. Elle apprend à se perdre et à se retrouver dans ce dédale.
Il y a trois décennies, Misti était l'une des rares femmes à s'aventurer dans ces abysses. Elle est désormais une figure des carrières, « l'une des gardiennes du temple ». Ceux qui ne l'ont jamais croisée connaissent ses dragons qui s'affichent sur le calcaire humide. D'autres collectionnent ses « catatracts ». Une vieille tradition dans le milieu. Les cataphiles déposent des petits mots, des invitations, des slogans ou des dessins dans les recoins des galeries. « C'est comme un réseau social mais sans écran d'ordi », s'amuse un connaisseur.
Misti a commencé à dessiner pour réaliser des «catatracts». Des petits mots ou des dessins que les cataphiles déposent et échangent dans les anciennes carrières. /Misti
Misti a commencé à dessiner pour réaliser des «catatracts». Des petits mots ou des dessins que les cataphiles déposent et échangent dans les anciennes carrières. /Misti
Au départ, Misti a pris les crayons pour ça. « J'ai commencé par laisser des poèmes. Puis les tracts sont devenus ma motivation pour dessiner. » L'idée de peindre ce monde souterrain sur place arrive quelques années plus tard. Misti se forme à la technique des pastels avec la Société des pastellistes de France. Puis elle adapte son « outillage » à l'humidité et aux contraintes des lieux. « Il me fallait quelque chose de léger et de solide pour pouvoir descendre et remonter. » En bas, elle capte des scènes de vie ou des paysages qui émergent dans la pénombre.
Elle sème désormais à chaque passage des dizaines de reproductions miniatures plastifiées de ses œuvres. « Des catatracts de luxe » qui font le bonheur des amateurs. Colibri en a déjà toute une collection. Ce soir-là, ce Parisien de 17 ans passe par hasard par l'une des salles où l'artiste débute une fresque. Sous ses cheveux bouclés, ses grands yeux noirs s'allument. « Depuis le temps que je voulais vous croiser, c'est incroyable. J'admire ce que vous faites. »
«Si je ne peux plus descendre, j'entre au monastère !»
Il y a deux ans, Awalp – 28 ans, dont huit de cataphilie – est lui aussi tombé sur cette paysagiste de l'ombre au hasard d'une galerie. « Elle peignait toute seule avec son petit trépied et sa bougie, se souvient le graffeur. C'est la seule à faire ça. Sa manière de travailler m'a beaucoup impressionné. Quand on voit ses toiles, on est dans les catas. Elle rend très bien l'ambiance. »
«Quand on voit ses toiles, on est dans les catas. Elle rend très bien l’ambiance», admire Awalp, un graffeur adepte des catacombes. /Misti
«Quand on voit ses toiles, on est dans les catas. Elle rend très bien l’ambiance», admire Awalp, un graffeur adepte des catacombes. /Misti
En 2014, Misti a quitté l'Education nationale pour vivre de son art. Un cadre plus libre, moins formaté. « Ici, il n'y a pas de chef. D'ailleurs, je le revendique : je suis artiste, autiste, anarchiste. » La joie a remplacé la colère. Une bombe dans une main, une frontale autour de la tête, Misti jubile. « Je suis très heureuse de mon parcours. »
« C'est quelqu'un d'enjoué, assure Flora, sa fille. Quand ça ne va pas trop, elle part se balader. Elle chante un p'tit coup de Voyage voyage en rentrant et tout va bien. » La collégienne de 14 ans a testé le Paris souterrain. « Humide et noir », tranche-t-elle. Ce n'est pas son truc. Mais elle comprend pourquoi sa « mère sensible » a tant besoin de s'y évader.
Il est bientôt minuit. Misti remballe. Elle reviendra achever sa fresque en trompe-l'œil dans quelques jours. L'espace d'un instant, son visage se fige. Elle imagine un monde sans catacombes. Le sourire revient déjà. Misti a un plan B. « Si je ne peux plus descendre, j'entre au monastère. Je ne vois que ça... »
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Alan
Subterranologie.com
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Eldiablo9903
Krahoc
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Tanière
c'est tellement de la merde , la cerise sur le gâteau étant la musique abrutissante.
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Krahoc
Shadal
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vla le trip de ouf
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2006
Beach
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Plongées souterraines impressionantes dans un patrimoine oublié ...

https://france3-regions.francetvinfo.fr/...38045.html
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(Dim. 11 Avr. 2021, 21:33)Sagarmatha a écrit : Plongées souterraines impressionantes dans un patrimoine oublié ...

https://france3-regions.francetvinfo.fr/...38045.html

C'est sympa de se présenter dans le sujet idoine!
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BiBi
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(Lun. 12 Avr. 2021, 08:08)BiBi a écrit :
(Dim. 11 Avr. 2021, 21:33)Sagarmatha a écrit : Plongées souterraines impressionantes dans un patrimoine oublié ...

https://france3-regions.francetvinfo.fr/...38045.html

C'est sympa de se présenter dans le sujet idoine!

Pas faux !

Pour info, je me suis présenté il y a longtemps, très longtemps (regarde la date d'inscription).
J'avais également participé à plusieurs post sur les ardoisières et sur le GRP ... mais visiblement j'ai été trop longtemps inactif ici !

On va voir pour remédier à ça Wink
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https://www.cnews.fr/videos/france/2021-...es-1069874


A Paris, la police traque les curieux dans les catacombes

Avec la crise sanitaire, de nombreux jeunes cherchent à se réunir et échapper aux contrôles. A Paris, les catacombes accueillent tous les soirs des curieux. Des policiers ont pour mission de les débusquer. On les appelle les «Cataflics». Nous les avons suivis lors d'une patrouille.
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Dave
KdK
Krahoc
lamer
LOUL
Papi
PeteParada
plysdn
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"Les déchets, l'odeur d'excréments et l'humidité".

C'est très bien décrit.

-Bhv-
-Allo Allah ?... C'est Ali ?... Ahmed alors !-
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3
Beach
nico18
saintloup
https://actu.fr/ile-de-france/paris_7505...56754.html

VIDÉO. Il sillonne les catacombes de Paris avec son VTT pour des images à couper le souffle

Avec interview de l'intéressé
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https://www.lejsl.com/faits-divers-justi...1620421167

Une douzaine de sapeurs-pompiers de Cluny, Dompierre-les-Ormes et Mâcon sont intervenus, à partir de 19 h 30, ce vendredi soir, à l'intérieur du sanatorium abandonné de Bergesserin, dans le Clunisois.

A l'origine suspecte, un feu de detritus (bois, laine de verre...) accumulés dans une ancienne cage d'ascenseur s'y est déclaré. Une patrouille de gendarmerie était également sur place. Désaffecté depuis 2008, prisé des pratiquants d'urbex, l'imposant complexe est la cible de nombreux actes de vandalisme.
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plysdn
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Citation :Le numéro de téléphone à 10 chiffres fête ses 25 ans
Camille Lestienne - Publié à 06:00
https://www.lefigaro.fr/histoire/archive...s-20211018

LES ARCHIVES DU FIGARO – Le 18 octobre 1996, à 23 heures, la France rajoutait deux chiffres à la numérotation téléphonique. L'aboutissement d'un siècle de progrès et de diffusion des services téléphoniques.

«Ce soir les Français compteront jusqu'à 10», annonce Le Figaro le 18 octobre 1996. A 23 heures en effet, «avec une précision du milliardième de seconde, les 1335 centraux électroniques du réseau commute national se reprogrammeront automatiquement pour prendre en compte la numérotation à dix chiffres ». Les Français devront alors s'habituer à rajouter deux chiffres distincts selon la zone d'habitation. Du 01 pour l'Ile-de-France au 05 pour le quart sud-ouest de la France. Le 06 est attribué aux services mobiles, GSM et Bi-Bop [1] . Le 16 entre la Province et Paris disparaît, tout comme le 19 vers l'étranger et les TOM, remplacé par le 00. Il s'agit alors de s'adapter à l'explosion des services de télécommunications et préparer l'ouverture à la concurrence. Il y a alors 32 millions d'abonnés et la demande de nouveaux numéros est évaluée à un million par an.

L'ère des demoiselles du téléphone

Un siècle plus tôt, en 1893, les premiers numéros faisaient leur apparition dans les grands centres de province puis trois ans plus tard dans les centres Passy et Wagram de Paris. Les abonnés se comptent alors en milliers dans la capitale alors que le premier réseau est apparu en 1880. C'est l'éclosion des «demoiselles du téléphone», célébrées dans les colonnes du Figaro par Marcel Proust [2] , mais bien plus souvent accusées de tous les maux quand l'appel n'aboutit pas. Le métier pourtant est dur. Ces jeunes femmes, recrutées sur concours et prioritairement filles, femmes ou sœurs d'employés des postes, sont de service sept heures d'affilée. Longtemps debout, elles gagnent dans les années 1890 le doit d'être assises avec des installations plus modernes. La bouche face à une plaque en forme de cornet, les récepteurs «collés aux oreilles au moyen d'un ressort d'acier qui passe sur la nuque», elles manient avec une « dextérité prodigieuse, raconte Le Figaro en 1896, les tiges qui sont placées dans les Jack et qui sont enlevées dès que la communication est terminée ». L'appelant qui auparavant devait donner le nom et l'adresse de l'abonné n'a plus qu'à donner le numéro de son abonnement composé de cinq chiffres. Pour joindre Le Figaro par exemple, il fallait demander en 1908 le 102.46.

Automatisation et postes à cadran

À partir de 1912, les numéros se composent du nom complet du central et d'un numéro mais dès l'année suivante, une petite révolution pose ses premiers jalons. À Nice, les premiers essais du téléphone automatique inventé par l'américain Almon B. Strowger sont tentés en octobre 1913. L'abonné peut alors composer lui-même le numéro de son correspondant. La généralisation du système cependant se fait lentement, laissant coexister encore longtemps centraux manuels et automatiques. Ce n'est qu'en 1928 que le téléphone automatique débute son installation à Paris, d'abord sur le central Carnot. Les numéros sont alors composés des trois premières lettres du central — CAR pour Carnot, ODE pour Odéon — suivies de deux fois deux chiffres. En 1932, Le Figaro installé au rond-point des Champs-Élysées est joignable aux ELYsées-98-31 jusqu'au 98-38. Les abonnés sont alors dotés de postes à cadran «présentant une couronne de fenêtres circulaires où sont inscrits les chiffres et les lettres».

Un retard phénoménal

En 1955, il est décidé d'arrêter l'emploi des lettres pour la numérotation qui passe à six chiffres au niveau régional accompagné d'un préfixe de deux chiffres désignant le département. La région parisienne attend 1963. Paris passe alors à sept chiffres. Le fameux BALzac 00-01 de Jean Mineur publicité [3] bien connu des cinéphiles devient 225-00-01. La France accuse toutefois un retard phénoménal dans le déploiement des lignes téléphoniques. En 1968, 15,2% des ménages seulement sont équipés, 11% dans les communes rurales, moins de 4% chez les ouvriers. Les appels se passent encore bien souvent dans les bureaux de poste immortalisés par le sketch de Fernand Reynaud, le «22 à Asnières». [4] Les téléphonistes sont encore bien souvent aux manettes jusque dans les années 70.

Passage à huit chiffres puis dix

En 1985 enfin, un nouveau plan de numérotation est mis en place le 25 octobre. Les numéros passent à huit chiffres pour les 23 millions d'abonnés que compte le pays. Paris et sa banlieue, déjà à sept chiffres gagnent le préfixe 4, 6 ou 3, Lyon et sa région le 7, la Moselle le 8. Ailleurs c'est le préfixe régional à deux chiffres qui s'ajoute. «90% des ménages disposent à présent du téléphone, se félicite Le Figaro, et au rythme d'un million de lignes par an, la France sera totalement équipée en 1987.» Les délais de raccordement qui pouvaient être de plusieurs années dans les années 60 sont maintenant satisfaits en moins de 15 jours pour 80% des demandes. Entre-temps des efforts considérables ont été menés grâce au plan d'action prioritaire imposé par Valéry Giscard d'Estaing en 1974 et suivi ensuite par le gouvernement socialiste. En dix ans, de 1975 à 1985, 150 milliards de francs ont été investis, permettant à la France de rattraper ses voisins européens avec 40,5 lignes principales pour 100 habitants.

Mais voilà, onze ans plus tard, les huit chiffres ne suffisent déjà plus. On passe à dix, un nouveau système qui devrait permettre de faire face à la demande jusqu'en 2040 selon France Télécom qui, pour l'occasion, orchestre une vaste campagne de communication de six mois et de 120 millions de francs. «Actuellement, 32 millions d'abonnés sont raccordés, décrypte Le Figaro, et la demande reste explosive, dépassant un million de nouveaux numéros par an. Et cela ne semble pas près de s'arrêter : banalisation du fax, généralisation du téléphone portable, vogue croissante des raccordements à internet et choix entre différents opérateurs privés ». Car l'ouverture à la concurrence se profile pour le 1 er janvier 1998.

En attendant, le jour J, à l'heure H, 3500 agents de la compagnie dont 2000 techniciens sont sur le pont pour le grand basculement. Qui se souvient qu'à cet instant-là disparaissait aussi la succession de petits bips qui suivait la composition du numéro ?

Le Figaro.fr: - https://www.lefigaro.fr/histoire/archive...s-20211018
1) https://www.lefigaro.fr/secteur/high-tec...rtable.php
2) https://www.lefigaro.fr/histoire/archive...ephone.php
3) http://evene.lefigaro.fr/celebre/biograp...-24383.php
4) https://fr-fr.facebook.com/Ina.fr/videos...358840243/
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Big Grin
https://www.leparisien.fr/sports/footbal...K7ARFM.php
...
https://www.facebook.com/photographie.souterraine/
"Les catacombes disparaîtront sous les injections. Les cataphiles disparaîtront sous leurs déjections" (Nostradamus)
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