Citation :Déchets nucléaires : le chantier du laboratoire souterrain de Bure redémarre
Les opérations de creusement ont repris sur le site du laboratoire souterrain d'études sur le stockage de déchets nucléaires de Bure (Meuse), arrêté l'an dernier à la suite d'un accident mortel, a-t-on appris mercredi auprès de l'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA).
Selon une porte-parole de l'ANDRA, les opérations ont repris fin avril sur le puits auxiliaire, arrivé à 180 m de profondeur, et le 26 mai sur le puits principal, à 230 m de profondeur.
Six tirs d'explosifs ont eu lieu depuis sur le chantier, qui a repris après la mise aux normes des appareils et qui est suivi par trois experts miniers sud-africains, spécialistes du creusement en grande profondeur.
Les travaux sont effectués par le Groupement Fond Est (GFE) pour le compte de l'ANDRA.
L'objectif, a précisé la porte-parole, est d'équiper une niche à 450 mètres de profondeur au second semestre 2004 afin de "pouvoir étudier les propriétés de la couche profonde en grandeur réelle" et alimenter le débat parlementaire sur la possibilité de stocker des déchets nucléaires à grande profondeur, dans une couche argileuse.
Le stockage profond des déchets nucléaires est actuellement interdit en France.
Le chantier de Bure avait été arrêté en juin 2002 par le juge des référés du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, suite à la mort le 15 mai d'un ouvrier écrasé dans le puits principal par un tube d'aération d'environ 400 kg.
De son côté le collectif d'associations Bure-Stop, qui milite contre l'enfouissement des déchets nucléaires à Bure, a dénoncé "l'hypocrisie et le débat bidon" qui entourent la procédure de sélection du site.
"C'est une entourloupe depuis le début. En 1991, la loi prévoyait plusieurs laboratoires. Aujourd'hui il n'y a qu'un seul site et en 2006 au moment du choix, ce sera Bure", a déclaré mercredi Michel Marie, membre du Comité local d'information et de suivi du projet et porte-parole de Bure-Stop.
Citation :Le laboratoire de Bure plonge à près de 500 m pour les déchets radioactifs
La gestion des déchets radioactifs, très controversée, franchit une nouvelle étape au laboratoire souterrain sur le stockage géologique de Bure (Meuse) o๠de nouvelles installations vont ouvrir à - 490 mètres.
La tranche la plus profonde du laboratoire, o๠est étudiée la faisabilité du stockage en profondeur des déchets les plus radioactifs, à durée de vie très longue, doit ouvrir en septembre, a indiqué mercredi son directeur, Jack Pierre Piguet, à l'occasion d'une visite sur le site du ministre de l'Industrie, François Loos.
Les scientifiques disposent déjà à Bure de laboratoires à - 445 mètres, au sein d'une couche d'argile de 130 m d'épaisseur datant de quelque 150 millions d'années. Les études menées à - 490 m, grâce à des capteurs, leur permettront de confirmer les résultats obtenus sur l'évolution de la roche, la déformation des parois, la conductivité thermique...
Les expériences déjà réalisées ont prouvé la "faisabilité scientifique" d'un stockage géologique dans ces terrains, selon M. Piguet. Le laboratoire n'a pas mission à accueillir des déchets. Aussi, si la solution du stockage géologique était retenue, un autre site devra être creusé dans la région.
Ces expérimentations entrent dans le cadre des recherches sur la gestion des déchets issus de l'industrie nucléaire. François Loos estime qu'il est du "devoir moral des générations présentes (...) d'apporter une réponse" à ce problème.
Le gouvernement doit présenter au Parlement au second trimestre 2006 un projet de loi sur la question. L'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques a déjà affirmé pour sa part dans un rapport publié en mars que le stockage géologique réversible était "incontournable".
Actuellement, les déchets sont placés dans des conteneurs et entreposés en surface. Les conditions de cet entreposage et la séparation/transmutation, les deux autres axes envisagés pour la gestion de ces déchets nucléaires, font l'objet de recherches à Marcoule, un site que M. Loos visitera vendredi.
Le stockage géologique en profondeur étudié à Bure serait utilisé uniquement pour "les déchets de haute activité et à vie longue" (HAVL). Ils représentent à l'heure actuelle, avec leur confinement, 2.000 m3. Soit "le volume d'une piscine olympique", selon François-Michel Gonnot, président de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA), en charge du laboratoire souterrain.
En cas de décision favorable au stockage géologique, les premiers "colis" de déchets ne seraient descendus au fond de galeries souterraines qu'en 2025, après avoir refroidi en piscine.
Le laboratoire de Bure, quant à lui, devrait être terminé dès 2006. Actuellement, les deux puits (- 445 m et - 490 m) sont encore séparés mais leurs galeries seront bientôt connectées.
Depuis le début du chantier, 27 forages profonds ont été réalisés, 30.000 échantillons de roches ont été prélevés et une "carothèque" contient plus de 4 kilomètres de carottes : des informations précieuses sur la géologie du lieu, et notamment les caractéristiques de la roche, de l'argilite, propre au stockage de produits hautement radioactifs.
Les premiers résultats de ces recherches seront un des éléments de discussion du débat sur les "options générales en matière de gestion des déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue" organisé à partir du 12 septembre par la Commission nationale du débat public (CNDP).