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Mar. 13 Mai 2003, 07:49
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Par Pierre MARCELLE
lundi 05 mai 2003
àa existe encore, ce truc-là ? Sans doute, puisque Raffarin en ramena vendredi le niveau d'«orange» à «jaune»... Un peu comme Bison futé, mais en moins bonasse, Vigipirate est une institution venue de temps très anciens, qui évoque l'ordre gardien à la façon d'un ange rassurant. Tel Bison futé sur les routes, Vigipirate s'est installé dans les têtes. Mais qu'est-ce, au juste, que Vigipirate ? A force d'ouvrir poches et pochons, dans les sous-sols ferroviaires, les halls de gare, de magasin ou d'aéroport, sur injonction d'un flic, d'un gendarme, d'un vigile ou d'un militaire aboyant le sésame, on ne sait plus trop. On ouvre son sac et on ferme sa gueule. A force de l'ouvrir et de la fermer, il n'est désormais plus de territoire qui échappe à la juridiction flottante de Vigipirate. Même pas, rue de Richelieu, celui de l'ex-hôtel de Mazarin, o๠s'abrite la vieille Bibliothèque nationale. Sur les pavés de sa cour vénérable, en flagrant attentat contre l'esthétique, l'arbitraire capricieux qui régit Vigipirate a érigé un portail électromagnétique. Comme un rien (monnaie menue, téléphone, étui à lunettes ou boucle de ceinture) l'effraie, le défilé des visiteurs placides de l'exposition enluminée consacrée à Jean Fouquet, peintre médiéval, déclenche immanquablement, dans ce havre, des sonneries acides. Acides et absurdes : qu'une folie furieuse vous prenne d'attenter à l'admirable Déploration de Nouans, de lacérer le sein de la Vierge à l'enfant du Diptyque de Melun, voire de déchirer le Lit de justice de Vendôme, qu'auriez-vous besoin de votre canif (confisqué) ? Une simple clef ferait aussi bien l'affaire, ou, à défaut, vos pieds et vos poings, non ? Faites remarquer cela aux vigilants préposés au portique sonore ; tel, impavide, vous fera remarquer dans un sourire béat que dans le ciel yankee, même un coupe-ongles... Quel rapport ? Vous n'y êtes pas ? Vigipirate, pardi ! Hochez le chef, vous voilà américain. Souriez, vous êtes terroriste.
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