[Morthicia]

2 Jahirange Titien			0

Tout d'abord, les faits:

- 2 chatières ont été creusées, l'une partant d'Arago, et l'autre de la Santé côté du Couchant. Selon toute probabilité, ces chatières visaient à  rejoindre respectivement la salle de la Brasserie, et la salle de l'Impératrice. Je n'ai pas connaissance des deux ou trois tunnels supplémentaires dont parle la presse.

- Il n'a visiblement pas été très difficile de faire ces chatières, puisque derrière le mur traditionnel, les galeries étaient simplement remblayées.

- Les chatières ont été découvertes le 5 aoà»t.

- Je voudrais qu'on m'explique comment un détenu dans sa cellule vingt mètres de calcaire plus haut et quelques mètres plus loin a pu entendre (je cite) "des marteaux-piqueurs", alors que quelques coups de burin bien placés suffisaient à  dégager les pierres du mur traditionnel, une opération vraiment pas très sonore.

- Quant à  faire tout sauter à  l'explosif, moi j'aimerais bien qu'ils amènent des vrais géologues et gens compétents sur place pour expliquer à  ces débiles à  quel point c'est irréalisable et irréaliste.

- Les deux chatières ont dans un premier temps été murées par une consolidation traditionnelle. Il y a trois jours, une société à  priori mandatée par l'IGC a fait sauter ces consolidations, et les chatières et les tronçons de galerie concernées vont être injectés de béton. Merci Mamie Nova.

- L'escalier de la Santé est ouvert 24h/24 depuis plusieurs jours, avec un car de Police qui stationne juste devant et des gars qui se relayent en permanence sous terre dans le périmètre de la Santé. La surveillance est assurée par la 23ème Brigade Sportive de Vincennes.

- La 23ème Brigade Sportive de Vincennes soupçonne ouvertement certains cataphiles d'être responsables à  la fois de la Santé et de Chaillot.

- Pas d'inscription nazies à  Chaillot, mais plutôt une pléiade de symboles: des swastikas à  l'intérieur d'étoiles de David, des croix chrétiennes, etc., bref, plutôt un délire et rien de bien significatif. Par contre, un réseau électrique d'une complexité qui a visiblement bluffé l'EDF, et qui nécessitait des compétences à  priori avancées en la matière.

- Comment je sais tout ça? Ben j'ai été voir de mes yeux, tout simplement, j'ai même une prune "Cas A" pour le prouver. En entendant la 23ème, super pas discrète en haut de l'escalier de la Santé, je me suis dit que j'avais pas envie de me faire sauter dessus et menoter, et je suis allée dire bonjour. La rencontre s'est pour le moins révélée instructive. Il y avait là  un certain Alain, dit Félix the Cat, puisque les gardiens de la paix cataflics qui se prennent pour des cataphiles ont des cata-pseudos... Alain a été formé à  l'école de Saratte, il descendait jadis avec lui, et l'influence se ressent. Il est jovial et causant, curieux de croiser une catafille solo à  6 heures du mat un mardi matin. Chez ceux qui l'accompagnent, c'est mitigé, on a du beaucoup moins sympa et beaucoup plus obtus. Obligé de prévenir la hiérarchie de sa "prise" (terroriste), il m'invite à  emprunter l'escalier de JCS (je me sens très honorée, c'est pas tous les jours que j'utilise l'escalier de la Santé). Je dis que j'ai faim, ils me filent des Petits Ecoliers. J'ai encore faim, alors je sors mon taboulé Fleury Michon et je casse la croà»te devant la plaque ouverte. La 23ème, débonnaire, me souhaite bon appétit. Un coup de talkie, pin-pon dans la jolie voiture blanche à  toute berzingue, et me voilà  à  la 3ème DPJ avenue du Maine. Une palpation plus tard, les gentils gars de la 23ème me confient aux inspecteurs de service de la 3ème DPJ/SARIJ. Et là , quelle chance, le climat change. J'ai face à  moi la plus fine fleur de la bêtise policière: ils sont ignares, obtus, agressifs, gavés de volonté de pouvoir et ils me disent qu'ils vont me garder le maximum de temps, soit quatre heures à  poireauter sur un banc, le temps de vérifier ma pièce d'identité. J'ai l'impression d'être dans un mauvais "Dirty Harry", avec les gars qui mettent des bâtons dans les roues de Clint Eastwood. Je commence à  rigoler, les inspecteurs prennent ça très mal. Ils me demandent pour la troisième fois o๠j'habite, alors que je leur ai déjà  répondu les deux premières fois, et qu'ils ont ma pièce d'identité sous les yeux. Nerveux les gars. On me redescend sur le banc, et je retrouve des flics plus rigolos, un qui me raconte qu'il était spéléo et me parle de son Ariane. D'autres qui jouent les blasés: "Ah, encore les cataphiles". Je m'allonge sur le banc, et je me dis que je vais dormir. Bruits de talkie à  la hiérarchie. Une Julie Lescaut se pointe, très gradée, cordiale. Elle est commandante de la brigade criminelle, quai des Orfèvres, et également chef de la SAT (Section Anti-Terroriste). Là , je commence vraiment à  être flattée. Ca ne rigole plus. Je me demande si l'on va déranger le ministre dans son sommeil (il est 7 heures du mat). Extrait du dialogue. Elle: "Vous êtes entrée par oà¹? C'est quoi cette histoire de tunnels sous la Santé?" Moi: "Vous n'êtes pas au courant?" Elle: "Je suis une béotienne, il faut m'expliquer" Moi: "On en a parlé dans toute la presse, de Chaillot et de la Santé" Elle: "Qu'est-ce qu'il y a à  Chaillot?". Fin de citation. J'ai dà» lui expliquer ce que c'était qu'une carrière et qu'un cataphile. Et elle est en charge du dossier. Elle comprend que je suis (hélas?) totalement inoffensive et donne l'ordre de me laisser partir. Je lui lance: "Vous savez, il n'y a pas de terroristes sous Paris, ce sont des cataphiles qui ont fait ça, et certainement pas dans le but de faire évader des prisonniers". Elle me répond: "Je ne vous crois pas". Je suis médusée devant tant d'absurdité alors que la 23ème a des soupçons bien plus réalistes. Je sors: l'aventure a duré deux heures.

- J'en connais qui en cet instant doivent se frotter les mains de toute cette publicité et de leur joli coup médiatique très réussi. Et pour dire la vérité, à  ce stade de connerie généralisée dans les médias, d'ignorance revendiquée, je commence à  trouver qu'ils ont raison de prendre les gens pour des cons, car les gens sont des cons. On est véritablement devant l'adage "un journal est fait pour le plus bête de ses lecteurs". Et d'ailleurs, puisque toute la France a tellement envie de croire qu'on est des terroristes, des orgiaques, des nazis et des dégénérés, que le danger rôde sous les pieds des parisiens, moi je dis: amenez vos cagoules et vos vierges à  sacrifier, qu'on rigole un coup. Et puis, bordel de merde les gars, la prochaine fois que vous faites un cinéma, invitez-moi, j'ai toujours pas vu Les Gaspards.

Morthicia