Mar. 29 Nov. 2005, 13:07
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Citation :Chine : la colère gronde après le coup de grisou qui a fait 148 morts
QITAIHE (AFP) - 29/11/2005
Des rescapés sortent le 29 novembre 2005 de la mine à Qitaihe - AFP
Le dernier bilan provisoire de la catastrophe minière survenue en Chine dimanche faisait état mardi de 148 morts, tandis que les victimes accusaient la direction de la mine de négligence et que les survivants racontaient leur cauchemar.
Deux jours après le coup de grisou qui a endeuillé la mine de Dongfeng à Qitaihe, dans le nord-est du pays, les espoirs de retrouver les survivants parmi les mineurs manquants étaient minces.
L'agence officielle Chine Nouvelle a annoncé mardi soir que trois mineurs étaient toujours portés disparus. Parmi les 148 décédés, deux ont peri dans l'effondrement d'un bâtiment provoqué par l'explosion, a précisé An Yuanjie, une porte-parole de l'Administration d'Etat pour la sécurité industrielle. Soixante-douze mineurs ont réussi à sortir vivants de cette nouvelle tragédie, assez banale dans un pays qui détient le triste record du genre, mais qui n'en constitue pas moins l'une des pires catastrophes minières de ces dernières années en Chine.
Mo Zhenhai, un ancien paysan de 52 ans, est l'un des miraculés. Dimanche était son premier jour à la mine. "C'était la première fois. Je pensais que c'était pas si mal payé", dit cet homme au visage mat qui témoigne des longues heures passé dans les champs. "Je n'y retournerai jamais", ajoute-t-il, allongé sur un lit d'hôpital de Qitaihe, souffrant de lègères contusions et d'intoxication. Mo raconte la panique qui a suivi l'explosion, les mineurs qui tentaient de se réfugier là o๠le gaz était moins étouffant, les 22 heures à près de mille mètres sous terre o๠il a cru mourir dix fois.
Pour ajouter à son cauchemar, les sauveteurs qui l'ont récupéré l'ont cru mort et l'ont emmené dans un endroit o๠des dizaines de corps étaient empilés. "Une blague, une insulte... Je n'étais pas mort, mais ils m'ont jeté et m'ont laissé", s'énerve Mo, dont le visage s'empourpre. Ding Dongfang, 47 ans, un de ses collègues rescapés, a aussi décidé qu'il ne retournerait pas à la mine, sa vie pendant 22 ans. "C'était effrayant, je n'oublierai jamais", déclare Ding.
Alors qu'aucune explication officielle n'a été fournie sur les causes de l'accident, les familles des victimes accusent la direction des houillères de Dongfeng, qui appartiennent au grand groupe d'Etat Longmei, de n'avoir pas pris les mesures pour éviter l'accident. Assise sur un banc d'hôpital, à côté de son neveu de 18 ans, rescapé lui aussi, Mme Song dénonce la "cupidité" des dirigeants. "Tout ça c'est pour l'argent", explique-t-elle, en essayant d'expliquer pourquoi les mineurs continuaient de descendre au fond des puits dans des conditions de sécurité déficientes.
"Ce sont les patrons qui auraient dà» mourir, pas les ouvriers", enrage-t-elle. Pour la femme de Ning Wenzhou, l'une des 148 victimes, il ne fait aucun doute que la direction doit endosser l'entière responsabilité de la catastrophe. Il n'y a pas de fatalité. "J'ai entendu dire que le niveau de gaz était déjà supérieur à la norme maximale autorisée vers le 20 novembre, mais personne n'a bougé", dit Wu Fenghua. Beaucoup de mines en Chine fonctionnent au mépris des règles élémentaires de sécurité, poussant la production de charbon qui assure encore aujourd'hui 70% des besoins en énergie du pays.
Officiellement, les accidents de mines ont fait 6.000 morts en 2004. Des experts indépendants parlent de 20.000 victimes.
lafouine
http://www.cyberkata.org/
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