Sam. 04 Juin 2005, 16:14
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Citation :On m'a dit qu'il est arrivé un malheur
Buchy, De notre envoyée spéciale
INSUPPORTABLE attente des parents regroupés à une centaine de mètres de l'entrée de la galerie. Le préfet, le procureur et Laurent Fabius, député de Seine-Maritime, se tiennent près d'eux. Parmi les parents, il y a José Lamperrier, le plombier de Buchy, le père de Pierre, treize ans, un des trois enfants partis dans la grotte la veille au soir. Il guette, immobile, le ballet des camions de pompiers. Autour de lui, les amis se pressent. « Ne t'inquiète pas, ce n'est pas fini, s'exclame l'un d'eux en serrant José dans ses bras. Jean-Jacques a dà» récupérer les gosses et se mettre à l'abri avec eux. Les galeries, tu sais bien, qu'il les connait comme sa poche ! »
José le regarde. Il opine de la tête puis, d'une voix douce, remercie et replonge son regard sur la petite route en lacets qui mène jusqu'à l'entrée de la galerie. Il est 13 heures quand Nadine et sa fille arrivent sur place. Interdites, des larmes dans les yeux, elles regardent autour d'elles. Au hasard, Nadine interpelle les gens : « Je suis la sÅur de l'un des garçons. Est-ce qu'on sait o๠en sont les choses ? Ils n'ont pas encore trouvé de corps, n'est-ce pas ? » « C'est mon père qui m'a appelée ce matin, poursuit-elle. Je n'avais pas écouté la radio. Je ne savais rien. Il m'a juste dit : II est arrivé un malheur. Alors, je suis venue sans trop comprendre de quoi il s'agis-sait. » Quelqu'un interrompt Nadine : son frère fait partie des premières victimes mortes dans la galerie en tentant de sauver les enfants. La jeune femme, comme une somnambule, quitte les lieux pour se rendre auprès du corps. Les minutes passent, longuement. On tente de meubler le temps en imaginant tous les scénarios possibles.
« Il y a une chance que Jean-Jacques, qui connaît bien les lieux, se soit réfugié avec les enfants dans un boyau de la galerie », explique un cousin de la famille. Jean-Jacques est le père de l'un des adolescents parti à leur recherche. Chacun se raccroche à cette thèse et se rassure en martelant que « tous les gamins de la région ont fait les quatre cents coups dans ces galeries et s'en sont toujours bien sortis ».
Mais vers 14 h 15, la tension monte encore d'un cran parmi le petit groupe qui, instinctivement, se resserre : « Ils sont en train d'entamer la visite de la dernière partie des galeries. Il ne leur reste pas grand-chose à explorer, annonce José d'une voix blanche. Dans un quart d'heure, vingt minutes, on saura. » Les voix se taisent, les regards essaient de percer la haie que forment les véhicules des pompiers. Il est quinze heures lorsqu'un imperceptible mouvement parmi les secouristes semble se produire. Le préfet sort d'un car servant de poste de commandement, les visages des officiels se ferment. Un peu en retrait, les proches de ceux qui sont toujours dans les galeries semblent pétrifiés. Personne n'ose s'approcher d'eux. Les secondes qui passent semblent une éternité. Finalement, un maire les rejoint et leur annonce que les corps ont été retrouvés. Une plainte déchirante s'échappe du groupe. José, au bras de sa sÅur, se retourne et, sans un regard vers l'entrée de la galerie, quitte les lieux à pied.
Audrey GOUTARD
-- h2o
Sauvez une hague, mangez un cataphile.
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