Ven. 13 Juin 2003, 21:55
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Citation :Libération - Mythes. Des bunkers improbableshttp://www.liberation.fr/page.php?Article=116228
Une volée de missiles, lâchés en pleine nuit, à 2 h 35 GMT, le 20 mars dernier, a ouvert les hostilités contre l'Irak. Vaillants petits soldats de la guerre de propagande, les bataillons de conseillers de la Maison Blanche tirent dans la foulée une salve de «confidences» en direction des journalistes accrédités à la présidence des Etats-Unis. Ils ne lésinent pas, multipliant les «détails» croustillants. «Allons-y !», aurait déclaré George W. Bush donnant, «depuis le Bureau ovale», l'ordre de lancer l'opération Liberté pour l'Irak, à peine «trois minutes avant l'expiration de l'ultimatum» fixé à Saddam pour se démettre.
«Saddam gravement blessé». La première frappe, chirurgicale, vise à «décapiter» la direction irakienne tapie au grand complet dans les tréfonds d'un bunker mais opportunément repéré par les espions de la CIA. Beau roman, reproduit dès le matin dans nombre d'organes de presse qui, tous, citent «un proche collaborateur du Président parlant sous couvert d'anonymat». Dans les jours qui suivent, officiers américains ou britanniques, «sur le terrain», poursuivent la désinformation confiant «amicalement» à des correspondants complaisants leur «conviction» que Saddam Hussein a été soit tué, soit «gravement blessé» lors de ce bombardement.
La réapparition télévisée du raà¯s irakien en grand uniforme, appelant «le peuple irakien héroà¯que à résister à l'envahisseur», entame un peu les certitudes. Certains «experts» émettent des doutes quant à l'authenticité de l'enregistrement comme ils barguigneront sur ceux qui suivront, croyant déceler un sosie ou des vêtements hors de saison dans l'assistance. Mais les clones de Saddam Hussein n'ont jamais été retrouvés.
Mort au restaurant. Pas plus que le dictateur ou sa famille, qui auraient pourtant été tués une seconde fois lors du bombardement, le 7 avril, d'un restaurant en plein centre de Bagdad. Le 29 mai, la chaîne de télévision américaine CBS a révélé que le «bunker secret» des fermes de Dora, bombardé au premier jour de la guerre, n'a jamais existé. Des équipes de recherches de la CIA puis de l'armée ont mené des fouilles sur le site et n'y ont rien découvert, ni casemates ni cadavres. «Dès notre arrivée, nous avons cherché une installation souterraine», a déclaré le colonel Tim Madere. «Nous avons vu d'énormes trous. Aucune installation souterraine, aucun corps.» Depuis, les militaires ont entrepris de passer au crible les gravats du restaurant détruit dans l'espoir d'exhumer des indices. Sans plus de succès. Le sort de Saddam Hussein reste le grand mystère d'une guerre commencée sur un bobard, et terminée par une énigme.
Légendes souterraines. Le mythe des villes souterraines et autres réseaux tentaculaires de galeries enterrées sous les villes irakiennes n'est pas une invention des propagandistes américains. Des entrepreneurs allemands, suisses ou yougoslaves, plus ou moins crédibles, se sont répandus sur les divers projets, tous aussi «secrets» les uns que les autres, construits pour protéger la direction irakienne des pires bombardements. La visite de plusieurs palais présidentiels après la chute du régime a tordu le cou à ces légendes, souvent reprises par les opposants à la guerre qui croyaient que cette ligne Maginot imaginaire ferait de Bagdad «le Stalingrad des troupes de la coalition». Les analystes américains avaient au moins raison sur un point : l'armée irakienne n'avait aucune envie de résister.
-- h2o
Sauvez une hague, mangez un cataphile.
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