Ven. 26 Mars 2010, 12:42
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![Big Grin Big Grin](https://ckzone.org/images/smilies/biggrin.gif)
La première page a du être écrite après coup car trop bien léchée et ne correspondant pas du tout au reste du texte. L'arrière grand oncle était instituteur de son état avant la guerre, d'o๠les phrases ampoulées très vieille France. J'aime beaucoup le côté bravache et fanfaron, mais je doute que ça corresponde vraiment à son état d'esprit le jour dit :
Citation : Jâai ressenti peu de choses. La première balle a sifflé bien près de moi , elle mâa surpris et ma foi je lâai saluée au passage et un point câest tout. Jâai pris mon flingue et me suis mis à tirer dans le tas. Jâen ai brà»lé des cartouches ce jours là ; plus de 500. Je nâai pas vu tomber de Boches mais sà»rement jâai du en tuer plusieurs car à un moment donné ils nâétaient quâà 80m de nous. La compagnie était en avant poste , aussi nous avons essuyé tout leur feu , aussi nous avons eu des pertes ; et quand jâai vu le 1er tué jâai ressenti une petite émotion.
Jâétais caporal fourrier agent de liaison près du capitaine et à 3 reprises sous un feu dâenfer. Jâai été porter des ordres. Je ne devais pas mourir ce jour là . Je suis passé sur une route , le fusil sur lâépaule sous une pluie de balles. Pas une ne mâa touché. La compagnie était seule , décimée. Nous battions en retraite et ma section allait être cernée. Jâavais reçu lâordre quâelle résiste sur place : pas moyen de passer , le village en avant duquel nous étions était déjà barricadé le colonel nâa pas voulu que je passe. Jâai eu un moment de désespoir et mâa foi jâai eu envie de mourir. Enfin le renfort arrive , notre 75 se met de la partie , les Boches reculent les survivants de la 2ème étaient sauvés. Songe au choc que nous avions soutenus : 2 malheureuses compagnies pendant 3 heures ont soutenus le choc de 5 régiments allemands.
v. 31 juillet : rumeurs de mobilisation
s. 1 aoà»t : 9h - premiers préparatifs de mobilisation
15h - les ordres de mobilisation , moment de stupeur et de surexcitation de la foule
d. 2 aoà»t : quittés caserne à 9h , cantonnés au théâtre et aux halles - arrivées des réservistes , habillage -
nommé caporal fourrier
l.3 : rien dâanormal
m.4 : déclaration de la guerre - soir , retraite par la musique du 100eme , élan grandiose
m. 5 : préparations fébriles , succès des français en Alsace Lorraine
j. 6 : exercices terrain manÅuvre : marche de nuit de Portunaâ¦
v. 7 : touche cartouches - adieux couche en ville
s. 8 : départ du 100éme 2éme bataillon à 8h puis à 10h1/2 , foule compacte à la gare , distributions de fleurs
musique derniers adieux - embarquement au milieu du silence puis discours du préfet - départ
au milieu de vivats de souhaits - dîner (Brive?) arrêt Versailles
d. 9 : nuit mauvaise
l.10 : arrêt à 3h - par suite tamponnement
m.11 : nuit froide départ à 9h , distributions diverses et nombreuses par population - arrive à St
Menchoulde à 9h - 80H chemin ⦠couche à Civry s/ Ante 15kms St Menchoulde fatigue et soif
extrême couché à minuit
m.12 : repos payé l a⦠2 livres StFni - marche forcée de 38kms départ 3h arrivée à Gruidos à 13h1/2
chaleur fatigue excessive
j. 13 : repos fluxion
v. 14 : départ à 2h1/2 40kms passe à Clermont en Argonne , Varenne (vu maison Louis XVI) cantonnés à
Comprentry
s. 15 : départ 4h 15kms arrive à Chenel
d. 16 : départ à 4h 13kms arrive à Mortigny - fait grande halte au village entre en cantonnement à 10h ,
alerte à 11h (forces ennemies signalées parait-il à 40kms)(30000H) partis à 3h arrive à Serre à 5h
parc aéronautique 13kms frontière
l. 17 : alerte à 2h , faux départ : partis précipitamment à 4h , marche fatigante et démoralisante - partis
sans manger , pas de vivres - pluie terrain boueux au cantonnement Blanchampagne à 12h , à
3h1/2 de Malandry nuit blanche , touche vivres à Malandry
m. 18 : repos , aéro allemand saluée à 4 reprises par canons , mitrailleuses , fusils : sans succès - reçu
lettre G. (?)
m. 19 : repos - théories matin
j. 20 : quitte Blanchampagne à 5h matin - arrive à Villy à 7h matin : exercices de bataillon matin - soir
baignade
v. 21 : alerte nuit du 20 à 10h , part de Villy pour destination inconnue , marche toute la nuit , passe
frontière belge à 4h - 20H arrive à Irel à 6h1/2 - 40kms sans repos , ennemis signalés dans les
environs , touche en fait de vivres 400 cartouches , puis installés en petit poste à 100m village
village - canonnade violente vers le soir , quelques coups de feu éloignés (Hulans venu la veille
au village prélèvent vivres , amènent otages) ont signalés des troupes ennemis évaluées à 400
environ dans le bois face à nous 600m
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Première bataille :
Un coup de feu , chasseurs en reconnaissance - première balle vers midi , fuite de nos chasseurs , la danse commence : fusillade intense une grêle de balles sâabat sur nous semant la mort dans nos rangs. Canonnade , bombardement du village , fracas terrible , partis porter ordres. Lagorsse tué net près de moi. 2 sections franches , nous sommes seuls. Lâennemi avance , mitrailleuses à 80m. Brà»lé 300 cartouches environs, les nôtres se replient. Entrée en ligne du 75 , fuite des Boches. 3 compagnies montent à lâassaut remplacées par 135 (mm?). Pertes de la compagnie : 78 hommes dont 18 tués. Cantonnement dâalerte au village , jeté à terre par souffle dâobus , pas de mal , pluie violente pas de vivres.
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s. 22 : nuit agitée dans une salle récréative - quitte Irel à 6h à la poursuite ennemis en fuite - avons
soutenus le choc de 5 régiments allemands (infanterie , artillerie , cavalerie , groupes cyclistes)
compagnies 2 et 5 gardent drapeau - cantonnés à 2kms de St Médard
une brigade ennemie signalée à ...kms1/2 : défense du village , nuit dâangoisse - départ à 3h pour
occuper position dâune ligne de chemin de fer - chef de patrouille , fortification de la ligne ,
liaison entre 12ème et 13ème corps - à 10h canonnade violente bombardement de St Médard -
envoyé en mission au village : personne - jeté à terre par marmite - retraite , désordre de lâarmée
qui se change en déroute - reformation de la compagnie à la cuisine , repasse frontière à 9h du
soir - bousculade , cantonnés à Carignan , pas de vivres
d. 23 :
l. 24 : partis après 1h arrêt - lutte acharnée , pertes énormes , ennemis nombreux chez nous : battons en
retrait
m. 25 : couche sur champs de bataille - retraite précipitée à Minuit cantonnés à Stetanne , touche vivres
(4 jours sans pain)
m. 26 : nous reculons toujours
j. 27 : bivouaqué à côté dâYork , pluie torrentielle - pris position sur bords Meuse , action des 135 - part
à 6h au secours du 17ème à la Besace , perdons dans la nuit 3 compagnies - bivouac
v. 28 : bataille terrible , allemands passent Meuse sur radeaux à la faveur de la nuit - lutte acharnée ,
nous reculons pas à pas - pertes compagnie : 1lieutenant , 2 sergents , 80 hommes - blessé
légèrement au pied par éclat dâobus - cantonnés 20kms champ de bataille , touche vivres
s. 29 : 3h occupe position , protégeons retraite , bivouaquons
d. 30 : partis à 5h , comme direction : Vouziers , pris position de combat à 8h , marche et contre marche
(col Vernet et Dubois) , passe nuit dans les rues de Vendry sans ordres - 40kms
l. 31 : part à 4h direction Vouziers , stationne durant 1 heure gare Vrizy rebrousse chemin pris position
de combat (réserve) essuyé feu violent dâartillerie - 1 blessé 6 touche vivres à minuit - vu
Ch(ateau?) Delanne - 2 nuits blanches
m. 1 septembre : départ 3h , traverse Vrizy , Vouziers (distribution de champagne) arrive au
cantonnement Montois à 2h - touche vivres , parti à 8h du soir pour destination inconnue
(conduis homme puni de prison au poste de police) ennemis signalés , bataillon flanc gauche ,
troisième nuit blanche
m. 2 : partis à 6h surpris par ennemis en colonnes par 4 : course effrénée , poursuivis par cavalerie :
nombreux blessés , tués , prisonniers , soutient dâartillerie (pantalon déchiré par schrapmel) tiré
un ... 20m , quitte position à 8h du soir
j. 3 : alerte de nuit , perdus - tombe à 15m patrouille Boche : course à travers bois , arrive à ...
(...ippres?) à 4h matin mourant de faim et de fatigue - recueillis par artilleurs , bois et mange ,
dors sur caisson (4ème nuit blanche) déposé à 2kms de Liprine - trouve débris 100ème : 80
hommes
v. 4 : alerte de nuit division de cavalerie ennemie signalée , partis de nuit aux aguets quitte Lipine à 2h ,
passe à Chalons s/ Marne à 3h, marche jusquâà 5h à la recherche régiment - à 8h trouve régiment
à 8h , 30kms de Chalons - surpris par artillerie , pris position dans un champ éprouvant chaleur
épouvantable - touche vivres à minuit
s. 5: quitte position à 2h30 ; 40ème serrés par boches
Dernière entrée du journal ce samedi 5 septembre 1914 ... je n'ai même pas réussis à trouver une date officielle de son décès. Juste le mois et l'année.
PS : à part la ponctuation retouchée pour mieux comprendre les phrases, c'est de la copie texto (mais y'a pas mal de passages illisibles malheureusement -> en italique).
des casseroles qui font du bruit