8 Galaes Grature Herr kleinekoinkoin Karter Lem Leopium tieum VilCoyote |
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2 KarlHungus Krahoc |
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Les cierges se multiplient, la cité est en deuil.
Le récent tremblement de terre a été dévastateur… Tentes et autres abris de fortune commencent à se multiplier, les maisons effondrées. Nombreux sont ceux qui ont tout perdu, parfois jusqu'à leur vie. Pour beaucoup d'enfants, c'est le premier contact avec la mort. Les parents ont fort à faire ; que de nouvelles notions à expliquer ! Toutes les petites têtes blondes ont pour instruction de prier chaque soir au coucher pour le repos des âmes, l'apaisement des dieux, et le salut de la ville. Sera-ce suffisant ?
Quelques regards soutenus, des yeux qui s'interrogent, des lèvres qui forment des mots mais n'osent les prononcer, de peur sans doute qu'en parler ne donne vie à leurs inquiétudes. Toujours les deux mêmes mots. « Et maintenant ? » Tous s'inquiètent de l'avenir de la cité.
Plus de phare, une digue qui n'a plus de digue que le nom, est-ce bien encore un port ? Les bateaux éviteront Laelith désormais, pour plus de simplicité. Or la ville n'est pas autonome, elle ne survivra certainement pas en autarcie, sans ses régulières liaisons commerciales maritimes. Les quelques échoppes ouvertes ces jours-ci ont été prises d'assaut, il y a déjà pénurie de sucre, de maïs, et le blé… cela ne devrait pas tarder.
Plus de remparts, un trou béant dans les murs du fort… Laelith n'a plus aucune défense et tend les bras à toutes les bandes de pillards des environs. Ceux qui ont encore quatre murs et quelques possessions commencent déjà à enterrer leurs biens les plus précieux. Sait-on jamais…
Le bilan est déjà lourd, mais les prochains mois s'annoncent d'autant moins glorieux.
Certains, dépités, n'ont pas eu le cœur de poursuivre l'aventure. À peine reconstruites, voilà leurs maisons de nouveau à bas… C'en est trop, eux aussi ont investi dans une tente sommaire, mais pour dormir le long du chemin vers la ville voisine. Quitte à tout reprendre de zéro, autant reprendre ailleurs, non ? C'est devenu trop dangereux par ici. Comment, ils n'en savent rien, mais en tout cas la ville s'est attiré le courroux des dieux, c'est certain. À leurs yeux, il ne reste guère plus que l'exil.
D'autres encore persévèrent. Quelques groupes de jeunes s'affairent, impatients d'entamer les reconstructions, implorant leurs aînés de les lancer. Trop jeunes, trop inexpérimentés, ils ne sauraient même pas par quel côté commencer ; tout au plus peuvent-ils servir de main-d'œuvre. Mais ils sont là, bien présents, prêts à aider quiconque aura suffisamment de légitimité et de motivation, mais pas assez de bras.
Le gardien du phare ironise en se déclarant en vacances. Son habituel sourire jovial aux lèvres, il n'en démord pas, même si cela doit prendre des mois, des années, un jour il retrouvera son travail. Un jour de nouveau le phare de Laelith se dressera hors de l'eau.