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Sous la première terrasse, l'architecte avait disposé deux belles grottes: l'une, dite de
Neptune, et l'autre
de la Demoiselle qui joue du clavecin. Tous ces lieux étaient emhellis de rocailles, de nappes et de jets d'eau; ils furent rebâtis en 1662 sur de nouveaux dessins, et l'on avait, à cette époque, disposé sous la meme terrasse une longue galerie avec des salons aux deux bouts. Ces salons n'ont jamais été achevés.
La grotte de Persée était spacieuse: du haut de la voà»te, Persée, de grandeur héroà¯que et armé de pied en cap, fondait, l'épée haute, sur un dragon qui se montrait au-dessus de l'eau dans un grand bassin, et qui s'y replongeait bruyamment sous les coups du guerrier. A côté, Andromède tendait ses bras chargés de chaînes, et ses chaînes se détachaient bientôt d'elles-mêmes. Vis-à -vis, et toujours dans la même grotte, une statue en bronze, représentant Bacchus assis sur un tonneau au haut d'un rocher, tenait une coupe d'o๠jaillissait un gros bouillon d'écome, qui, avec le jet du tonneau, faisait mouvoir dans sa chute plusieurs petites figures placées sur différents points de la cascade. Ce. tableau mouvant représemait des forgerons, des menuisiers, des émouleurs et d'autres artisans. Les eaux étaient reçues ensuite dans une grande cuvette de marbre noir, d'o๠elles tombaient en formant une belle nappe, qui descendait dans un réservoir d'o๠elle s'échappait par de petits conduits soutei r,tins. Toute cette grotte était incrustée des coquillages les plus précieux, employés avec uue industrie si ingénieuse qu'ils figuraient des personnages, des animaux et des plantes.
De distance en distance, il y avait parmi ces coquillages des ouvertures imperceptibles, d'o๠découlaient des nappes et des filets d'eau qui lançaient parfois leurs jets rapides et imprévus jusque sur les spectateurs qu'on voulait surprendre.
De l'autre côté de la grande galerie, on trouvait un autre salon pareil et incrusté de même. Aux quatre angles de ce salon, quatre statues de grandeur naturelle figuraient les. quatre verlus cardinales, tenant en main leurs attributs. De ce salon on entrait dans la
grotte d'Orphée, dont la statue, de grandeur naturelle, était assise sur un rocher. Il Jouait sur sa lyre plusieurs airs qui sortaient d'un orgue hydraulique caché à l'intérieur, et sa tête commée ses mains semblait s'agiter en cadence: à la mélodie de ses chants, des animaux farouches de plusieurs espèces sortaient de leurs antres et passaient l'un après l'autre devant le demi-dieu pour lui rendre hommage. Cette grotte formait en outre un agréable bccage orné d'arbres, de plantes et de fleurs qui, par leur agitation et le balancement de leurs rameaux et de leurs tiges, semblaient s'attendrir aux mélodies du poète; des oiseaux y faisaient aussi entendre leur ramage, et l'on y distinguait particulièrement le chant du rossignol et celui du coucou. Ce lieu charmant était enrocaillé dans le même goà»t que la grotte de Persée, et les mêmes effets d'eau y étaient très-artistement employés.
Au bas de la grotte d'Orphée, on en voyait encore une autre, appelée
grotte des Flambeaux, parce qu'on n'y pénétrait qu'avec des torches. Cette grotte renfermait un grand théâtre, qui offrait au spectateur étonné plusieurs changements de décoration; d'abord, au milieu d'une mer calme, paraissaient des îles semées de bocages, éclairées des' rayons du soIeil levant, et environnées de monstres marins et de poissons qui nageaient sur le rivage; ensuite le ciel se chargeait de nuages, la mer s'agitait, les vents mugissaient, le tonnerre grondait, et, à la lueur des éclairs, on apercevait des débris de vaisseaux fracassés, A cette première décoration succédait un paysage tranquille: la terre, couverte de fleurs et de fruits, des maisons champêtres, des palais et des jardins délicieux, rappelaient la paix de la nature dans les beaux jours de l'été.
Dans le lointain paraissait en perspective une image du château et de ses jardins; on y voyait le roi et les princes s'y promener, et.le.dauphin descendait du ciel dans un char de triomphe soutenu par deux anges, dont l'un lui posait sur la tête une couronne royale. Toute cette scène se mettait en mouvement au son d'une musique mélodieuse et enchanteresse.
Après cette décoration, qui disparaissait subitement, on ne voyait plus qu'un désert affreux, ha-: bité par des bêtes féroces et des reptiles qui sortaient de leurs antres ou de leurs cavernes et venaient errer autour d'une fée de grandeur naturelle; celte fée jouait du luth avec tant de perfection qu'on était porté à croire que son instrument était entre les mains d'un maître habile.
On peut juger en quelque sorte de l'effet magique de ces décorations en voyant celles du même genre qui existent encore de nos jours, en Italie, dans quelques riches villas des environs de Rome, de Naples et de Florence. Toutes ces merveilles étaient ornées de girandoles et de lustres de marbre el de porphyre les plus somptueux et les plus finement travaillés. Les figures étaient mises en mouvement par des eaux contenues dans de vastes réservoirs, et qui s'en échappaient par des conduits secrets et dérobés aux regards des spectateurs.
Henri IV et la reine Marie de Médicis avaient appelé de Florence, pour les construire à la manière de son 'pays, Francini, célèbre mécanicien de son temps. Elles ont subsisté jusqu'en 1649; à cette époque, les guerres continuelles dont fut traversée la minorité de Louis XIV, en firent négliger les réparations, et elles furent soudainement détruites par la chute des terrasses, sous les ruines desquelles elles demeurèrent ensevelies.
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