Hi, Guest
Ven. 04 Avr. 2003, 09:35
| 0 | 0 | ||
Premier accident grave de canyon en Guadeloupe :
Mercredi dernier (le 26.03.03), un groupe de la TV espagnol, venu tourner des images pour une émission de type Ushuahia, est allé dans la ravine au FOIN, après l'avoir préalablement descendue une première fois 2 jours avant.
Ils ont équipé la grande cascade de 95 mètres en rive gauche (dans le sens de l'eau), tel que décrit dans le topo publié. Après une quinzaine de mètres de descente, ils ont fractionné une première fois et se sont décalé sur la gauche (dans le sens de l'eau) pour s'écarter de la chute. Ils ont ensuite installés un relais, à environs 80 mètres de haut, en mettant 2 sangles distincts reliées sur deux arbres accrochés en paroi. Apparemment, une amarrage béton. Les 5 premiers sont descendus sans problème. Le sixième, une jeune femme de 27 ans, était arrivée à 15 mètres du bas de la cascade, lorsque tout un pan de falaise, d'environ 2 à 3 mètres de large, sur 5 à 6 mètres de haut, pour une volume minimum estimé à plus de 10 m3, s'est arraché de la paroi, en emportant évidemment le relais, et le dernier qui y été longé.
En chutant la femme a rebondie sur le côté, lui évitent d'être ensevelie sous les rochés. Elle a été grièvement blessée (double factures de la hanche, fémur déboîté, facture de l'épaule), mais n'a pas reçu de pierre, elle n'a apparemment rien à la tête n'y a la colonne vertébrale. Elle devrait donc se remettre. Quant à celui qui était au relais, il est malheureusement décédé.
Causes de l'accident :
Il s'agissait d'une équipe correctement entraînée, et très bien équipée, qui ont réalisé de nombreuses descentes un peu partout. Leur niveau n'est pas a remettre en cause. La cascade est équipée en rive droite, qui est plus sà»r et plus saine. Encore faut il le savoir, et après un tel accident, on peut également se poser des questions sur l'équipement rive droite, que j'ai personnellement mis en place, compte tenu qu'il y a aussi un relais à 70 mètres de haut sur un amarrage naturel (des racines), qui est apparemment costaud, sauf que si la falaise s'écroule....Ils n'ont pas eu de chance, voila tout!
Il faut donc retenir que cette cascade est instable. 10 mois auparavant, lors d'une descente avec Marie Odile, j'ai décroché un gros blocs qui a bien faillis la percuter 80 mètres en dessous !
Cette descente n'est donc pas a banaliser, c'est une cascade très technique, ce qui ne pose pas de problème, mais surtout dangereuse, car instable. De nombreuses cascades en Guadeloupe présentent cette configuration dues aux roches volcaniques en conglomérat. Il s'agit simplement de phénomènes d'érosion qui peuvent se déclencher lorsque les racines d'arbuste sont sollicitées. Le choix de l'itinéraire de descente est très important, et tout amarrage doit être remis en cause avant de se mettre dessus.
Déroulement des secours :
Comme on pouvait s'y attendre, la performance des secours a été relativement médiocre, puisque rien n'est organisé. Encore heureux qu'il y a un hélicoptère de secours en montage de la sécurité civile depuis décembre dernier.
L'accident à eu lieu vers 15h30. 2 des espagnols, qui avait le numéros de tél. de l'association "Altitude Tropicale", on pu les appeler depuis la grivelière vers 18h00. En plein stage Moniteur FFME, ils sont donc immédiatement partie sur place avec les 2 instructeurs qui étaient là (et qui parlaient espagnol) et ont guidé les pompiers du GRIMP vers le bas de la dernière cascade de 45 mètres, qui suit celle de 95 mètres, avec pour idée de la contourner.
Dans le même temps, l'Altitude Tropicale qui ne connaissait pas le site, m'a immédiatement appelé pour connaître mon avis sur les chances de passer la cascade de 45 mètres par le bas (quasiment impossible la nuit). De mon côté, j'ai a mon tour appeler Christain Albert qui fait partie de AN KANION LA et qui est pompier au GRIMP de Pointe-à -Pitre, pour lui expliquer la situation et lui proposer d'emmener 2 à 3 pompiers en passant par le haut de la cascade, ce qui était possible et aurait permis d'atteindre rapidement les blessés.
Problème d'ordre et de contre-ordre, problème de communication et de fausses informations au sein des pompiers, ont fait que cette solution n'a jamais pu voir le jour, et qu'ils sont venu me chercher que vers 4h15 du matin. Je suis arrivée à Vieux Habitant au levée du jour. L'hélicoptère avait repris ses rotations et n'avait pas localisé l'endroit. Après un rapide briefing aux pompiers et au pilote, j'ai décollé avec le capitaine du GRIMP vers 6h15 et nous avons immédiatement trouvé le site (3 minutes maxi) ou j'ai été hélitreuiller avec le pompier et la civière, ou nous avons retrouvé sur place 1 des instructeurs qui était parvenue vers minuit à remonter la cascade de 45 mètres sur deux cordes mis en place par un espagnol et fait une injection de seringue (?) confiée par un médecin du SAMU. Après plusieurs rotations nous avons évacué tout le monde et la personne décédée. Leur attente aura durée 18 heures.
Conclusion : encore une chance que la femme n'était pas blessé trop gravement et a pu attendre. Je pense que les pompiers ont compris l'utilité de se rapprocher des associations, puisqu'ils nous l'on dit à la fin, puisque la seule coordination efficace a été entre "Altitude Tropicale" et "An Kanion La" qui ont respectivement permis de localiser les deux accès (en bas et en haut). Espérons au minimum que ce drame aura servit à cela. Les pompiers ont promis de nous contacter rapidement, nous verrons bien....
En guise de conclusion :
La pratique du canyon nécessite de se former continuellement et également d'avoir de l'expérience, tout en ayant conscience que cette expérience doit être remise en question dés lors que l'on évolue dans une région que l'on connais mal, surtout si la géologie est différentes de la région dans laquelle on a l'habitude de pratiquer. Si cette expérience confirme que l'on est jamais à l'abris d'un accident, il convient de tout faire pour diminuer au plus les risques.
Sur ces bonnes paroles, bonne descente et bon canyon
Manu
An Kanion La