Jeu. 05 Avr. 2007, 12:33
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de Jean-Christophe Ballot et Alessandro Papetti
28 mars 2007 - 10 juin 2007
Musée des Années 30
Espace Landowski
28, Avenue André-Morizet
92100 Boulogne-Billancourt
Tél : 01 55 18 46 42
Horaires :
Du mardi au dimanche, de 11h00 à 18h00. Fermé le lundi et les jours fériés et du 1er au 20 aoà»t inclus.
Citation :Jean-Christophe Ballot
Symbole du patrimoine industriel boulonnais, les usines Renault présentes sur l'Ile Seguin à Boulogne-Billancourt depuis les années 20 furent détruites en mai 2004. Jean-Christophe Ballot est l'un des derniers photographes à avoir promené son objectif dans les anciennes usines, quelques mois avant le début de leur démolition.
Après avoir photographié le chantier du Grand Louvre puis le déménagement de la Bibliothèque nationale de France, ses pas lâont mené naturellement dans ce haut lieu de l'histoire industrielle.
Cet hiver-là , il va produire une Åuvre plastique et historique autour de la charge émotionnelle de cette mémoire ouvrière.
Cette usine a les dimensions d'un paquebot : 300 m par 130 m. C'est donc en voiture qu'il parcourt la grande nef et ces 11 hectares d'intérieurs déserts. Ici les restes d'une chaîne de production, là une pendule arrêtée, un plancher éventré, une lumière d'hiver longue et jaune qui traverse une fenêtre aux vitres brisées... Les images de J.C.B. interrogent la mémoire, elles portent l'histoire du lieu qu'il nous livre.
à lâopposé du photojournalisme, son Åuvre ne s'inscrit pas dans l'actualité mais dans l'Histoire: la présence sur l'île de Renault depuis les années 20. Ainsi dans son témoignage sur Berlin avant la chute du mur, l'artiste abordait déjà son sujet avec cette distance historiée.
Tout au bout de ce vaisseau, à sa proue, les restes de la centrale électrique : nous voici plongés dans l'univers d'un roman de Jules Verne ou d'un film de Tarkovski. L'artiste nous fait partager sa vision : celle d'un fantastique décor, un théâtre o๠se donne une représentation fantomatique hors du temps.
L'essentiel est toujours un exercice sur le vide qui est au centre de tous ses travaux photographiques, et de sa réflexion architecturale.
Jean-Christophe Ballot recherche le temps suspendu, et revendique une photographie contemplative.
Jean Christophe Ballot ⦠intentions.
Mes photographies sont dâabord des images mentales insufflées par le réel, o๠tout se joue en termes de processus, de transition, de corrélation dâun extrême à lâautre, de respirations entre le vide et le plein, dans « le jeu savant des volumes sous la lumière » (1)
Ma réflexion tourne autour de la question : quâest-ce quâun lieu ? Et dâune seconde question qui lui est liée : pourquoi alors quâil nây a aucun événement, décider soudain que là et maintenant les éléments me semblent réunis pour que je fasse une image ?
Delphes était dite : « lâombilic du monde ». Ainsi il y a à voir avec le sentiment obscur dâavoir trouvé un âcentre-. Une figure se crée dans ces lieux, expression dâune ordonnance. On cesse, enfin, dâêtre désorienté. Sans pouvoir lâexpliquer entièrement ou le prouver, on ressent une impression semblable à celle que donne les grandes architectures ; il y a de nouveau communication, équilibre entre la gauche et la droite, la périphérie et le centre, le haut et le bas. Murmurante plutôt quâéclatante, une harmonie se laisse percevoir. Alors, on nâa plus envie de quitter cet endroit, de faire le moindre mouvement ; on est contraint, ou plutôt porté au recueillement.
Mes images sont le théâtre dâune solitude en train de se réinventer, un dialogue avec les ombres, les absents, les disparus. Mes photographies dâespace sont tout à la fois la recherche de la justesse et de la sobriété, du silence et de la contemplation. Chacune est une méditation, un miroir qui nous renvoie tout autant à nous-même, à nos sentiments en fuite, à nos souvenirs voués à lâoubli, quâà une dimension universelle.
Je suis à la recherche dâun état de conscience, en regardant la grande horloge du monde o๠le miracle de la présence des lieux représentés est souligné par le pathos de lâabsence de lâhomme. Symétrie.
Je revendique un engagement spirituel dans le regard que je porte sur le monde, comme dâautres revendiquent un engagement politique, social ou esthétique. Loin de moi lâidée de mâaccaparer une position, une légitimité, un stand bien en vue au grand bazar de la modernité.
Mon écriture est sans véritable ancrage temporel puisque je cherche le souffle des anciennes vérités que rien ne saurait démentir. Peut-être est-ce parce quâil nây a plus de marques évidentes du Divin que celui-ci parle encore avec tant de persévérance et de pureté⦠Mais sans bruit, sans éclat, sans preuve, comme épars.
très chouettes photos et tirages hallucinants!