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[archive] NovaMag juillet/aout 1999
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Citation :S > Souterrains

Romance underground

Cet été, plutôt que de se promener en surface o๠le touriste abonde, pourquoi ne pas faire une petite descente sous terre ? L'avantage, c'est qu'on y est tranquille. Et complètement dépaysé. Pas besoin de prendre l'avion pour changer de planète, il suffit d'emprunter un escalier. Sà»r qu'elle (il) ne restera pas de pierre, si vous l'emmenez dans une cave voà»tée.

En France, une loi prohibe les promenades dans les souterrains de la ville. "Il est interdit
à  toute personne non munie d'une autorisation émanant de l'Inspection Générale des Carrières d'ouvrir les portes et trappes d'accès aux escaliers et puits à  échelons ou autres des anciennes carrières, de descendre dans ces ouvrages, de pénétrer et de circuler dans les vides des anciennes carrières s'étendant sous l'emprise des voies publiques de la Ville de Paris." (Arrêté du 2 novembre 1955, le préfet de Police Dubois). Les catacombes, pas plus que les égouts, ne doivent donc être visitées en dehors des structures prévues à  cet effet. Pourtant, de nombreuses associations transgressent la législation. Ils ont même créé des sites sur le Net pour faire partager leur amour de ce monde étrange et fascinant, avec une nette prédilection pour les carrières parisiennes, plus connues sous le nom de catacombes.

Du fantasme à  la réalité

La légende du regretté Philibert Aspairt est assurément l'une des plus célèbres des souterrains de Paris. Portier du Val de Grâce de son état, ce dernier crut bon d'utiliser son passe-partout pour visiter les carrières de la capitale. En fait, il rêvait d'accéder ni vu ni connu aux réserves secrètes des Chartreux qui venaient d'abandonner leur monastère. On est en 1793, et à  cette époque o๠la Révolution n'est pas encore complètement terminée, personne ne s'aperçoit ni ne s'inquiète de sa disparition. On retrouvera son corps onze années plus tard, dans un couloir, à  quelques mètres seulement de la sortie. Son trousseau de clés fut la seule trace d'identification possible. Aujourd'hui, il repose à  l'endroit même o๠il rendit son dernier souffle. En 1896, deux naturalistes découvrent une collection impressionnante de crânes appartenant à  la race féline dans une salle sise sous la place du Théâtre de l'Odéon. Il n'y a aucune explication logique à  cette accumulation d'ossements à  cet endroit précis, d'autant plus que les minets ne sont pas réputés pour se donner rendez-vous lorsque arrive leur dernière heure. Après de longues recherches, on s'apercevra que la pièce en question communique par l'intermédiaire d'un puit avec l'arrière-cour d'un restaurant. Le chef cuistot n'avait pas trouvé meilleure solution pour faire disparaître définitivement les restes compromettants. Plus proches de nous, les années 80 restent marquées par des histoires d'agressions souterraines. Une ou plusieurs bandes de skin écument alors le territoire. Ils arrachent les yeux de leurs victimes à  la petite cuillère aux alentours du Bunker. Sauf s'ils sont de bonne humeur, auquel cas, ils ne font que dépouiller intégralement leurs victimes (lampes + vêtements) pour les laisser à  leur triste sort. Mais de mémoire de cataphile, la réalité n'a jamais été aussi sordide. Tout au plus quelques frayeurs passagères, lorsque deux groupes étrangers se croisent.

Excursions gothiques

Les catacombes ne sont pas un refuge de voyous ni un labyrinthe fatal, il suffit d'être prévoyant. Elles représentent un réseau de 300 kilomètres de couloirs enfouis à  une vingtaine de mètres sous terre. Une infime partie (seulement 15 Km) est exploitée officiellement sous la place Denfert-Rochereau. On y trouve la quasi-totalité des ossements provenant d'anciens cimetières parisiens, comme celui des Innocents.
Des centaines de milliers d'os (surtout des crânes, des vertèbres lombaires et des fémurs) y sont entassés artistiquement, avec en légende des extraits de l'oeuvre de Lautréamont. Les visiteurs frissonnent, car l'endroit est surréaliste. Une sorte de train fantôme puissance vingt. Mais, malheureusement, depuis quelques années, le taux d'humidité est très élevé car l'air ne circule plus, et les visites deviennent étouffantes au bout d'une demi-heure. A cela deux raisons principales. Le réseau pirate, contigu à  l'officiel, est régulièrement fermé par l'Inspection Générale des Carrières (IGC). Cette dernière doit sans cesse surveiller les accès au réseau parallèle pour empêcher tout débordement.
Les anciens passages connus de tous (essentiellement dans l'axe du boulevard Saint-Michel et autour de la place Denfert-Rochereau) ont été murés. Il y a quinze ans, certaines fêtes à  la salle Z ou à  la plage attiraient pas moins de 1000 personnes. Il a donc fallu remédier à  cette mode qui consistait à  descendre le week-end, en se foutant de l'aération. D'autre part, les mêmes services ont dà» consolider le sous-sol, car plus on construit en surface, et plus les entrailles de la capitale s'effondrent.
Aujourd'hui, les rares sésames qui permettent d'accéder au monde étrange et souterrain des catacombes se situent presque tous sur l'ancienne voie ferrée de la Petite Ceinture (ancienne voie ferrée). A cet endroit, les catacombes sont à  moins d'un mètre de profondeur de la surface, et donc facilement accessibles. Mais avant de s'y aventurer, penser à  emporter une lampe de poche (avec des piles de rechanges), une bombe de peinture pour pouvoir revenir sur ses pas ainsi qu'une carte. Enfiler un vieux jean et des baskets usagés constitue la tenue idéale au vu de la géographie légèrement hostile. Ne pas oublier d'emmener une bouteille d'eau.

L'égout et les odeurs

Autre recommandation d'importance, en cas de forte grippe, éviter de descendre, car certains cas de leptospiroses ont été signalés. Maladie transmise par l'eau ou des morsures d'animaux, elle peut provoquer de fortes méningites, une jaunisse et au pire la mort (10% des cas). L'urine de rat est la principale cause de transmission, et les baignades forcées dans des couloirs inondés la cause la plus commune de sa propagation.
A défaut de catacombes, on peut se retrancher sur les égouts. Installés par un certain Eugène Belgrand au milieu du XIX' siècle, ils regroupent eux aussi un réseau ouvert au public, et un autre beaucoup plus confidentiel.
L'odeur y est plus tenace, et les rencontres avec des surmulots, communément appelés rats d'égout, forcément très fréquentes. Il faut impérativement se munir de bottes à  crampons pour éviter de déraper, et faire très attention aux endroits o๠l'on pose ses pieds. Et s'il n'y avait pas ce fumet pestilentiel et inévitable, on se laisserait forcément séduire par cette ville sous la ville, car toutes les rues de la capitale sont indiquées, comme à  la surface.
La sensation de claustrophobie est quasiment inexistante puisque, d'en bas, on aperçoit le monde du dehors. Mais, petit problème, il n'y a pas grand-chose à  voir, et à  moins de préparer un casse à  la Spaggiari (ou comme dans le film Les égouts du paradis), on en a fait vite le tour. De ce fait, la visite organisée à  partir du pont de l'Alma reste la plus intéressante.
Qui dit cave, pense vin. Si l'idée de s'engouffrer sous terre dérange, il suffit de se retrancher au Musée du Vin. Marrant, pour s'y rendre, il faut emprunter la rue de l'eau. Mais les caves de l'ancien cellier du couvent de la Visitation feraient chavirer les plus réticents. Une dégustation est prévue à  la fin de la visite (évocation de l'évolution de la viticulture, avec de nombreux outils et bouteilles, scènes paysannes avec personnages de cire). En prime, on peut déjeuner "dans une ambiance plus proche de la confrérie vineuse que de la dégustation moderne", dixit le Gault & Millau Paris.
Un lieu encore, à  louer cette fois : les Crayères des Montquartiers à  Issy-Les-Moulineaux. Ce sont d'anciennes carrières de craie, creusées au XVIII' siècle, ouvertes dès 1820 à  l'exploitation. Elles accueillirent champignonnistes et cavistes, et ont servi d'abris pendant la Seconde guerre mondiale. Aujourd'hui, l'endroit tourne autour de deux pôles : la location d'un hectare de caves voà»tées de six mètres de hauteur à  des particuliers et restaurateurs qui stockent ici leur vin dans des conditions idéales et la location d'un espace original, insolite et modulable qui peut accueillir de 50 à  1000 personnes ! Pour chercher la fraîcheur cet été, c'est gagné : la température est de 12 degrés toute l'année !
Christian Eudeline, avec Catherine Nerson

A lire : Paris souterrain, Emile Gerards (DMI éditions). Ce livre est sorti pour la première fois il y a près d'un siècle, mais il reste la référence en la matière. A la découverte des souterrains de Paris, Patrick Saietta (Side Editions), ouvrage de photos. Paris secret, (Guides Gallimard). L'un des bouquins les plus récents qui offre une bonne initiation au sujet.

Sur le Web : La plupart des cataphiles vous pro-poseront sans doute de vous emmener pour une initiation après quelques échanges de courrier électronique. Vous deviendrez alors leurs touristes.
<!-- w --><a class="postlink" href="http://www.multimania.com/lafouine">www.multimania.com/lafouine</a><!-- w --> : Lafouine est devenue une star de l'underground, et c'est l'un des sites que l'on visitera en premier. <!-- w --><a class="postlink" href="http://www.perso.club-internet.fr/cedmart">www.perso.club-internet.fr/cedmart</a><!-- w --> : ou comment découvrir l'histoire des catacombes depuis le début de ce siècle.
<!-- m --><a class="postlink" href="http://perso.cybercable.fr/h2O/Kata-1777.htm">http://perso.cybercable.fr/h2O/Kata-1777.htm</a><!-- m --> : belle et impressionnante collection de tracts collectés dans les entrailles parisiennes. <!-- w --><a class="postlink" href="http://www.ultimania.com/lechanceux">www.ultimania.com/lechanceux</a><!-- w --> : Propose de nombreux liens et une inspection en règle des autres souterrains de banlieue, comme ceux peu connus du Parc de Sceaux.

A voir : Les Gaspards de Pierre Tchernia (1974) ce film, qui n'est pas qu'anecdotique, marque l'engouement du show-biz pour les carrières parisiennes dans les années 60.

Citation :ADRESSES
Catacombes PI. Denfert-Rochereau, 75014 (01 43 22 47 63). Du mar. au ven., 14 h-16 h, sam. et dim., 9 h-11 h et 14. h-16 h. Tarif : 27 F, 19 F. Egouts PI. de la Résistance, 75007 (01 53 68 27 81). Accès pont de l'Alma / quai d'Orsay. Tlj (sf jeu. et ven.), 11 h-17 h. Entrée : 25/20 F. Musée du vin 5, squ. Charles Dickens, 75016 (01 45 25 63 26). Crayères des Montquartiers 5, chemin des Montquartiers, 92130 Issy-Les-Moulineaux, accès par le 141, av. de Verdun (01 46 44 74 67). Location de l'espace de réception en matinée (8 h-16 h) jusqu'à  100 pers. : 5 000 F. Jusqu'à  1000 : 23 000 F. En soirée (17h-3h) : jusqu'à  100 pers., 7 500 F. Et jusqu'à  1000 : 35 000 F.


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-- h2o
Sauvez une hague, mangez un cataphile.
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un autre article page 54 dans le meme canard:

Citation :Dans le Vercors : un raid d'art et d'essai, ça vous branche ?
Ils ont la trentaine, ils s'appellent les Nouveaux Résistants du Vercors, ils sont fous de leur montagne et, pour la troisième année, ils proposent cinq jours de randonnée créative.
Cinq jours pleins comme un oeuf pour respirer, goà»ter, marcher, contempler, grimper, tchatcher, se taire aussi quand, trop beau, c'est trop beau, et qu'il n'y a absolument rien à  dire. Cinq jours pour écrire, dessiner prendre des photos ou passer des épreuves sportives, selon son rôle dans l'équipe de trois, et réaliser en 80 heures un carnet de voyage, avec édition pour le meilleur, choisi par un jury de professionnels. Mais ce n'est pas le plus important. L'important, c'est tout le reste : des journées à  ne pas en croire ses yeux et ses poumons ! Ah ! l'air du Vercors. Si bleu, vif et léger. Sur les chemins de muletier ou devant la croupe fumante de son âne au zénith du soleil, vient soudain l'idée d'un haà¯ku, ces petits poèmes japonais de trois vers. Et ce chevreuil qui déboule un matin très tôt, la flamme rousse de sa course ! Et cette douce torpeur à  l'ombre d'un vieux pin à  crochets. On sort les aquarelles du sac à  dos avant que ne s'évapore la brume laiteuse. On écoute aussi le pic noir tout en offrant à  son pied nu l'herbe moelleuse. On ferme les yeux pour se souvenir, plus tard, de La chaîne de La Grande Moucherolle, complètement allumée.
On peut aussi se ridiculiser pour la vie en hurlant sur la place d'un village, avec son équipe, une chanson composée l'après-midi même. On peste contre le VTT qui déraille et on se chope un torticolis à  repérer la trace d'un sanglier dont il faudrait bien ramener l'empreinte. On disparaît dans le Pot du Loup à  la lueur d'une lampe à  acétylène — odeur insupportable d'ail ! Le soir ? La fête, bien sà»r. Bivouac sur les Hauts Plateaux sans chercher à  comprendre comment aubergines fondantes et poulets grillés sont arrivés là . Feu de joie, guitares. Et si on est verni, la lune comme une pastille de menthe géante. Ou bien nuit au logis d'un guide "spéléo" — ils sont 60 dans le Vercors — et une autre nuit blanche semée d'histoires, de mythes, de légendes. Ou encore, soirée boulot pour réaliser le carnet de voyages : Mac, plumes, poudres d'or et tutti quanti au service de la transpiration-inspiration des équipes. A moins que l'on ne renonce à  la gloire et se laisse aller à  refaire un tout petit bout du monde en écoutant ronronner la rivière, tandis que la Clairette de Die coule, dorée, et qu'Apollinaire murmure "Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme..." Sans oublier rencontres, fous rires, délire... On vous le dit : vous n'oublierez pas les rouilles, les ors et les verts du Vercors ! Juré.
Dune Cuypers


Le Muscle et la Plume : du 14 au 19 septembre, dans le parc naturel régional du Vercors (Drôme). 1 700 francs par personne, absolument tout compris (même le développement au jour le jour des photos). Ouvert à  tous. On peut rejoindre une équipe ou venir à  trois. Possibilité de se faire sponsoriser étant donné la couverture médiatique du raid. Appelez Jeannot Reverbel au 04 75 48 10 95. Site Internet www. vercors-net.com/Muscle


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-- h2o
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