Lun. 30 Mai 2005, 00:41
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Citation :Suède: Menacé d'affaissement par ses mines, un centre-ville va être déplacé
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KIRUNA (Suède) 2005 (AFP) - Kiruna, cité la plus au nord de la Suède, en Laponie, se prépare à déplacer son centre-ville avant qu'il ne s'affaisse sur les mines de fer qui ravinent son sous-sol.
Situé à 145 km au nord du cercle polaire, la ville qui compte au total 23.500 habitants est un important centre minier depuis un siècle, mais les chercheur ont sonné l'alarme et mis en garde contre son possible affaissement dà» à des fissures causées par l'exploitation.
"Nous devons déplacer les principaux bâtiments, le chemin de fer, la gare ferroviaire, la nouvelle autoroute, 1.000 appartements hébergeant 1.700 habitants, les canalisations et le système d'évacuation des eaux, les systèmes électriques et les rues", a déclaré à l'AFP Kjell-Aake Hallden, porte-parole de la municipalité.
Seuls le chemin de fer, la gare et l'autoroute sont exposés à un danger immédiat, mais personne ne sait comment vont évoluer les fissures et il faut prendre une décision pour l'ensemble des ouvrages d'ici 18 mois, a-t-il expliqué.
Les vieilles maisons de bois, chères à la ville encerclée de montagnes, seront transportées sur de grandes remorques, alors que les plus grands bâtiments, comme l'imposante mairie, seront démontés pour être déplacés.
L'Eglise de Kiruna, de bois rouge, baignée de lumière, a été élue le plus beau bâtiment de Suède en 2001, avec ses statues dorées et ses pans de bois travaillé.
"Certains bâtiments ont un intérêt culturel, a estimé Karl Wikstroem, responsable qualité et affaires législatives chez LKAB, la compagnie minière d'Etat chargée de payer la plus grande partie du déménagement.
La population de Kiruna a des sentiments mitigés par rapport au projet.
"Je me sens très triste. Ca ne sera plus pareil", a regretté Inger Andersson qui vend des billets de train à la gare locale depuis 30 ans, visiblement émue.
"Les gens doivent l'accepter, la mine est le plus grand employeur de la ville", a pour sa part commenté Sven-Ivan Mella, mineur à la retraite.
Bien que des emplois aient été créés dans les secteurs du tourisme, de la recherche spatiale et des services administratifs, la mine demeure le premier employeur de Kiruna, avec 1.700 salariés et de nombreuses autres activités qui en dépendent indirectement.
LKAB souhaite que le centre-ville soit situé loin, à 4 kilomètres au nord-est pour éviter tous nouveaux problèmes.
Mais les services d'urbanisme aimeraient qu'elle soit déplacée moins loin à l'est, o๠des infrastructures existent déjà .
"Nous voulons que la ville soit concentrée et non pas étalée", a expliqué à l'AFP Thomas Nylund, architecte municipal.
Il veut s'assurer que les parties évacuées "ne vont pas ressembler à des villes fantôme", entourées de barrières de sécurité.
"Nous devons créer quelque chose. Peut-être des espaces verts même si personne ne pourra y venir, parce que ce sera trop dangereux", a-t-il ajouté.
Pour lui, la question est quasi-philosophique. "La structure d'une ville est-elle éternelle ou est-ce un processus évolutif ?".
L'architecte est bien conscient que si son approche moins radicale est retenue, il sera peut-être nécessaire ... de redéplacer à nouveau la ville dans 50 ans.
En attendant les responsables politiques de Kiruna sondent les habitants. Et avec toutes les données en main, l'Etat suédois, propriétaire de la compagnie minière, aura sans doute à trancher.