Ven. 21 Fév. 2003, 10:49
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Ouverts, hier, au palais des congrès de Paris, les travaux du XXIIème sommet France-Afrique prennent fin aujourdâhui. La quasi-totalité des Etats africains ont répondu âprésentâ à lâappel de la France, quâon soit francophone, anglophone, lusophone, arabophone, etc.
Allégeance ou acte de courtoisie ? Peu importe ! La France, soucieuse dâétendre son influence au-delà des barrières linguistiques a, depuis quelques années, ouvert à tous les Etats dâAfrique ce qui, au départ, était réservé au précarré français.
Plus de 40 ans après les premières indépendances et au moment o๠se tient ce 22ème sommet des Chefs dâEtat dâAfrique et de France, quel visage socio-politique et économique le continent noir présente-t-il dans le concert des nations ? En attendant de présenter les 53 Etats africains pays par pays, nous donnons dans ce premier volet une vue synoptique des spécificités de lâAfrique par rapport aux autres continents.
Avec ses 30.310.000 km2 de superficie, lâAfrique par ses dimensions est le troisième des continents après lâAsie et lâAmérique. A lâheure actuelle, elle comprend 53 Etats indépendants dont 46 situés sur le continent et six îles ou archipels constitués en Etats, le tout dernier (la Guinée Equatoriale) étant composé dâune partie continentale et dâun domaine insulaire.
LâAfrique, au milieu de lâannée 1999, était peuplée de 770 millions dâhabitants, soit près de 13% de la population mondiale. Elle vient loin après lâAsie peuplée de 3,6 milliards dâhabitants et talonne lâAmérique avec ses 815 millions dâhabitants à la même période.
A lâéchelle mondiale, les économies africaines sont faibles. En 1997, par exemple, le produit intérieur brut (PIB) sâétablissait à 550 milliards de dollars américains. Pourtant les différents Etats regorgent dâénormes richesses naturelles mal exploitées ou exploitées au bénéfice des puissances étrangères qui, en retour, vendent cher à ces mêmes Etats les produits manufacturiés sur la base de la matière première venue dâAfrique.
Bien que la majorité des Africains continuent de travailler la terre, ce qui assure aujourdâhui au continent une meilleure place dans le concert des nations, câest le commerce avec 60% de la production de cacao, 25% de celle dâarachide, plus 15% de celle du café et du thé, près de 10% de la production dâagrumes et de coton.
De plus en plus, lâexploitation du sous-sol se développe dans plusieurs pays africains. En 1997, lâAlgérie, lâAngola, la Libye et le Nigeria ont contribué pour plus de 11% à la production mondiale du pétrole. LâAfrique dispose, en outre, dans son sous-sol du manganèse, de lâuranium, du cuivre, de lâor, du diamant, de la bauxite, etc.
Câest cette Afrique, riche en potentialités mais pauvre dans la réalité, qui se concerte depuis hier avec la France. Et le discours est, à quelques nuances près, le même : aide accrue au développement ; renforcement des liens de coopération ; lutte contre la pauvreté, etc.
Cette pauvreté au nom de laquelle de nombreux programmes sont élaborés mais qui, comme lâhydre, gagne en ampleur au fur et à mesure quâon sây attaque, surtout quâen plus de la pauvreté qui est le fait de la nature, de lâhistoire et de la géographie, il y a celle causée par les acteurs politiques. Soit par la mal- gouvernance, soit par les conflits armés qui multiplient ses foyers sur le continent : Côte dâIvoire, RDC, Liberia, Centrafrique en ce qui concerne les conflits en cours. Puis Sierra Leone, Congo Brazzaville, Somalie, Burundi, Rwanda, Guinée Conakry, pour ce qui est des Etats censés être sortis de la crise mais o๠lâinsécurité continue de sévir à travers des actes sporadiques des rebelles.
Dès lors, lâon se pose la question de savoir si dans le concert des nations, le continent africain a des chances de sortir la tête de lâeau ? Et ce, quand on sait quâavec la prolifération des conflits armés qui remettent en cause les régimes démocratiquement élus, lâessentiel des efforts des gouvernants et des populations semblent être détournés au profit de la lutte contre la guerre. Le développement, lui, peut attendre. Car, quâest-ce que le développement face à des millions de vies humaines en péril ? Un véritable cercle vicieux sur lequel la France et ses partenaires devraient se pencher avec foi et volonté réelle afin dây trouver une solution sinon définitive, tout au moins durable.
ABEL DOUALY
( SOURCE: ATLAS DE LâAfrique, 2000)
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