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Dans la tourmente avec Capa
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ARTS La Bibliothèque nationale consacre une grande exposition au plus célèbre des photographes de guerre
Dans la tourmente avec Capa

Françoise Dargent
[08 octobre 2004]


Capa, le nom claque comme un signal. Signal qu'il se passe quelque chose quelque part dans le monde. Pendant vingt ans, ce nom a accompagné les chocs visuels du moment : des GI pataugeant avant d'agoniser dans l'eau glacée de la Manche, des soldats de fortune, fusil au poing, fauchés en plein élan par les balles des franquistes, l'armée chinoise défendant dans le sang une ville contre l'envahisseur japonais, un Français, blessé, au regard vide après Diên Biên Phu.

Robert Capa est souvent défini comme le plus grand photojournaliste du XXe siècle, non qu'il fut le seul dans ce siècle tragique, mais parce qu'il fut bien le premier à  couvrir les événements au plus près, au mépris du danger et de la mort qui finit pourtant par le faucher, à  l'âge de 40 ans, en Indochine.


Capa, le mythe donc, s'expose à  la Bibliothèque nationale. «Connu et inconnu», précise le titre de l'exposition qui est la première qu'une institution publique consacre au photographe. Car, si tout le monde connaît au moins une image de Capa, ses icônes ont fini par masquer l'immense production de ce reporter qui couvrit cinq conflits en l'espace de vingt ans et réalisa des reportages d'actualité en France et à  l'étranger avec une devise, devenue, elle aussi, légendaire : «Si ta photo n'est pas bonne, c'est que tu n'étais pas assez près.»


«Nous avons essayé de voir ce que les collections françaises recelaient car Capa a beaucoup travaillé dans notre pays. En fouillant les fonds publics et privés, nous avons découvert des clichés qui n'étaient pas connus. Ce n'est donc pas une rétrospective car une partie de son travail n'y figure pas, comme les photos de plateau. Nous avons souhaité montrer qui était Capa, en fait un photoreporter qui répond à  la commande des journaux. Nous montrons sa production telle qu'ont pu la voir les lecteurs à  l'époque», souligne Laure Beaumont-Maillet, co-commissaire de l'exposition.


De fait, les cimaises de la galerie Mansart n'accueillent pas de grands formats issus de retirages. Elles offrent plutôt au regard un foisonnement de tirages de presse, de périodiques illustrés, d'ouvrages d'actualité. Ce choix de 500 images a été opéré parmi 800 documents retrouvés, entre autres, dans l'ancien fonds de Paris Soir, chez des particuliers ou encore parmi les spécimens que la Bibliothèque nationale acquit en 1964 chez Magnum. Ses images légendaires ponctuent un parcours ordonné autour des grandes séries dans lesquelles elles s'insèrent (l'Espagne, l'invasion japonaise en Chine, la guerre de 39-45, la première guerre israélo-arabe et la guerre d'Indochine).


Une première salle pose le personnage, un séducteur caméléon, la cigarette aux lèvres comme on l'arborait en ce temps-là , façon Malraux. «Bob » Capa apparaît flamboyant, au faîte de sa renommée dans les années 50, en chemise blanche ou costume sombre devant la vitrine de Dior. Quelques années auparavant, il sourit au milieu d'enfants chinois, un cliché inédit de 1938 ; il se fait grave déjà  en uniforme américain à  Naples en 1943 ; il apparaît perdu dans ses pensées sur l'aérodrome de Luang Prabang en mai 1954, l'appareil sur le ventre, les yeux rivés au sol, ailleurs. C'est la dernière image de lui vivant.

L'homme fut Endre Friedmann avant d'être Robert Capa, un Hongrois déraciné, fuyant la police secrète de son pays pour se réfugier à  Berlin en 1931, débutant dans la prestigieuse agence Dephot qui fut fermée par les nazis, puis s'enfuyant à  nouveau, à  Paris cette fois, en 1933.


Il est pauvre, cherche des travaux de photographie et finit par changer de nom. Il le choisit facile à  retenir, une référence à  l'Amérique de Hollywood. Il invente un nom qui incarnera un style. Premières années de règne, premier coup d'éclat. Il a à  peine 23 ans lorsqu'il prend la célèbre photo, prémonitoire, du milicien espagnol fauché en plein élan par une balle, première image publiée d'une mort en direct. On peut voir, dans les journaux de l'époque exposés, la place accordée au conflit qui déchire l'Espagne. C'est la première fois que la guerre se joue également sur le terrain de l'image. Capa en fournit des centaines, au plus près de l'événement, cadrant la population mobilisée, martyrisée et le combat des républicains.


On peut aussi voir dans l'exposition ses carnets d'Espagne contenant les planches-contacts que son frère a réunies pendant la guerre. Ses clichés sont parfois mêlés à  ceux de sa compagne, Gerda Taro, ou à  ceux de son ami David Seymour-Chim avec qui il fondera Magnum. Mis bout à  bout, ils témoignent du déluge d'images que produiront les photographes pendant cette guerre et de la naissance d'un style, alerte, soucieux de vérité, un style engagé porté par des hommes hardis.

Ce qui frappe surtout, au-delà  des clichés de guerre, ce sont les nombreuses images des populations touchées par des conflits qui leur échappent. C'est ce choeur de femmes napolitaines pleurant ses enfants morts, les réfugiés espagnols arrivant dans les camps français, la Chinoise en pleurs dans sa maison dévastée, la famille allemande devant les ruines fumantes de Nuremberg.


L'homme qui a pris ces photos n'aimait pas la guerre, mais il combattait le fascisme et le montrait. Le choc des photos n'est pas tout. Il livre à  l'opinion l'aspect le plus humain du conflit pour en faire une fresque qui permettra aux éditeurs de journaux de raconter des histoires. Cette même volonté l'animera dans d'autres reportages, plus sereins, lorsque, envoyé sur le Tour de France en 1939, il photographie les favoris dans leur intimité.

Mais, très vite finalement, l'actualité la plus brà»lante le rattrape. Il fuit en Amérique au début des hostilités, devient américain et reviendra en Américain, catapulté sur les plages de Normandie pour la grande scène que l'on connaît. Il est célèbre et réalise ces incroyables et uniques photographies du Débarquement que l'on peut voir à  côté des clichés bouleversants de la plage d'Omaha Beach au soir des combats. Il est à  nouveau dans l'action, comme il le sera en 1954, sur la route de Thai Bin, en montant sur un talus pour prendre une photo «au plus près», avant de sauter sur une mine.

Jusqu'au 31 décembre, site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France. Tél. : 01.53.79.59.59.

Catalogue Capa, connu et inconnu, Editions de la BNF, 40 €.

<!-- m --><a class="postlink" href="http://www.lefigaro.fr/culture/20041008.FIG0208.html">http://www.lefigaro.fr/culture/20041008.FIG0208.html</a><!-- m -->
[Image: gyrophare-petit.gif]
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#2
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Merci de l'info!

Trés grand ce capa!
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#3
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trés trés belle expo
gratuite le mercredi entre 17 et 20 heures
I'm singing in the galleries, yes singing in the quarries
today you'll learn, what a marvellous game...
I'll brake all your bones,I'll walk on your face,
just singing, yes singing in the galleries.....
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