Mer. 12 Août 2009, 13:15
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Discussion sur l'antiquité des mines de Poullaouen.
Il est fait souvent référence à une exploitation des mines de poullaouen et du huelgoat dès l'antiquité.
Certes, le réseau routier gallo-romaindu secteur tend à appuyer cette idée.
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Mais cet avis reste suspendu au manque de preuves, ainsi que l'ont exprimé :
* Louis Pape, Civitas des Osismes ... , page 131 :
"Cette nomenclature ne nous autorise pas à dire que tous ces gisements étaient exploités à l'époque gallo-romaine; les indices sont faibles et les travaux plus récents ont supprimé les traces plus anciennes. On a des présomptions pour les sites de Saint-Renan et de Trémuson, on constate l'intensité du réseau routier sur l'aire du gisement de Poullaouen-Le Huelgoat, on peut se demander si l'intensité du peuplement de la zone 7 de la carte 16 n'est pas le résultat de l'exploitation de l'étain de Langonnet".
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* Patrick Galliou, Armorique romaine, p. 138 :
"Le plomb est abondant en Bretagne, o๠il est associé a 1'argent dans la plupart des gisements. On remarquera d'ailleurs que nombre de ces gites (Poullaouen-Huelgoat dans le Finistère, Trémuson-Plérin dans les Côtes-du-Nord, Vieu-Vy-sur-Couêsnon et Pont-Péan dans l'Ille-et-Vilaine) furent exploités de fagon industrielle â l'époque moderne et que certaines de ces mines furent même, a certaines périodes, les plus importantes de France. Seuls les gisements de Trémuson-Plérin, près de Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord), de Pont-Nevez en Plélauff (Côtes-du-Nord) et de Donges-Crossac (Loire-Atlantique) paraissent toutefois avoir été utilisés dans l'Antiquité, mais il est probable que, sur d'autres sites, les travaux modernes aient fait disparaitre les traces d'exploitation antique et que de nombreux petits filons de galène aient été utilisés en surface, sans que l'on remarque les vestiges de ces travaux. Ainsi, à la Boissière en Plérin (Côtes-du-Nord), on signale au siècle passé la découverte d' « une certaine quantité de monnaies de bronze dans les galeries encore ouvertes » et la trouvaille d'environ « 30 monnaies de Titus à Commode » dans le ruisseau qui coule au pied de la mine (Geslin de Bourgogne, 1852); il convient d'ajouter que ce gisement se situe au coeur d'une zone densément peuplée a l'époque romaine. A Pont-Nevez en Plélauff (Côtes-du-Nord), à la frontière entre Osismes et Vénètes, des puits forés par le B.R.G.M. dans le gisement de plomb et de zinc mirent en évidence un puits de descente ancien et plusieurs galeries, situées a 36, 40, 66 et 70 m sous la surface du sol. L'examen des boisages encastrés sans clou fournit des dates radiocarbone de 460 de notre ère (à - 66 m et - 70 m) et de 750 à notre ère (à - 36 m), et il est à remarquer qu'à quelque distance de cette première trouvaille, l'orifice d'un puits de descente livra de la céramique du premier siècle de notre ère, dont plusieurs fragments de terra nigra et une anse d'amphore vinaire Pascual I (Sanquer, 1977/A). Nous avons là un bel exemple de gisement exploité au moins depuis l'époque romaine et dont 1'usage se perpétua au Haut Moyen Age. Les conditions d'exploitation du filon de galène qui s'étire a l'est de la Brière, du Bois-aux-Moines en Donges (Loire-Atlantique) a Ile-des-Eaux en Crossac (Loire-Atlantique), sont par contre beaucoup plus obscures, bien que cette zone ait livré un four, des tas de scories et de cendres relativement bien datés par la trouvaille conjointe de tuiles et de petits bronzes de la fin du 111« siècle (Maitre, 1926, 19-24)".
Près de 20 puits, dont certains profonds de 200 à 300 mètres et des kilomètres de galerie furent creusés. Des machines hydrauliques, dont les roues avaient 12 mètres de diamètre, servaient à actionner les pompes assurant l'exhaure (évacuation) des eaux d'infiltration souterraines de ces puits. La remontée du minerai en surface se faisait à flanc de coteau ou à l'aide d'une machine à molette actionnée par des chevaux.
En 1832, pour remplacer les roues hydrauliques, la mine se dota de 2 machines à colonne d'eau accouplées, dont les pompes élévatrices, en bronze, pesait 16 tonnes. Mises au point par l'ingénieur alsacien Junker, Directeur elles assurèrent l'avenir de la mine de 1832 à 1866, permettant l'exhaure de plus de 5000 m3 d'eau par jour de 200 mètres de profondeur.
Les canaux
Les machines hydrauliques furent alimentées en eau, d'abord par le canal inférieur (1761) captant les eaux de la rivière d'Argent, puis par le canal Supérieur, construit en 1772-1774 par Grévin (sur une idée du directeur précédent Koà«nig) à partir du lac d'Huelgoat : ce dernier a été agrandi afin de constituer une réserve d'eau de près de 400 000 m3 d'eau.
Cette eau servait aussi aux laveries, et aux bocards (machines à broyer le minerai).
La Production
Les minerais étaient essentiellement de 3 natures :
La galène à petites facettes (sulfure de plomb), "combinée" avec de l'argent.
La blende (sulfure de zinc), également argentifère (moins fréquente)
Le minerai d'argent, sans plomb, dans la partie supérieure du filon
Entre 1766 et 1778 (apogée), la production annuelle des 2 mines étaient en moyenne de 650 tonnes de plomb marchand et 1750 kg d'argent. La mine d'Huelgoat-Locmaria donnait 2,105 kg d'argent par tonne de plomb.
Leur production globale durant un siècle 1/2 d'activité a été d'environ d'environ 65 000 tonnes de plomb et 100 tonnes d'argent.
Etat actuel de la mine
Le site a été nettoyé et balisé.
On peut y voir quelques terrils (5), l'ancienne galerie d'écoulement des eaux (4) qui servait aussi, dans sa partie supérieure, à l'extraction du minerai par des chariots, d'o๠son nom de "galerie des charioteurs", les emplacements des roues hydrauliques du XVIIIème-XIXème siècle (7-7a-7b), l'ancienne maison des ingénieurs (6), le puits inférieur (13) , les portions terminales des canaux (7b-8), l'entrée de la galerie de l'aqueduc (8) par o๠pénétraient les eaux du canal supérieur alimentant la machine à colonne d'eau de Junker (cf aspect technique).
Une roue hydraulique de 6m de diamètre (échelle 1/2) est installée sur le site depuis mars 2001 (14).
Un chevalement de puits de mine (échelle 1/5) y est aussi installé (voir photo page technique minière).
Sur la partie haute du site, on peut voir le puits de Poullaba, recouvert d'une dalle ajourée (11) après être passé près des corons du début du XXème (cité de la mine).
Enfin, après être redescendu dans le vallon, au point I, on remarque, en repartant vers la D 769A, l'ancien bassin de décantation et sa digue, construits pour résorber la pollution des eaux plombées et sulfureuses sortant des laveries et des galeries.