Ven. 18 Jan. 2008, 21:07
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Citation :Une cathédrale. Plus encore, un stade de football. Voici ce qui pourrait se loger, au moins, dans l'immense salle du phare, ainsi baptisée en raison de la présence, quasiment en son centre, d'une imposante stalagmite d'une quinzaine de mètres de haut. Un robuste pilier, une vigie presque incongrue dans la cavité gigantesque. Solitaire dans le chaos, comme le dernier témoin des ères quaternaire ou tertiaire, quand, dévalant depuis l'Aigoual, de formidables rivières ont creusé le calcaire du causse. Il y a des millions d'années.
La salle du phare est l'un des points forts de la grotte des Calles. Sous le plateau de Blandas, ce remarquable réseau souterrain situé à hauteur de la commune
de Bez-et-Esparon, à quelques kilomètres du Vigan, a été mis au jour il y a deux ans par le spéléo club de la vallée de la Vis avec l'aide du club du Vigan, le Gres. Une vingtaine de taupes, comme le jargon qualifie ces explorateurs de l'ombre, a effectué un travail acharné pour une découverte majeure, rendue publique aujourd'hui, après qu'en ont pris progressivement connaissance le petit monde de la spéléologie, puis les habitants de Bez, conviés il y a quelques semaines à une conférence au village.
« On s'y est mis sérieusement en 2001, explique Jean-Yves Boschi, président du spéléo club de la Vis et du comité départemental de spéléologie. On est parti de l'Event de Bez, un réseau répertorié dès 1861 et dans lequel tous les gamins des environs ont un jour o๠l'autre mis les pieds. » Les spéléologues s'emploient d'abord à pomper le siphon, pour une progression plus aboutie et plus avant dans la galerie. L'exploration, à proprement parler, s'effectue ensuite dans plusieurs puits et jusqu'à un niveau supérieur o๠des indices exciteront la curiosité : des crottes de rongeurs jonchent le sol et de puissants courants d'air soufflent parfois. Immanquablement, le réseau devait cacher une autre entrée, d'autres prolongements sans doute...
Le 10 décembre 2005, l'affaire prend réellement tournure jusqu'à dépasser toutes les attentes. En extérieur cette fois, à flanc de coteau, les taupes grattent le terrain escarpé, à la recherche... d'un trou de souris ! Il fait très froid ce jour-là , une épaisse couche de gelée blanche recouvre la végétation. « En passant au pied d'une petite barre rocheuse, raconte Jean-Yves Boschi, j'ai remarqué de l'herbe verte et humide devant une petite entrée en demi-lune. » De l'air tiède, sous pression, s'en échappe. Le lendemain, l'ouverture minuscule est agrandie et, bingo, une galerie se profile. Deux cents mètres plus loin, les lampes des spéléos butent sur l'obscurité. Un noir absolu, un vide total : un balcon surplombe, sous une voà»te circulaire, une salle déjà immense qui préfigure la suivante, celle du phare, 150 mètres de long par 50 de large et 40 de haut. « La grotte des Calles, avec ses connexions, est l'une des plus importantes découvertes de ces trente dernières années dans la région », estime Serge Fulcrand, membre du club de la Vis et conseiller technique national à la direction régionale de la Jeunesse et des sports. Plus encore que par la qualité de ses concrétions et de ses cristaux, elle se singularise par la dimension de ses galeries. « Et encore, elle n'a pas révélé tous ses secrets », affirme Jean-Yves Boschi. Avec gourmandise.
Richard BOUDES
Lu sur la liste Spéléo...
Jeff95 ~(o|;o)