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Je pensais ce week-end être sur le point d'accéder à mes attentes et enfin pouvoir visiter ce château d'eau qui suscite mon intéret depuis une dizaine d'années. Lourde erreur ! Il ne fait toujours pas partie des monuments ouverts au public lors des journées du patrimoine.
C'en était trop pour ma curiosité insatiable... Ajoutez à cela une légère envie de revanche vis-à vis des Monuments de France qui s'obstinent à aller contre mon gré, il n'en fallait pas plus pour que je passe en mode urbex !
J'attends donc une heure plus que tardive, le genre d'heure où tous les chats sont gris (me disant que ce doit être la même chose pour les urbexeurs) et je décide de passer à l'action.
Après un premier repérage au pied de l'édifice, je me rends vite compte qu'il ne faut pas compter trouver un accès au sol.
Retour à mon camion que j'avais garé dans un endroit discret, et je prends un peu de matériel de travail, à savoir corde, grappin en alliage léger, baudrier, mousquetons et tout ce qui va bien pour jouer à l'araignée qui remonte sur son fil. Sans oublier le petit sac contenant le minimum obligatoire pour toute explo, à savoir un appareil photo, un trépied, deux ou trois lampes d'appoint et un sandwich au jambon serrano.
Encore une fois je me dis que décidément, les cordistes sont favorisés par rapport aux autres pour la pratique de l'urbex...
Je parviens à accrocher mon grappin au bout de la quatrième tentative, et je commence mon ascension.
Chance, au bout de 8 mètres de remontée sur corde, je passe devant une fenêtre qui me semble mal fermée (j'avais repéré ce détail d'en bas mais je n'étais pas sûr du coup) et qui de fait, s'ouvre à moitié quand je force un peu dessus.
Je pénètre donc dans le premier niveau de mon château d'eau.
Un beau plafond constitué de voutes en briques destiné évidemment à supporter un poids élevé...
Et un hexagone central abritant un très bel escalier en pierre. (Il faut dire que le monument date de 1878...)
J'emprunte ce bel escalier en grès rose et j'arrive à l'étage suivant...
Et là, surprise ! Je m'attendais à tomber sur une immense cuve de maçonnerie de la taille du château d'eau, comme tous ceux que je connais, mais pas du tout.
Ici, il s'agit de quatre imposantes cuves en acier riveté.
Je suis juste en dessous de ces cuves dont je vois le fond arrondi, et elles semblent se prolonger à l'étage supérieur.
Légère frustration due à mon grand-angle qui n'est pas suffisant pour capturer toute la scène, mais on comprend aisément que ces cuves sont placées en carré dans l'édifice, et au centre se trouve le puits hexagonal abritant l'escalier...
A l'étage supérieur, j'arrive au dessus des cuves... Ou du moins je le pense. En fait il ne reste qu'une cuve dans son format d'origine. Les autres ont été découpées pour je ne sais quelle raison.
Celle qui subsiste est percée de six ouvertures ressemblant à des portes se faisant face... Là encore, interrogation.
Les fenêtres composées de vitraux, rétroéclairées par les lampadaires de la ville, se reflètent sur les murs de brique telles des tableaux d'art contemporain rappelant le talent d'un Mondrian ou d'un Vasarelli.
Je remarque avec quel souci du détail travaillaient les ouvriers de l'époque, même les tirants métalliques servant à rigidifier l'ensemble du bâtiment sont ornés de décorations; et chaque élément d'architecture est mouluré...
Je me risque à tenter une sortie sur le toit.
Je m'accorde une pause bien méritée et j'en profite pour jeter un sort à mon sandwich au jambon, tout en contemplant la ville endormie juste là, sous mes pieds. Moment privilégié.
Puis vient l'heure de rentrer. Je reprends ce bel escalier en sens inverse et me voici à l'étage par lequel je suis rentré.
J'installe ma corde de façon à pouvoir la récupérer une fois au sol, et je me fais une petite descente en rappel jusqu'au plancher des vaches.
Retour au camion avec un sentiment de satisfaction bien légitime.
Une fois de plus, je me suis fait plaisir, j'ai vu de belles choses et j'ai appliqué à la lettre les lois de l'urbex :
Je n'ai rien cassé pour entrer, je n'ai rien laissé sauf des traces de pas, je n'ai rien pris sauf des photos.
Je vais maintenant dormir comme un loir.
Quand tu ne sais plus où tu vas, retourne-toi et tu sauras d'où tu viens... loulexplo.fr objectifloul.fr