Hi, Guest
Lun. 12 Août 2013, 17:14
| 26 Abdul El Razad Acmo aliasdingdong Bhv Bouldegom Citerne Dave Farfadet Glory JohnnyBoy12 julienboys KarlHungus KOP le G.O Lion Monsieur S NicolasFouquet Nomad ouchouh@ya saintloup Shorbock Silvertype smac VilCoyote wally Zoko |
1 Capitaine Caverne |
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En mattant vite fait sur internet je tombe sur ceci :
http://www.avenuevertelondonparis.com/
Quelques minutes de réflexion, je regarde mon vélo, qui est un vieux peugeot des années 70 en tubes acier, équipé anachroniquement d'un porte bagages à l'avant, un peu court, mais bon je me persuade qu'il tiendra le coup.
Nous sommes le 06/08/13, il est midi passé, je fonce au décathlon de Montreuil me procurer des sacoches, un nouveau tapis de sol auto-gonflant, un duvet hyper compact et quelques bricoles.
Sat peu de temps avant m'avait prêté sa tente, Muzo me dépanne d'un tube de crème solaire et d'une carte Michelin.
Je trace au Leader choper des vivres, essentiellement des pâtes et du thon, quelques conserves, du lait en poudre, du café soluble ( vitale ), des barres céréales pour se donner de l'énergie au petit matin.
J'ai mon poncho militaire en cas de pluie, quelques affaires de rechange soigneusement emballé dans des sacs plastiques, un rouleau de PQ pour les besoins de mère nature.
Mon vélo ainsi équipé et chargé me fait penser à une sorte de tank artisanale, allez savoir pourquoi..
Je me procure aussi de "Luza", une petite radio que j'avais gagné à une fête foraine à Narbonne quand j'avais 12 ans, elle à 15 ans Luza, c'est encore une petite ado, elle sera ma seule amie durant tout ce trajet, elle me fera danser tout seul au milieu de rien, elle me fera pleurer, elle me donnera du courage dans les pires moments de doute.
Gourde, bouteille d'eau et poche à eau pleines, me voilà quasiment fin prêt
Il est quasiment 17h, j'ai accumulé pas mal de retard à force de tout revoir en revue, je suis à deux doigts de me convaincre de partir le lendemain, mais je me met un petit coup de fouet, et décide d'y aller.
Direction la Villette, où j'espère rejoindre cette fameuse piste cyclable sans embrouilles.
En fait cette foutue piste est toujours en travaux sur l'ile de france, les passages de st-denis sont chaotiques, je tombe même sur une sorte de barrage artisanale fait avec des poussettes et des tas de merde où des " djeun's" te demandent 2 euros pour le droit de passage.. non mais oh !
Je contourne ce bordel en essayant de retomber sur la Seine, je me perd pendant quelques heures, je me retrouve au milieu d'une cimenterie qui longe une voie rapide, j'hallucine un peu sur le parcours, ma carte Michelin n'est pas assez détaillée pour m'aider, je vais donc agir en suivant mon instinct..
Il est 18h passé, j'arrive à récupérer cette foutue piste vers L'île-Adam, il se met à pleuvoir, ça devient assez relou..
Le vélo doit bien porter environs 20kg de matos à l'avant, je commence à m'y faire, la direction est pour le coup un peu plus hésitante, mais j'arrive à me faire des bons virages en penchant bien le bassin avec le vélo.
La pluie redouble, je suis sur le long de la Seine vers Port-Marly, il y à masses de péniches, je me décide à poser ma tente dans une fin d'allée privée, la même que doivent emprunter les résidents de ces péniches, en espérant qu'ils ne me virent pas à coups de pieds au fion..
Pendant ma popotte, Luza me diffuse un son de Kusturica, ça me fout les boules..
Comprendront ceux qui me connaissent..
Repas sommaire: pâtes aux harengs sauce moutarde.
Un petit coup d'oeil au vélo et je remarque que ma roue arrière est désaxée, elle frotte sur le cadre, ok demain je vais faire un peu de réparation.
Avant de dormir je recherche la feuille avec mes notes pour les directions à suivre, putain le con.. Je l'ai zappée chez moi !!
Me voilà sans vraiment de directions à suivre, je sais que je ne suis plus sur l'avenue verte depuis un moment..
Tant pis on verra demain.
le 07/08/13 :
Réveillé par un filet d'eau sur la tronche dans la tente à 07h30, le genre de truc qui te met de bonne humeur, je commence à me dire que j'ai vraiment choisis mon jour..
La pluie bat à torrent et je suis toujours dedans à éponger ce que je peux avec ma serviette microfibres, tel un navire qui prend l'eau mais qui se refuse de sombrer, j'écume !
Vers 10h la pluie commence à se calmer pour devenir une petite bruine, je pense que c'est le moment de tout remballer avant qu'un autre déluge me tombe sur la tronche.
La tente sera trempée, mais bon tant pis, je la ferais sécher quelque part, plus tard, plus loin.
Je répare le vélo et c'est partit !
Ce jour là, la pluie n'a pas voulu me laisser tranquille, je tourne en rond sur Sartrouville, il n'y à pas de panneaux, rien, je longe dangereusement les nationales avec ce temps de merde, je pète un câble.. Je suis en train de perdre un temps fou..
Je passe à l'Office du tourisme de Sartrouville, j'ironise auprès de la tenancière qu'au vu des indications inexistantes, le site de l'avenue verte est surement fait pour les motos avec GPS, ceux à quoi elle approuve en m'expliquant que certaines villes ont refusées le balisage car patrimoine historique etc etc...
Hummmmmmm...
Je sens l'énervement me monter aux tempes, je suis trempé, je pense qu'elle le remarque aussi et là, ô miracle, elle me sort une carte de cette fameuse "avenue verte", 16eu la carte..
Un coup de téléphone retentit, elle décroche et me tourne le dos, je saisis la carte et sors qomme ci de rien n'était, je suis diabolique..
Je fonce en suivant enfin des indications claires et précises, je retrouve L'Oise, je coupe au-travers de la forêt de St-germain en laye, c'est beau, enfin le début de l'aventure !!
Je commence à sentir que toute cette flotte sur moi pourrait anéantir cette rando, je suis obligé de m'arrêter, il faut que je trouve un endroit avec un plafond, un endroit imperméable, du dur !
Je n'arrive pas vraiment à visualiser où je me trouve, je me met au bord du fleuve pour trouver un point de repère, la mousse sous mes pieds est saturée en eau, ce qui devait arriver arriva, je dérape, j'arrive pas à attraper le tronc devant moi pour me retenir, paf la chute de tout mon poids sur le genou gauche..
Petit hurlement qui brise les chants des piafs aux alentours..
Je trouve refuge sous le pont de la D55A à Neuville s/oise, je me fait un feu de tout les diables, pose une cordelette pour étendre toute mes affaires afin qu'elles sèchent plus rapidement, j'installe la tente, la laisse sécher deux bonnes heures au moins, ça à l'air de marcher, en observant autours de moi je suis moyen rassuré, j'ai opté pour un spot qui m'à l'air d'être un peu le lieu de rendez vous des zonars du coin, je suis aux aguets, au moindre bruit suspect je serre mon opinel dans ma poche pour me rassurer..
Luza diffusera du son de teuf, hallucinant, je me laisse entrainer par le rythme tout seul sous ce pont, de loin je dois paraitre pour un junkie
La nuit se déroulera sans incidents majeurs, hormis deux trous du cul qui voulaient faire chier du clodo et que je remet vite fait à leurs places, j'arrive à dormir sereinement.
le 08/08/13
Je me réveil assez tard, il est 11h , mais je pense que ça m'à fait un bien fou, c'était ça ou la crève.
Mon genou est un peu trop gonflé pour que ce soit normal, mais je n'ai pas de douleurs particulières, il est juste gonflé comme un petit ballon de baudruche.. Humm.. Bon allez on tente et on verra sur les prochains km..
D'ailleurs aujourd'hui je me dis que je vais en bouffer du km, un max même, il le faut, il s'est mis à faire beau, je continue de longer l'Oise jusqu'à Vauréal pour prendre la direction de Gisors, je traverse Vigny, Théméricourt, Wy-dit-joli-village, Villarceaux , des paysages de ouf, des chateaux, des golfs, on sent vraiment que la populace locale est pété de thune, leurs bagnoles confirment tout ça, leurs barraques aussi..
Mon téléphone n'à bientôt plus de batterie, je fais une halte à Chaussy dans un bar un peu glauque aux premiers abords, 3 limonades fraises plus tard, mon téléphone est plein, je reprend la route jusqu'à Gisors, je pue c'est une infection, il me faut une douche, je tape un demi-tour jusqu'à Dangu, il y à un petit camping sympa au bord d'un lac.
D'ailleurs ça y est je suis en Normandie..
Posage de mon hamac, je squatte les douches pendant un temps indéterminé, je m'en fous, je veux juste sentir l'eau longer la moindre surface de mon corps, le moindre centimètre d'épiderme et me remettre du savon de marseille encore et encore..
Je me suis bien "ssssaaaaaavonnnnnnnnnnnné " !
Je le dis haut et fort sous la douche, de toute façon il n'y à pas grand monde, je me met comme d'habitude à rigoler tout seul.
Je fais la connaissance rapide d'un mec de vélorution de Besançon, lui il est super équipé, il a un vélo Kolga de ouf, il a des shorts rembourrés que mes petites noix regrettent de ne pas avoir acheté..
Lui se lève à 05h du mat, il veut etre à Dieppe dès le lendemain.. wow !
On siffle une bière ensemble, putain ça fait du bien, je m'endors limite dans mon hamac, je me refais une popotte, des nouilles chinoises et une conserve de pomme de terre au lapin.
Je m'endors comme un bébé avec encore mon bouquin entre les mains et Luza qui me diffuse un peu de musique classique.
le 09/08/13
Réveil vers 08h, le gars est déjà parti, tant pis.
Aujourd'hui il y à un vent de face des plus énervant, je roulais en moyenne à 20km/h, ce qui honnêtement ne parait pas énorme, mais qui est une bonne moyenne pour ne pas se tuer trop rapidement, malheureusement ce jour là je n'arrive pas à dépasser les 15km/h.
C'est le genre de vent qui te rend ouf, qui te freine, puis comme par hasard ce tronçon est blindé de cotes interminables, le genre de montée sur 4 ou 5 km, avec ce foutu vent de face, je vous laisse imaginer les insultes hurler face à Éole au milieu de rien.
Mon dérailleur avant commence à montrer des signes de faiblesse, la chaine passe mal les plateaux, je suis obligé de faire ça manuellement, je tente de le tordre un peu pour éviter que ma chaîne ne frotte trop dessus, ça tiendra le coup..
Les paysages sont vraiment magnifiques, des champs de blé à perte de vue, un océan en or qui resplendit de plus belle grâce au soleil.. Je kiffe !
Mon compteur m'indique que j'ai dépassé les 200km de trajet depuis le début, je commence à avoir un problème de taille, j'ai super mal aux testicules.. hahaha
Ma selle est une torture, je vous souhaite pas de connaitre ça, je me met en danseuse dés que je le peux histoire de faire reposer le matos..
ça marche plus ou moins..
J'ai envie de tester un produit local, je m'arrête à St germer-de-fly, je me chope une baguette et du fromage Neufchâtel, ainsi que la patisserie du coin, un " divorcé ".
Je dévore tout ça devant l'abbatiale de la ville, une Chapelle immense et superbement imposante.
Je dépasse Gournay-en-bray, Ménerval, Pommereux, La Bellière, je trouve un camping à 4eu80cts la nuit à Forges-les-eaux, je trippe avec deux papis Anglais qui eux vont vers Paris, ils me rassurent en me disant que le reste du chemin est balisé et plutôt "easy", de mon coté je les affole un peu en leur disant que l'enfer les attends avec ces montées interminables
Je me refais des pâtes aux maquereaux à la moutarde, ça bourre bien et ça revigore pas mal.
le 10/08/13
Effectivement la route, enfin l'avenue verte est bien balisé sur ce tronçon, c'est même une vraie piste cyclable, en dehors des départementales, le vent est toujours présent, toujours de face, la piste longe une ancienne voie ferrée où les gares sont reconverties en charmantes petites maisonnettes, vers Saint-Saire, l'ancienne gare est devenu une petite brasserie tenu par une charmante chanteuse de jazz, ses yeux et ce qu'elle dégage me forcent à prendre 3 cafés chez elle en la questionnant sur tout et rien, pourvu qu'elle continue de me parler, je la trouve sublime, cette femme de 35 ans dégage quelque chose.. Quelque chose de mystérieux, d'envoutant, son sourire recharge mes batterie de morale à bloc, quelle femme !
Sur ce tronçon de piste, il y à pas mal de familles venus pédaler ou faire du roller, faut faire gaffe, les petits bouts sont mignons mais ne regardent que trés rarement derrière eux, ralentissement tout les 200 mètres environs pour ne pas provoquer un drame.
Je dépasse Neufchâtel-en-bray, Osmoy-St-Valery, St-Vaast-d'Equiqueville, Meulers.. Tout le chemin est parsemé de restes de poteaux de signalisations des anciens chemins de fer, les rails rouillés longent le chemin sur la gauche, tout celà s'encastrant joliment dans un décors verdoyant, le vent est toujours présent pour gacher la fête, mais aprés tout, il est ici chez lui, je ne fais que squatter ses soubresauts, je le néglige.
Arrivé à Dampierre-St-nicolas, un panneau m'affirme me trouver à un peu moins de 30km de Dieppe, je serre les dents, je veux y etre dans l'après-midi.
Une fois dépassé Aeques-la-Bataille, le paysage redevient plus urbain, fini les champs de blé et de maïs, place aux petites maisonnettes normandes, aux kékés du coin avec leurs bmw et leurs voitures tuning de beauf, arrivé à Rouxmesnil-Bouteilles, je n'en revient pas moi même, je l'ai quasiment fait, pour la peine sur ces derniers dizaines de km, Luza chante tout ce qu'elle a dans son petit ventre, le vent m'empêche d'entendre correctement ce qu'elle me dit, je devine les chansons, me trompe parfois, hilare, je m'arrete plusieurs fois pour saluer un papillon ou sentir l'odeur de fleurs bleus dont je ne connais pas le nom.
J'arrive à Dieppe tel un Hercules, chevauchant mon canasson d'acier, il y à encore quelques sévères montées à faire, je flippe de casser ma chaine, je dois dépasser Dieppe finalement, je vais me poser dans le camping de Pourville.
Je vois enfin la mer, putain.. Elle est là, j'en ai les larmes aux yeux..
Les falaises sont belles, les couleurs que m'offre la nature me scotch un peu sur place, la mer a des nuances de vert-bleu, les falaises contrastent avec un jaune ocre, c'est beau.
Autours il y à pas mal de bunkers dissimulés ici et là, j'irais voir ça dans la nuit..
Je trouve enfin ce camping.. La nuit est à quasiment 15 euros, ça me dégoute, mais bon, faut que je me douche, puis en analysant un peu la config' du terrain je pourrais peut etre gratter une nuit ou deux.
Aprés avoir posé la tente, je file sur la plage parsemée de galets qui font mal aux pieds, sans hésiter je me jette à l'eau !
Mon compteur m'indique que j'ai dépassé les 300km, je n'en reviens pas, sur Paris je crève mes pneus quasiment chaque jours, et sur ce coup là, pas une seule crevaison, juste quelques micro pépins mais rien de méchant.
le 11/08/13
Réveil sous la pluie, et oui..
Luza et France info m'annonce que ce temps pourri doit durer jusqu'à Mardi.. ça me saoule, tout est trempé, je replie ma tente, et fonce pour la dernière fois sur la plage.
Je me baigne malgrés les nuages noirs menaçant, je suis bien le seul d'ailleurs, mais je kiffe..
Ma décision est prise de rentrer en train juste aprés, il y à un Dieppe-Paris qui part vers 15h50, il est 13h, je profite encore un peu de la mer, je fais la planche et laisse les lois de la physique soulever mon corps, ce gout de sel dans la bouche, dommage pour le soleil, mais bon, j'ai tenu mon pari, je l'ai fais, je suis arrivé jusqu'ici en vélo, tiens ça mérite bien un sale kébab bien dégueu dés que j'arrive sur paris..
En y pensant mon ventre gargouille, ça me fait rire..
Arrivé à la gare encore mouillé par ma baignade, je phase un peu sur la poitrine de la demoiselle de l'acceuil de la sncf, je ne sais pas vous, mais quand je prend le train en période de vacances, je tombe souvent sur des créatures de rêves, je me suis toujours demandé comment ça se passait le recrutement du coup, si ils le faisaient exprés ou si c'était juste moi et mon regard un peu naïf du célibataire..
Je m'ouvre une boite de sardine dans la gare, un tue l'amour pour beaucoup, mais honnêtement je m'en fous..
Arrivé sur paris vers 18h, je retrouve ces couloirs de bus anarchiques, ces taxis que je méprise, l'air hautain des parisiennes du 9eme, les dealers de crack dans le 18eme, et entre ces deux arrondissement les toxos dans leurs crises de délires..
Arrivé chez moi, en ouvrant l'une de mes sacoches une énoooooorme araignée en sort un peu abasourdie par les chocs, sympa je lui laisse la vie sauve mais la fout dehors..
Mon babké est enfin acheté, c'est dégueulassement bon, j'arrive même pas à le finir..
En espérant en avoir motivé certains, le vélo les mecs c'est la liberté, pas d'essence, pas d'assurances, le temps est palpable au travers des paysages observés, une autre vision de l'exploration que je vous souhaite de découvrir tout seul ou entre amis.
" Cyniquement Sonic "
