Ven. 31 Mars 2006, 14:44
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La tourelle, dâun poids total de 250 tonnes, est composée dâune muraille en acier mi-dur de 450 mm dâépaisseur et de 5,55 m de diamètre, réalisée en quatre segments égaux assemblés par une feuillure, dont lâun comporte les embrasures des pièces.
Cette muraille est surmontée dâune calotte sphérique en fer laminé de 300 mm dâépaisseur, engagée dans une feuillure de la muraille et vissée sur celle-ci.
La calotte est doublée par une tôle dâacier doux de 15 mm pour éviter la projection de ménisques de métal sous le choc de projectiles.
La tourelle est installée dans une vaste substruction en béton comprenant une avant cuirasse et trois étages en sous-sol ainsi que la galerie dâaccès.
Lâavant cuirasse, en acier moulé dâune épaisseur de 40 cm, est noyée dans un massif de béton. Elle comporte une galerie, accessible par une échelle dans un puits vertical, permettant de faire des réparations.
Sous la muraille, la tourelle est constituée dâun cylindre en tôle épaisse fixé sur le plancher de la chambre de tir.
Ce plancher est relié au pivot central par des consoles rayonnantes reposant sur la sellette par lâintermédiaire de galets coniques et dâun lissoir.
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Lâensemble repose sur deux bielles reliées aux leviers des contrepoids dâéquilibrage.
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La chambre de tir contient les deux pièces de 155 long De Bange, montées sur des affà»ts berceaux, avec cylindres de freinage et récupérateur. Pour le pointage en hauteur, les berceaux coulissent dans les rainures circulaires des flasques supports.
Les pièces peuvent tirer de - 2°30 à + 22°, le réglage sâeffectue depuis le niveau intermédiaire par une manivelle actionnant une vis reliée à lâaffà»t.
Les pièces et les affà»ts sont équilibrés par des contrepoids situés dans le pivot central.
Un système de ressort à rondelles Belleville récupère lâénergie du recul, remet les pièces en batterie et déclenche lâéclipse de la tourelle.
Les extrémités des tubes passent dans les embrasures par lâintermédiaire dâun obturateur sphérique en bronze assurant lâétanchéité aux gaz des tirs.
Un levier de commande permet de déclencher manuellement lâéclipsage de la tourelle en cas dâincident.
Dans la chambre de tir on trouve également un entonnoir à douilles et un système dâaspiration des gaz relié au ventilateur, ainsi que la réception de la chaîne à godets servant à monter les munitions.
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La chambre de tir est guidée par une couronne en bronze, fixée sur la substructure en béton.
Une circulaire graduée, en bronze, à la base de la chambre de tir, permet le pointage en direction et la mise à feu électrique des deux pièces simultanément.
La rotation de la tourelle, est assurée par une couronne dentée entourant la chambre de tir et un long pignon fixé dans une alvéole de la paroi, entraîné par un axe vertical commandé depuis lâétage inférieur.
à lâétage intermédiaire, se trouve un second guidage pour le pivot central, lequel contient les verrous de batterie.
à ce niveau se trouve également le mécanisme de pointage fin, ainsi que le levier de lancement et la réception du monte charge intermédiaire.
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à lâétage inférieur sont situés le système de ventilation et le monte charge primaire permettant de monter les munitions à lâétage intermédiaire, tous ces équipements fonctionnant manuellement.
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On trouve également à ce niveau le mécanisme dâéquilibrage et le treuil de relevage du cadre des leviers de contrepoids moteur et de déclenchement. Ces éléments sont situés dans un sous-sol contenant les butées de cliquets des balanciers de déclenchement et moteur ainsi que les verrous dâéclipse et le guidage de la tige pendante.
Les leviers des contrepoids dâéquilibrage sâappuient sur des rotules cylindriques par lâintermédiaire de semelles plates, et sont guidés par des galets roulant sur des appuis latéraux, le tout reposant sur de fortes poutres.
Les contrepoids dâéquilibrage sont munis dâun système permettant de régler précisément lâéquilibrage de la tourelle.
Sous la tourelle, la tige pendante assure la transmission du mouvement du levier moteur et la retenue en position dâéclipse, par un épaulement sur lequel sâaccrochent les verrous dâéclipse.
La tige pendante est reliée à la sellette par un écrou, entraîné par une couronne dentée et une vis sans fin, permettant un réglage en hauteur précis des positions haute et basse de la tourelle.
Le cadre de relevage et la crémaillère sont équilibrés par un secteur denté muni dâun contrepoids réglable.
Le balancier du levier de déclenchement est relié par des biellettes au manchon à coins coulissant sur la tige pendante. Le balancier du levier moteur est relié par le même système à la traverse inférieure.
Les balanciers sont reliés aux leviers moteur et de déclenchement par des cliquets, ils sont destinés à libérer la tourelle des leviers quand elle est en batterie.
Les substructions de la tourelle sont vastes et abritent les magasins de munitions : obus, gargousses, étoupilles, outillage et les tubes de rechange des pièces.
Le service de la tourelle nécessite lâeffectif de seize hommes et dâun sous-officier.
Les projectiles disponibles sont : des obus en fonte, des obus à balles et des boites à mitraille. Les obus pèsent environ 40 kg.
Historique
Le premier prototype réalisé par Schneider sera présenté en juin 1890. Il semble quâil ait donné entière satisfaction à la Commission mixte de lâArtillerie et du Génie, puisquâune première tourelle sera commandée en aoà»t 1891 et expérimentée un an plus tard.
Quatre autres tourelles seront commandées par la suite.
Elles seront installées dans les ouvrages suivants : Deux au fort de MANONVILLERS, une à la batterie de lâàperon à Frouard, une au fort de Pont Saint Vincent, une au fort dâArches.
Les deux tourelles de MANONVILLERS ainsi que les deux tourelles âMOUGINâ furent très endommagées lors des combats de fin aoà»t 1914 par les obusiers allemands de 305 et 420 mm. Elles ont été ferraillées par la suite.
Les tourelles de Pont Saint Vincent et dâArches ont été ferraillées par lâorganisation Todt en 1942.
La tourelle de la batterie de lâàperon à Frouard existe toujours, en bien mauvais état hélas !
La masse de ces tourelles, 250 tonnes, était très importante, et le prix de revient de 850 000 francs or.
Principe du système dâéclipse
Pour faire passer la tourelle de la position dâéclipse à la position batterie ou inversement (course 55 cm) en 4,5 secondes, il faut vaincre dâune part les résistances passives (frottement) et dâautre part lâinertie de lâengin. Lâénergie consommée à vaincre les frottements est perdue à chaque opération.
Lâénergie dépensée pour mettre le système en mouvement et lui faire parcourir sa course se trouve stockée sous forme de force vive dans la masse en mouvement. Elle peut être recueillie par un appareil récupérateur chargé dâannuler la vitesse de la tourelle et restituée pour produire le mouvement inverse.
Cette énergie, lâinertie, est pour une course dâamplitude déterminée dâautant plus importante, que la masse de lâengin et la vitesse dâéclipse sont plus considérables.
âPar Conséquent, pour que la tourelle pà»t satisfaire au programme de la commission, la première condition était quâelle fà»t à récupérateur dâinertie, autrement dit quâelle eà»t tendance à passer dâelle même sans le secours dâaucune force extérieure, dâune de ses positions extrêmes à lâautre à la façon dâun pendule oscillant.â (Note du commandant Galopin)
Pour satisfaire à cette condition le procédé suivant a été employé :
La tourelle est équilibrée par deux contrepoids à balancier disposés symétriquement dans le même plan vertical. Les balanciers oscillent en roulant sur des rotules cylindriques.
Cette disposition implique que la longueur des bras de leviers de la tourelle et du contrepoids varie pendant lâoscillation , câest à dire que le contrepoids équilibre exactement la tourelle en position 1, mais quâen position 2 la tourelle est prépondérante et a tendance à redescendre. En position 3 le contrepoids est prépondérant, la tourelle a tendance à remonter.
Cette prépondérance est donc maximum dans les positions extrêmes, elle diminue progressivement pendant le mouvement. Elle est nulle à la position dâéquilibre 1 et change de sens lorsque, en vertu de la vitesse acquise, le système dépasse cette position, pour atteindre lâautre position extrême.
Ce mouvement pendulaire pourrait se produire sans intervention de forces extérieures, sâil nây avait les résistances passives dues aux frottements que lâon ne peut éliminer.
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Pour que la tourelle partant dâune de ses positions extrêmes puisse atteindre lâautre, il faut à chaque manÅuvre appliquer au système le travail nécessaire à vaincre ces résistances, travail quâil faut produire par une intervention extérieure, en lâoccurrence à bras dâhommes.
âOr, si réduit que lâon suppose le travail de ces résistances, on ne saurait espérer la produire avec cinq ou six hommes pendant quelques secondes que dure la manÅuvre de mise en batterie et éclipse. Il faudra de toute nécessité disposer dâun accumulateur permettant aux hommes de produire, pendant lâintervalle des salves, le travail qui doit être dépensé brusquement au moment des manÅuvres.â(Note du commandant Galopin)
Il faut donc que la tourelle soit munie dâun accumulateur.
Cet accumulateur est un poids supplémentaire, appelé contrepoids moteur (5000 kg), remonté par un treuil à bras et une crémaillère.
Ce poids vient sâajouter aux contrepoids dâéquilibrage pour faire monter la tourelle en batterie et nâagit pas quand elle sâéclipse. Pour vaincre les résistances de frottement à la descente, on donne à la tourelle une légère sur prépondérance calculée, soit 32 tonnes, ce qui fait redescendre la tourelle très vite.
Pour la facilité de la manÅuvre, le contrepoids moteur et son treuil de relevage sont situés perpendiculairement aux leviers dâéquilibrage.
En résumé lâengin est à récupérateur dâinertie et à accumulateur de travail.
Cette accumulation de travail est possible par 5 ou 6 hommes pendant lâintervalle de 2 minutes entre les salves.
Un homme fourni en une seconde 8 kg/M soit 960 kg/M en 2 minutes, donc 6 hommes 5760 kg/M.
Pendant les expériences sur la première tourelle au Creusot, on a pu tirer 10 salves en 9 minutes, ce qui ne laissait aux hommes chargés de la manÅuvre du contrepoids moteur, quâune minute entre deux salves.
La tourelle, en vertu de son système pendulaire, ayant tendance à osciller, il faut lâarrêter à ses positions extrêmes et lây maintenir solidement, pour ne la laisser repartir quâau moment voulu. Cette opération est réalisée par des verrous automatiques.
Les deux verrous inférieurs ou verrous de batterie sont portés par la tourelle . Ils prennent appui sur la couronne de guidage du pivot central et sont reliés par un basculeur à la tringle oblique au dispositif de déclenchement de lâéclipse.
Les deux verrous inférieurs ou verrous dâéclipse, sont fixés à la poutre transversale portant les rotules des leviers dâéquilibrage. Les becs des verrous dâéclipse viennent prendre appui sur un épaulement de la tige pendante.
Fonctionnement
Lancement - En partant de la position en éclipse, le contrepoids moteur est relevé à lâaide du treuil. Les contrepoids dâéquilibre sont en position haute et sont donc prépondérants sur la tourelle.
Le contrepoids moteur représente lâeffort à fournir pour vaincre les résistances passives.
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Pour finir sur une note optimiste concernant le site de la batterie de lâàperon de Frouard :
LâAssociation de Sauvegarde du Patrimoine Fortifié de Frouard (lâA.S.P.F.F.) va bientôt récupérer, par AOT, la batterie de lâàperon de Frouard.
Cette AOT devait ce faire en duo avec lâassociation de paintball qui occupe les lieux depuis 1994.
Avec les problèmes quâil connaît depuis fin novembre (rave-partie à la batterie), les autorités militaires ne souhaitent plus la présence du paintball à la batterie et ce dâici 3 mois.
Alors, bientôt un site a visiter...
Alain MARIOTTE
Président de lâA.S.P.F.F.
Janvier 2006