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10 mars 1906 : la tragédie de Courrières
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Lucette Clin, 60 ans, mère au foyer. Petite-fille de César Danglot, rescapé de la catastrophe à  27 ans, après trois semaines d'errance.



«Je l'appelais Pépère. J'étais sa seule petite-fille, il me bichonnait, il a vécu avec nous jusqu'à  sa mort, quand j'avais 20 ans. Chaque année, des journalistes venaient le voir, même un Yougoslave une fois, pour qu'il raconte ses vingt jours sous terre. A la fin, il en avait marre. Il disait comment il avait dà» traîner ses camarades sur ses épaules, tâtonner dans le noir, boire son urine, manger un cheval. à‡a le faisait pleurer. à‡a me peinait de voir un homme aussi fort pleurer. Il avait commencé à  travailler à  11 ans, à  la mort de sa mère. Il avait falsifié ses papiers pour faire croire qu'il en avait 13. Le matin du 10 mars 1906, il avait été "farcé" [il n'avait pas réussi à  se lever pour aller travailler, ndlr]. Une voisine a tapé à  la vitre, il est arrivé juste à  temps pour descendre. Après, elle s'en est voulu de l'avoir réveillé. Quand il est remonté, ma grand-mère était déjà  en noir. Elle a été prévenue par quelqu'un qu'il était vivant, elle a été saisie. Elle ne l'a pas reconnu, noir, amaigri. De sa voix enrouée par les gaz, il lui a dit : "Va me faire un bifteck-frites." Il avait perdu son odorat. Il est retourné travailler ­ il a fait quarante-deux ans de mine, faut le faire ­, mais il s'arrêtait toujours le 10 mars, en souvenir.


«Pour le cinquantenaire, j'avais 10 ans. On est allé à  pied à  la fosse 3, j'avais un manteau neuf. Il y a eu une cérémonie sur un podium, une messe avec trois évêques et le préfet l'a décoré. Il n'a pas demandé la Légion d'honneur, il n'a fait que ce qu'il avait à  faire. Un ingénieur à  la retraite est venu de Paris dans une grande DS noire, avec son chauffeur avec la casquette, pour lui serrer la main. A son enterrement, il neigeait. Il y avait des kilomètres de gens. Quand ils ont abattu le chevalet de la fosse 3, maman a pleuré la première. Je ne pensais pas qu'ils le feraient. Tous ces chevalets autour de nous, on les voyait tout le temps tourner quand on pendait son linge. à‡a faisait émouvant, c'était le gagne-pain. Moi, je n'ai pas travaillé, à  part quatre mois dans un hôpital. à‡a ne se faisait pas trop, mon mari était maçon, on se contentait de peu. Aujourd'hui, ma fille a 35 ans, elle est intérimaire dans une usine de potages et de purée. Elle a son bac de secrétaire, pourtant, elle n'a rien trouvé d'autre.»
Bleuiste dans le fond
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10 mars 1906 : la tragédie de Courrières - par Andrew - Ven. 10 Mars 2006, 08:39
[Pas de titre] - par Superflux - Ven. 10 Mars 2006, 09:21
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[Pas de titre] - par legionnaire - Ven. 10 Mars 2006, 13:52



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