Ven. 10 Mars 2006, 09:26
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Lucette Dhé, 70 ans, femme au foyer. Petite-fille de Jules-Louis-Joseph Alluin, houilleur, mort à 35 ans dans la catastrophe.
«A quatre ans, mon père, à la mort du sien, a tout perdu. Il l'adorait. Mon grand-père lui rapportait du pain d'alouette, c'était le reste du pain du casse-croà»te du matin. Le jour de la catastrophe, il est resté au fond. Il a été retrouvé assez vite car il a été enterré le 13 mars. Ma grand-mère est restée dans sa maison, à Méricourt, avec ses deux fils. Elle était enceinte d'une fille. Elle s'est remariée avec son neveu, dont elle a eu trois enfants. Elle était obligée, sinon elle n'avait pas d'argent. Dans le coron, elles étaient toutes veuves ou remariées. De ça, mon père ne parlait pas. Le 10 mars, c'était sacré : mon père ne faisait rien. Il prenait congé aux mines et à la maison. Il lisait son journal, il était rêveur, c'était tout. Il travaillait au jour, il était électricien-téléphoniste. Il ne fallait pas lui parler du fond. Le 10 mars, j'irai à Liévin, je me suis inscrite. Ils veulent faire une scène avec la représentation des 1 099 morts de la catastrophe. Je vais en faire partie. Mon Dieu, ça va être... Mais je rendrai hommage à mon grand-père.»
Bleuiste dans le fond