Mar. 14 Juin 2005, 21:24
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Citation :ENTRETIEN
Sabine Barles, docteur en urbanisme (*)
Câbles, tuyaux Le Chaos...
Dans la capitale, on éventre la rue ou le trottoir 10 000 à 15 000 fois par an !
Le Nouvel Observateur Paris-Ile-de-France: - Vous parlez de « désordre » dans le sous-sol parisien...
Sabine Barles: - C'est effectivement le règne du chaos. La multiplication des réseaux (eau, égouts, électricité, gaz, chauffage urbain, téléphone, métro, RER, climatisation, câbles de télévision, etc.), les parkings, le centre commercial des Halles, le Grand Louvre n'ont cessé d'accroître la pression sur le sous-sol. La Ville de Paris a en effet autorisé tous ces concessionnaires à implanter leurs tuyaux les uns après les autres, mais sans la moindre planification. Du coup, à faible profondeur, il n'y a plus de place !
- Dangereux ?
- II y a risque quand une canalisation de chauffage urbain se trouve trop près d'un réseau d'eau potable. D'une part, l'eau du robinet peut devenir tiède. Mais surtout l'usager n'est pas à l'abri d'une prolifération bactérienne. Si, dans l'ensemble, les distances de sécurité entre les tuyaux sont respectées, les réseaux sont en revanche vieux et mal entretenus. Une fuite de gaz peut alors provoquer une explosion ou des émanations toxiques à la surface. D'autant que les souterrains sont largement méconnus. La Ville de Paris ne dispose pas de plan synthétique et les différents opérateurs n'ont que des plans très incomplets de leurs canalisations. Il arrive qu'EDF, dont le réseau a plus de 100 ans, découvre un câble qui passe quelque part et qu'elle ignorait complètement. Imaginez qu'une pelleteuse heurte violemment un câble à haute tension : le conducteur de l'engin peut recevoir une décharge mortelle !
- C'est inquiétant, non ?
- Ne dramatisons pas. Le plus souvent, il s'agit d'une canalisation qui ne se trouve pas à l'endroit indiqué sur le plan. Du coup, on va creuser une tranchée sous la rue et si, manque de chance, le tuyau est 50 centimètres plus loin, il va falloir élargir le trou, prolonger la durée des travaux et bloquer la circulation. Avec le risque d'endommager d'autres réseaux dont on ignorait la présence. La Ville de Paris fait un gros effort d'informatisation des plans, mais on ne peut informatiser que ce qu'on connaît.
- Les solutions pour maîtriser cet embouteillage en sous-sol ?
- Depuis les années 70, on parle beaucoup des « galeries techniques » ou de « galeries multiréseaux ». Au lieu d'éparpiller les tuyaux n'importe comment dans le sol, il s'agit de les regrouper dans un tunnel, suffisamment haut pour que des hommes puissent y descendre en cas de pépin. Ce qui permet une meilleure protection des réseaux, un meilleur suivi, un meilleur entretien, et donc une diminution de la gêne en surface. Il faut tout de même savoir qu'à Paris on éventre les rues ou les trottoirs 10 000 à 15 000 fois par an ! Ces galeries de service existent déjà dans les zones d'urbanisation nouvelle, comme à la Défense et dans la nouvelle ZAC Paris Rive gauche, autour de la Grande Bibliothèque. Mais dans le centre d'une ville ancienne comme Paris, on ne peut pas tout changer.
Propos recueillis par Lisa Vaturi
(*) Maître de conférences à l'Institut français d'urbanisme de l'Université de Paris-VIII, laboratoire Théorie des mutations urbaines.
Citation :Et pourtant on creuse encore
LA TOUR EIFFEL S'AGRANDIRA-T-ELLE EN SOUS-SOL ?
Une nouvelle structure souterraine avec boutiques, restaurants, salle de projection et parcs de stationnement est en discussion depuis une dizaine d'années. Avec la nomination de Jean-Bernard Bros, adjoint au nouveau maire de Paris chargé du tourisme, à la tête de la Société nouvelle d'exploitation de la tour Eiffel, le projet pourrait enfin voir le jour. L'espace pourrait s'étendre sur 3 à 5 niveaux, soit 30 000 à 50 000 m2 sous le monument, pour un coà»t d'environ 400 000 francs. Reste à attendre le feu vert de Bertrand Delanoà«.
LA TAUPE MàTàOR CONTINUE
La ligne 14 du métro va être prolongée au nord, de Madeleine jusqu'à Saint-Lazare (ouverture prévue en décembre 2003) : la nouvelle station est construite à 20 mètres de profondeur, sous les voies de la SNCF et les lignes 3, 12 et 13 du métro, mais au-dessus du RER E (Eole). La ligne devrait aussi être prolongée au sud, entre Bibliothèque-François-Mitterrand et la future station Olympiades (13e). Enfin, en 2002, la RATP lancera les travaux de prolongement de la ligne 13 vers le port de Gennevilliers. Et en 2003-2004, la liaison entre la porte de la Chapelle et la mairie d'Aubervilliers, sur ta ligne 12.
LE TRàS GRAND LOUVRE à â 3 MàTRES ET à â 6 MàTRES
Un circuit va regrouper, à partir de 2003, les oeuvres de l'Antiquité tardive du bassin méditerranéen. Auparavant disséminées dans les trois départements archéologiques du Musée du Louvre, ces nouvelles salles s'étendront sur 1 500 m2, dont la moitié sera creusée en sous-sol, sur deux niveaux (à â 3 et â 6 mètres).
UNE CENTRALE DE CLIMATISATION ENTERRàE
En bord de Seine, Climespace, producteur et distributeur de froid en réseau, mettra en service au printemps 2002 sa sixième usine parisienne. Elle sera enfouie sous la place du Canada (8e), sur 5 niveaux (à â 25 mètres).
CINQ PARKINGS SOUTERRAINS Leur construction est prévue dans la ZAC Paris-Rive gauche (13e), autour de la bibliothèque François-Mitterrand. Par ailleurs, certains réseaux (égouts, électricité, chauffage, téléphone, eau...) ont dà» être créés de toutes pièces puisque cette zone, occupée jusqu'à présent par des usines et des ateliers en grande partie désaffectés, n'était quasiment pas alimentée.
LE « PàRIPHàRIQUE » DE L'EAU
Un tunnel (5,2 kilomètres de long et 3 mètres de diamètre) est en cours de creusement de la porte de Versailles à la porte d'Auteuil. Enfoui entre 30 et 40 mètres de profondeur, il passe sous la Seine et reliera entre eux les réservoirs d'eau potable de Paris et de sa périphérie pour sécuriser l'approvisionnement de la capitale. Une première liaison a déjà été réalisée sur 1 000 mètres au nord-est de Paris, entre les portes de Ménilmontant et des Lilas.
Lisa Vaturi
Citation :Paris (7e) : éruptions rue de l'Université
Des détonations, le trottoir qui s'éventre, des geysers de vapeur qui jaillissent en pleine rue, des passants légèrement brà»lés, des voitures abîmées... Par deux fois en 2001, en février et pendant la nuit d'orage du 6 au 7 juillet, des canalisations de chauffage ont explosé et soufflé la chaussée rue de l'Université. Selon la Compagnie parisienne de Chauffage urbain (CPCU), le premier incident aurait été provoqué par un affaissement de terrain sous un de ses tuyaux, qui s'est courbé jusqu'à la rupture. Le second serait dà» à une infiltration d'eau, qui aurait provoqué un choc thermique au contact de la canalisation. La Ville de Paris réfute l'hypothèse d'une fuite dans le réseau d'égouts. Des expertises sont en cours. L. V.
-- h2o
Sauvez une hague, mangez un cataphile.
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