Sam. 22 Fév. 2003, 09:56
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La Tribune - édition électronique du 21/02/2003 à 8:04
Un tel chiffre aurait assurément fait rêver les créateurs de start-up de tout poil. Le nombre d'internautes en France décolle enfin, même si notre pays reste loin du peloton de tête européen.
Cela vaut surtout pour le symbole, mais qu'importe. Selon Médiamétrie, les internautes français seraient plus de 20 millions depuis janvier, soit 3 millions de plus en un an, dont près de 1,4 million nouveaux utilisateurs pour les seuls mois de décembre et janvier. Tels les chiffres de la téléphonie mobile à son heure de gloire, le taux de pénétration de l'Internet dans l'Hexagone est passé en un an de 33,5 à près de 40 %, soit deux Français sur cinq.
Comme le faisait remarquer cette semaine le Journal du Net, cette spectaculaire progression s'est traduit directement sur les audiences des sites web tout au long de l'année. Ainsi, MSN France, le portail de Microsoft revendique une hausse de 54 % de ses visiteurs uniques, de 60 % pour Hotmail. La Poste affiche pour sa part plus de 200 % de hausse. Et, preuve de l'accélération récente du processus, Aufeminin.com affiche une audience en hausse de 35 % entre décembre et janvier.
Tout devrait donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes Internet possible. Surtout si l'on ajoute que le haut-débit, bien qu'encore ultra minoritaire avec moins de 10 % des utilisateurs, a tout de même connu une croissance très significative en fin d'année. Enfin, le e-commerce ne s'est jamais aussi bien porté avec 3,2 millions d'acheteurs en décembre. Selon Mediamétrie, ce sont désormais un peu moins de la moitié des internautes qui auraient au moins une fois réalisé un achat sur la Toile.
Satisfecit, donc, pour les acteurs de l'Internet hexagonal, et en particulier les fournisseurs d'accès. Mais, en comparaison de certains de ses voisins, notre pays reste à la traîne. Selon une autre étude, réalisée par Nielsen sur des critères légèrement différents, pas moins de 7 millions d'Espagnols sont devenus internautes en 2002, portant leur nombre à 17 millions dans le pays, soit 54 % de la population âgé de plus de 16 ans. Grâce à ce bond remarquable, l'Espagne s'est hissé parmi les quatre plus grand pays du continent pour la connexion au web, rattrapant la France qui, au passage s'est aussi fait devancer par l'Italie. Leaders incontestés, la Suède (85 % d'internautes), les Pays-Bas (73 %), et l'Allemagne (63 %) paraissent intouchables pour un moment.
Les tares françaises sont connues, avec entre autres un marché du PC encore trop limité, des câblo-opérateurs fragiles et peu développés dans l'Internet, ainsi qu'une fracture numérique encore bien réelle. Car il manque à la France des leviers publics pour une politique volontariste de raccordement à la Toile en dehors des zones urbaines denses, tant pour les particuliers que les écoles.
En une semaine, deux initiatives ont soufflé une brise d'espoir. D'une part, l'annonce d'une coopération sous l'égide de l'Etat entre les grands groupes français du secteur des nouvelles technologies (dont Alcatel, France Télécom et Thomson) dans les services Internet; d'autre part, le lancement par La Poste d'une offre complète de fourniture d'accès à Internet. Mais, s'il faudra attendre sans doute de longs mois avant de juger si l'initiative des industriels sera autre chose qu'une gesticulation, l'émergence de La Poste comme FAI paraît davantage de nature à faire bouger les choses. Adossé à un exceptionnel réseau de distribution national, l'Internet pourrait bien aller là o๠aucun opérateur n'a été en mesure de le porter jusqu'à présent.
Olivier Nicolas
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