Ven. 20 Mai 2005, 20:59
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Citation :Le cri d'alarme du maire de Pontoise
En décembre 1992, une vingtaine d'habitants de la rue Lemercier, située à Pontoise (Val-d'Oise), doivent quitter précipitamment leurs logements, menacés d'effondrement. Parmi eux, Valérie, qui ignorait jusque-là l'existence de risques concernant le sous-sol de l'immeuble o๠elle demeurait. Ils n'étaient d'ailleurs répertoriés sur aucune carte. Malgré cette expérience, la jeune femme est toujours pontoisienne, même si elle a déménagé. «Les sous-sols ne me font pas peur, assure-t-elle. Ici, de toute façon, les gens vous disent que le problème existe depuis mille ans, alors... » Prudente, elle a tout de même de-mandé, avant d'emménager dans son nouveau logement, l'état de son sous-sol. A eux seuls, les sous-sols de Pontoise pourraient illustrer un catalogue exhaustif des vides souterrains. De l'extraction du calcaire, qui remonte au Moyen àge, subsiste un enchevêtrement compliqué de cavités, de galeries et de puits. Les caves sont venues se superposer sur ce réseau. On peut aujourd'hui trouver jusqu'à quatre niveaux de souterrains dans le centre ancien, et il n'est pas rare qu'un propriétaire ne puisse accéder à une partie de son propre sous-sol --- dont la loi le rend responsable â parce que l'entrée se trouve sous une maison voisine.
Un millier de cavités
Certaines cavités sont connues et reçoivent régulièrement la visite des pompiers du GRIMP (groupement de recherche et d'intervention en milieu périlleux), des services techniques de la ville et de l'inspection générale des carrières. Mais nul ne possède à ce jour une cartographie précise et exhaustive du sous-sol sur lequel repose la ville, et l'on estime que seulement un tiers de l'ensemble (il y aurait un millier de cavités) est réellement connu. Dans quel état se trouve le reste ? On sait que sans aération, sans un minimum d'entre-tien et d'attention, les cavités se détériorent. On sait également qu'une partie non négligeable des niveaux inférieurs a été, et est encore, utilisée comme fosse de déversement des eaux usées qui rongent la pierre. Tout cela s'est trouvé confirmé par les résultats d'une première enquête menée sur un petit îlot du centre-ville (1100 m2). Elle a en effet mis au jour des niveaux effondrés, des voà»tes affaissées, des piliers éclatés, des fontis et autres désordres concernant tant le domine public que le domaine privé. Il faudrait, pour les traiter, investir au bas mot dix millions de francs. « Ni la ville (NDLR: sérieusement endettée) ni les habitants ne pourront, seuls, faire face à un problème d'une telle am-pleur », souligne le maire, Jean-Michel Rollot, qui vient, dans une lettre adressée à Alain Juppé, d'en appeler à la solidarité nationale.
La ville, qui a mis au point cette année un dispositif de mutualisation lui permettant d'avancer le montant des travaux pour le compte des
propriétaires concernés, devrait créer début octobre une agence pour la prévention des risques souterrains, financée par les collectivités locales. Convaincue que la prévention est le meilleur outil dont elle dispose, elle avait par ailleurs inscrit six millions de francs à son budget pour poursuivre ses investigations dans les sous-sols. Les deux tiers de cette somme ont dà» être consacrés aux traitements d'urgence : le confortement, cet été, des caves de quatre immeubles de la place du Grand-Martroy, et les interventions menées rue de la Coutellerie, o๠trois immeubles qui menaçent de s'effondrer ont été évacués début aoà»t.
Martine PESEZ
-- h2o
Sauvez une hague, mangez un cataphile.
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